La chronique des arts et de la curiosité (1911)

1G2

LA CHRONIQUE DES ARTS

Ghetto à Rome, est une variante du tabieau
du même sujet se trouvant au Louvre. Ce
tableau, qui aurait fait partie de la collection
royale avant la Révolution, est aux Etats-
Unis depuis 1830.

*** Le Musée national de Budapest vient
d'acquérir en Allemagne, pour sa collection
Liszt, la partition originale de la Faust-Sym-
phonie. Ce précieux manuscrit porte une note
indiquant que le compositeur a terminé l'ins-
trumentation de son œuvre le 19 octobre
1854. Il est accompagné d'une réduction pour
piano écrite aussi de la main de Liszt.

Les Récompenses du Salon

Le comité de la Société des Artistes français,
dans sa séance du 22 mai, a attribué les prix
suivants :

Prix Maguelonne Lefebvre-Glaize : à MUe La-
batut (Suzanne-Marie-Carmen).

Prix Théodore Ralli : à M. Poughéon (Robert-
Eugène).

Prix Valérie Havard : à Mlle Coignet ^Marie).

PETITES EXPOSITIONS

Exposition Maurice Denis
(Galerie Druet)

Le fond de cette exposition est formé de 69 peti-
tes gouaches peintes par M. Maurice Denis pour les
Fioretti de saint François, traduits par M. A. Pératé.
Elles sont charmantes de composition et de senti-
ment. On y a joint d'autres gouaches de grandes
dimensions ; quatre d'entre elles, sur le mur de
droite, représentent, dans ce pays idéal où M.
Denis a suivi l'Angelico, des figures inno-
centes occupées à des concerts. Celui des pan-
neaux qu'occupent des joueurs de harpe est parti-
culièrement exquis. Il y a encore des cartons de
vitraux, où M. Denis excelle. De grands dessins à
la sanguine représentent des groupes d'anges. Ils
sont la partie la plus pure et la plus parfaite de
l'œuvre du peintre. Les uns jettent des fleurs, les
autres chantent, et ce groupe a la candeur, la
sincérité, la vie recueillie d'une œuvre italienne.

Exposition Bugatti
(Galerie Hébrard)

L'exposition de M. Bugatti est tout à fait inté-
ressante. Ce sont des figures d'animaux très pous-
sées dans le caractère. Voyez, par exemple, ces
vieux chevaux à la tête énorme, au sabot avachi,
aux hanches creuses; voyez cette magnifique statue
de léopard, si droit sur l'avant-main, le ventre
mollement suspendu, l'échiné dure, étroite et ner-
veuse. Un puma exagère encore ces caractères du
félin ; l'auteur a exprimé avec un rare bonheur la
mollesse du mouvement et la souplesse des pattes,
qu'il a alourdies et comme gainées. Un ours, un
éléphant qui marche, un buffle, ne sont pas moins
heureux. Entre les figures humaines, une statue
de maigre adolescente, debout,, est faite dans le
même sentiment de déformation caractéristique;
pareillement un homme nu. Ce sont de3 œuvres,
si l'on peut dire, très pittoresques.

Exposition Jean Julien
(Galerie Boutet de Monvel)

Il y a dans l'exposition de ce jeune peintre de
belles qualités de couleur ; les meilleures de ses
études ou de ses tableaux (qui ne font guère qu'a-
grandir ses études) sont des aspects de la Médi-
terranée. Deux grandes toiles, l'une du château
d'If, l'autre de Malmousque, sont vraiment
excellentes. Il est impossible de rendre avec plus
do vérité, avec une plus réelle exactitude de ma-
tière la vague savonneuse qui blanchit sur les
rochers. Les petites études intitulées Coup de
mistral et Malmousque ne sont pas moins bien
venues. Il y a là ce quelque chose do plus que la
chose peinte, qui est la nature même, et où l'on
reconnaît un peintre.

Exposition Yillard
(Galerie Le Chevallier)

Peinture creuse, peinture sans tons et sans con-
sistance. Les meilleurs morceaux sont ceux où le
motif même a pallié ce défaut : telle est la vue des
toits du vieux Lyon sous la neige; tel est aussi le
vieux Saint-Vincent à Mâcon avec ses tours dorées
et son premier plan d'ombre sur son ciel bleu et
blanc. Il y a d'intéressants essais de perspectives
de rues, et des natures mortes qui ne sont pas
sans mérite : telle est celle qui représente des
bananes, malgré son horrible fond vert bouché.

Henry Bidou.
Académie des Beaux-Arts

Séance du 20 mai

Election. — Il a été procédé à l'élection d'un
membre titulaire de la section de gravure en rem-
placement de M. JRoty, décédé le 23 mars 1911.

Cette élection a donné lieu à deux tours de
scrutin, auxquels ont pris part 34 votants. Au
second tour, M. Laguillermie a été élu par 19 voix,
contre 3 à M. Patey, 3 à M. Buland, l à M. Yen-
cesse, 2 à M. J. Jacquet, 1 à M. Boutelié, 5 à M.
Forain.

Le nouvel élu, M. Auguste-Félix Laguillermie,
est né à Paris le 27 mars 1841. Il a obtenu le grand
prix de Rome (gravure) en 1866 et est l'auteur de
nombreux travaux parmi lesquels nous citerons ;
la Mort de saint André d'après Ribera ; le Por-
trait de M. Grôvy d'après Bonnat, etc.

Prix. — L'Académie a partagé le prix Trémont
(peinture et sculpture), de la valeur de 1.000 fr.,
entre M. Moncassin, sculpteur, et M. Prat,
peintre.

Concours de Rome. — La cantate imposée pour
le concours du grand prix de Rome (composition
musicale) a pour titre Yanitza et pour auteur
M. Georges Spitzmuller.

Académie des Inscriptions

Séance du 19 mai

Contre le prolongement de la rue de Rennes.
— La Société historique du 6e arrondissement
adresse à l'Académie sa protestation contre le