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La chronique des arts et de la curiosité — 1911

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Nr. 27 (12 Août)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19768#0222
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212

LA CHRONIQUE DES ARTS

Société de l'Histoire de l'Art français

Séance du 12. mai

Sont élus, pour le renouvellement partiel du
Comité directeur : MM. Jean Gaiffrey, P.-A. Le-
moisne, H. Lemonnier, L. Metman, Ëatouis de
Limay et P. Vitry.

M. H. Stein, en présentant le contrat de mariage
du sculpteur Clodion avec la fille de Pajou, fait un
tableau des infortunes conjugales du mari, qui
d'ailleurs ne se piquait pas d'être un époux fidèle;
il sait Mme Clodion. divorcée deux fois, jusqu'à sa
mort (1841) et rectifie la tradition sur remplace-
ment de la maison qu'habita Clodion, rue de la
Chaussée-d'Antin.

M. A. Tuetey retrace, d'après des documents
inédits, l'histoire do l'émigration de Mme Vigée-
Lebrun. Il fait connaître les innombrables démar-
ches qui aboutirent seulement le 5 juin 1800 à la
rentrée en France de l'émigrée. Entre autres cu-
rieuses pièces du dossier de cette interminable
procédure, il donne lecture d'une lettre de Mrae
Tallien et d'une pétition rédigée en faveur de Mme
Lebrun par 255 artistes de ce temps.

M. G. Brière discute l'attribution à Houdon d'un
buste de Voltaire conservé au musée de Dunker-
que. Ce buste, qui est, en réalité, de Poncet, a le
grand intérêt d'avoir été fait sur le vif.

Séance du 2 juin

M. Léon Cahen communique plusieurs docu-
ments inédits sur J.-B. Pigalle, tirés du fonds du
séquestre. Un contrat notarié, passé le 1er juillet
1771, entre la comtesse d'IIarcourt, veuve du
comte d'IIarcourt, lieutenant-général des armées
du Roi et J.-B. Pigalle, stipule, avec une grande
précision de détails, dans quelles conditions Pigalle
devra exécuter, « dans le côté gauche de la cha-
pelle de la maison d'IIarcourt sise dans l'église
métropolitaine de Paris », le mausolée du comte
d'Harcourt, « dont le sujet sera la Réunion conju-
gale » et pour lequel il lui sera payé, à différentes
échéances, la somme de 60.000 livres.

M. J.-J. Marquet de Vasselot fait une com-
mun ical ion sur la vaisselle d'argent de l'Ordre du
Saint-Esprit ; il établit — d'après les poinçons
dont elles sont munies — que les pièces du Louvre
ont été exécutées à Paris, entre 1579 et 1585, par
plusieurs orfèvres différents.

« Pedigree » d'un Holbein

Il s'agit du très beau et très authentique Por-
trait de Georg Gisze qui est au musée de Berlin
(n° 586). Le catalogue, publié par M. Bodcenl898,
ne donne pas d'autre renseignement sur l'origine
de ce tableau que : « Collection Solly, 1821 ».

Or, au cours de recherches relatives à la Galerie
du Régent, j'ai eu le bonheur de trouver une des-
cription do ce chef-d'œuvre dans un volume de
1727 : « Peint sur bois, haut de trois pieds, large
de deux pieds huit pouces [Le catalogue de Bodc
donne: h. 0 96, br. 0 84]. Demi-figure. C'est un
négociant qui est à son bureau. Il a une espèce de

toque, et par-dessus son habit qui est rouge une
robe noire à manches pendantes ouvertes d'où sor-
tent les bras. On voit sur la table une fiole avec
de l'eau et des fleurs dedans. Le fond du tableau
représente un cabinet rempli de tout ce qui sert
à un négociant : sur la porte de son armoire, on
lit ce distique, sine mœrore voluptas (1), et 'au-
dessus, G. Gissé. Il vivait en 1512 (2) comme
il paraît dans une inscription qui est au haut du
portrait. »

Cette notice se trouve dans : Description des
tableaux du Palais-Royal (2« édition, in-12 Paris
1727, <P. 285 .

Le portrait de Gisze a donc appartenu au Régent
c'est là un fait indéniable. Où le prince s'était-il
procuré ce tableau? Aucun document ne nous fixe
à cet égard. On peut supposer que les « rabat-
teurs » du duc d Orléans, qui voyageaient en Alle-
magne et surtout en Hollande, ont découvert ce
portrait dans quelque collection privée ou môme
chez un brocanteur. Les Holbein, alors, n'avaient
pas une grande valeur marchande et l'effigie de
Gisze n'a pas dû être payée un prix très fort. Nous
en avons la preuve dans l'inventaire après décès
du duc d'Orléans, petit-fils du Régent, mort en
1785 ; le tableau n'est estimé à cette époque que
150 livres! (Archives Nationales Xia 9181.)

Il figure dans un autre document (mais sans
estimation) : Etat général des tableaux apparte-
nant à S. A. R. Mgr le duc d'Orléans, dressé au
mois de mars 1788 (Bibliothèque Nationale, ms.
fr. 14845).

Enfin, on le voit mentionné dans un catalogue
anglais : The Orléans Gallery nom exhibiting at
the great Room late the Royal Academy... April
1793. C'est le n° 104, avec, dans l'exemplaire du
British Muséum, cotte note manuscrite : « fine ».

Le célèbre Dr Waagen, qui s'intéressait beau-
coup à la collection d'Orléans, a publié aussi un
catalogue de cette galerie d'après une source que
malheureusement il ne cite pas. Ce catalogue se
trouve clans le second volume de Kunstwerke und
Kilnstler in England, et au paragraphe impor-
tant pour nous voici ce que nous lisons à notre
extrême surprise : « Holbein (Hans). Portrait de
Gysset (?) 60 gns ».

Le point d'interrogation est du docteur germa-
nique. Or, ce prédécesseur de M. Bode ignorait qu'il
existait, en 1835, dans les collections dont il avait
la garde, cette œuvre capitale du peintre bâlois,
achetée depuis 1821 ! Un renseignement toutefois
nous est fourni par Waagen : c'est le prix de 60'
guinées (1.575 fr.) qui fut donné par l'acquéreur
inconnu, peut-être Solly lui-même, lors de la vente
faite à Londres en cette année 1793.

Comme circonstance atténuante, on peut dire
que les chercheurs se contentent la plupart du
temps de se reporter à l'ouvrage bien connu :
Galerie du Palais-Royal, édité sous la direction
de Couché (3 in-fol., 1786-1806), renfermant 355 es-
tampes, et que le Holbein n'a pas été, heureusement
pour lui, gravé par les piètres burinistes charges

de cet ouvrage.

Je serais reconnaissant aux lecteurs de la Ga-
zette de bien vouloir me signaler les tableaux de
la Galerie du Régent qu'ils pourraient connaître,

(1) L'inscription porte : « Kulla sine merore
voluptas ».

(2) On lit plutôt 153t.
 
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