ET DE LA CURIOSITÉ
255
NÉCROLOGIE
M. Constant Moyaux, architecte, membre de
l'Institut, est mort le 11 octobre à Paris. Il était
né en 1835 à Anzin (Nord) et était entré très jeune
à l'Ecole des Beaux-Arts. A vingt-six ans, il rem-
portait le grand prix de Rome d'architecture. A
Rome, il avait fait de très sérieuses études sur
l'architecture grecque et romaine, et en Grèce des
travaux remarqués sur l'Acropole. Puis il étudia
les monuments de Naples, de Pompéi, de Venise
et de Sicile, dont il donna des restitutions savan-
tes. Comme professionnel, il construisit l'Observa-
toire de Moudon, le tombeau de Léon Cogniet au
Père-Lachaise, et, rue Cambon, le nouveau palais
de la Cour des Comptes. Il était inspecteur général
des bâtiments civils. Prix de Rome en 1861, il
avait obtenu une médaille au Salon de 1869 et fut
hors concours à l'Exposition Universelle de 1889 ;
il fut décoré en 1879 et promu officier en 1893. Il
entra en 1908 à l'Académie des Beaux-Arts en
remplacement de Charles Garnier, l'architecte de
l'Opéra.
Le peintre Eugène-Henri Cauchois, né à
Rouen en 1852, est décédé à Paris le 11 octobre. Il
avait été élève de Duboc, de Gabanel et de Quost.
Il débuta au Salon en 1874 et exposa régulière-
ment depuis. Peintre de fleurs, il excellait à
peindre ses motifs dans leur milieu naturel ; ses
tableaux montraient presque ton jours des coins de
jardins et de parterres où les fleurs étaient enca-
drées de jolis coins de nature. Il s'était adonné à
la peinture décorative dans ces dernières années
avec succès et a exécuté, entre autres, pour une
école de filles du VIIe arrondissement, un ingénieux
ensemble de panneaux de fleurs aux différentes
saisons de l'année. Il avait obtenu une mention
honorable en 1891; une médaille de 3e classe
en 1898; une médaille cle bronze à l'Exposition
Universelle de 1900, et une médaille de 2e classe
en 1904. Les musées de sa ville natale, de Châtelle-
rault et de Rio de Janeiro possèdent de ses œuvres.
Le 6 octobre est mort à Gormeilles (Eure),
M. Charles Malherbe, archiviste de l'Opéra, à
qui son érudition et son talent avaient donné une
grande notoriété dans les milieux artistiques.
Il était né en 1863, à Paris. En 1896, il succéda
â la Bibliothèque de l'Opéra à Charles Nuitter, et
les collections de notre Académie nationale de mu-
sique s'enrichirent, grâce à lui, de nouveaux ma-
nuscrits ou pièces rares : portraits, bustes, affi-
ches, projets de décors, maquettes des anciennes
salles occupées par l'Académie nationale de musi-
que. Il avait lui-même consacré de longues années
à réunir une collection de partitions autographes
qu'on peut dire unique ; on y rencontre des ma-
nuscrits parfois d'oeuvres entières des plus grands
compositeurs et de toutes les époques : par exemple
le manuscrit de la Symphonie fantastique de
Berlioz, une partie du final de la Neuvième Sym-
phonie, etc.
Charles Malherbe était aussi un musicien dé-
licat ; ses compositions, que le grand public
ignore, sont fort intéressantes. Enfin, dans des re-
vues et des journaux, il a publié maints articles et
études sur des sujets musicaux et depuis de nom-
breuses années il rédigeait les notices critiques
accompagnant les programmes des Concerts Co-
lonne. Tout récemment, il faisait paraître une
notice sur Auber, et il préparait un ouvrage sur
AVeber quand la mort est venue interrompre sa
tâche.
L'architecte et professeur Johannes Otzen est
mort à Berlin le 8 juin dernier. Né le 8 octobre
18S9 à Siesebye (Schleswig), il fut élève à Hanovre
de Hase, et les leçons de ce dernier en môme temps
que l'étude du gothique français et de Viollet-le-
Duc lui inspirèrent une prédilection pour le style
du Moyen âge. Il la manifesta dans les nombreu-
ses églises protestantes qu'il construisit et parmi
lesquelles il faut citer: la Bergkircbeà Wiesbaden,
l'église Saint-Jean et l'église Saint-Pierre àAltona,
l'église Saint-Jacques à Kiel, l'église Sainte-Ger-
trude à Hambourg, les églises de la Sainte-Croix,
de Luther et de l'hôpital Elisabeth à Berlin, etc.
Il avait été architecte de l'Etat ducal à Schleswig
de 1867 à 1870, ensuite s'était fixé à Berlin où il avait
été nommé professeur à la Haute école technique,
puis, en 1885, professeur à l'Académie, dont il fut
président de 1904 à 1907. Il a écrit plusieurs livres:
L'Architecture du Moyen âge (1879-1883, 3 vol.),
Documents d'architecture gothique, etc.
Le 13 juin est mort à Leipzig le dessinateur
Fedor Flinzer. Né à Reichenbach (Voigtland), le
4 avril 1832, il fut élève de l'Académie de Dresde.
Il avait acquis une grande célébrité comme illus-
trateur de contes pour enfants : La Guerre des
grenouilles et des rats, Le Roi Noble, etc.
Le mois dernier est mort à Stockholm, à l'âge
de cinquante-huit ans, le peintre suédois Johan
Tirén, qui se consacra spécialement à la représen-
tation fidèle de la Laponie et de ses habitants.
Le 11 septembre est mort à Stuttgart, où il
était né le 9 juin 1858, l'architecte et profes-
seur Otto Rieth. Il représenta dans l'architecture
allemande la tendance intermédiaire entre l'art de
Wallot, l'auteur du Parlement de Berlin, qui fut
son maître, et la jeune école actuelle. Parti, comme
Wallot, du culte de la Renaissance, il chercha
les effets de puissance et de grandeur, mais par-
fois en les outrant (par exemple dans le palais
Staudt, à Berlin). Il a donné surtout le meilleur
de lui-même dans des esquisses et fantaisies des-
sinées, riches d'idées et de formes, où s'exprime
ce sens du monumental.
Le 29 septembre est mort également à Stuttgart,
à l'âge de trente-trois ans, le peintre Hans
Brùhïmann. Il était né à Amriswil, en Thur-
govie, le 25 février 1878, avait étudié à Zurich,
puis à Stuttgart, avait ensuite complété sa forma-
tion par un voyage en Italie, puis à Paris, où il
subit l'influence" de la jeune école et de Cézanne.
Il décora de fresques pleines de grandeur et de
dons personnels la salle de musique des Pfullin-
ger Hallen à Stuttgart, la Loggia du nouveau
musée de Zurich, peignit des tableaux de fleurs
et des paysages dont on vanta grandement les
qualités de conception et de technique.
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NÉCROLOGIE
M. Constant Moyaux, architecte, membre de
l'Institut, est mort le 11 octobre à Paris. Il était
né en 1835 à Anzin (Nord) et était entré très jeune
à l'Ecole des Beaux-Arts. A vingt-six ans, il rem-
portait le grand prix de Rome d'architecture. A
Rome, il avait fait de très sérieuses études sur
l'architecture grecque et romaine, et en Grèce des
travaux remarqués sur l'Acropole. Puis il étudia
les monuments de Naples, de Pompéi, de Venise
et de Sicile, dont il donna des restitutions savan-
tes. Comme professionnel, il construisit l'Observa-
toire de Moudon, le tombeau de Léon Cogniet au
Père-Lachaise, et, rue Cambon, le nouveau palais
de la Cour des Comptes. Il était inspecteur général
des bâtiments civils. Prix de Rome en 1861, il
avait obtenu une médaille au Salon de 1869 et fut
hors concours à l'Exposition Universelle de 1889 ;
il fut décoré en 1879 et promu officier en 1893. Il
entra en 1908 à l'Académie des Beaux-Arts en
remplacement de Charles Garnier, l'architecte de
l'Opéra.
Le peintre Eugène-Henri Cauchois, né à
Rouen en 1852, est décédé à Paris le 11 octobre. Il
avait été élève de Duboc, de Gabanel et de Quost.
Il débuta au Salon en 1874 et exposa régulière-
ment depuis. Peintre de fleurs, il excellait à
peindre ses motifs dans leur milieu naturel ; ses
tableaux montraient presque ton jours des coins de
jardins et de parterres où les fleurs étaient enca-
drées de jolis coins de nature. Il s'était adonné à
la peinture décorative dans ces dernières années
avec succès et a exécuté, entre autres, pour une
école de filles du VIIe arrondissement, un ingénieux
ensemble de panneaux de fleurs aux différentes
saisons de l'année. Il avait obtenu une mention
honorable en 1891; une médaille de 3e classe
en 1898; une médaille cle bronze à l'Exposition
Universelle de 1900, et une médaille de 2e classe
en 1904. Les musées de sa ville natale, de Châtelle-
rault et de Rio de Janeiro possèdent de ses œuvres.
Le 6 octobre est mort à Gormeilles (Eure),
M. Charles Malherbe, archiviste de l'Opéra, à
qui son érudition et son talent avaient donné une
grande notoriété dans les milieux artistiques.
Il était né en 1863, à Paris. En 1896, il succéda
â la Bibliothèque de l'Opéra à Charles Nuitter, et
les collections de notre Académie nationale de mu-
sique s'enrichirent, grâce à lui, de nouveaux ma-
nuscrits ou pièces rares : portraits, bustes, affi-
ches, projets de décors, maquettes des anciennes
salles occupées par l'Académie nationale de musi-
que. Il avait lui-même consacré de longues années
à réunir une collection de partitions autographes
qu'on peut dire unique ; on y rencontre des ma-
nuscrits parfois d'oeuvres entières des plus grands
compositeurs et de toutes les époques : par exemple
le manuscrit de la Symphonie fantastique de
Berlioz, une partie du final de la Neuvième Sym-
phonie, etc.
Charles Malherbe était aussi un musicien dé-
licat ; ses compositions, que le grand public
ignore, sont fort intéressantes. Enfin, dans des re-
vues et des journaux, il a publié maints articles et
études sur des sujets musicaux et depuis de nom-
breuses années il rédigeait les notices critiques
accompagnant les programmes des Concerts Co-
lonne. Tout récemment, il faisait paraître une
notice sur Auber, et il préparait un ouvrage sur
AVeber quand la mort est venue interrompre sa
tâche.
L'architecte et professeur Johannes Otzen est
mort à Berlin le 8 juin dernier. Né le 8 octobre
18S9 à Siesebye (Schleswig), il fut élève à Hanovre
de Hase, et les leçons de ce dernier en môme temps
que l'étude du gothique français et de Viollet-le-
Duc lui inspirèrent une prédilection pour le style
du Moyen âge. Il la manifesta dans les nombreu-
ses églises protestantes qu'il construisit et parmi
lesquelles il faut citer: la Bergkircbeà Wiesbaden,
l'église Saint-Jean et l'église Saint-Pierre àAltona,
l'église Saint-Jacques à Kiel, l'église Sainte-Ger-
trude à Hambourg, les églises de la Sainte-Croix,
de Luther et de l'hôpital Elisabeth à Berlin, etc.
Il avait été architecte de l'Etat ducal à Schleswig
de 1867 à 1870, ensuite s'était fixé à Berlin où il avait
été nommé professeur à la Haute école technique,
puis, en 1885, professeur à l'Académie, dont il fut
président de 1904 à 1907. Il a écrit plusieurs livres:
L'Architecture du Moyen âge (1879-1883, 3 vol.),
Documents d'architecture gothique, etc.
Le 13 juin est mort à Leipzig le dessinateur
Fedor Flinzer. Né à Reichenbach (Voigtland), le
4 avril 1832, il fut élève de l'Académie de Dresde.
Il avait acquis une grande célébrité comme illus-
trateur de contes pour enfants : La Guerre des
grenouilles et des rats, Le Roi Noble, etc.
Le mois dernier est mort à Stockholm, à l'âge
de cinquante-huit ans, le peintre suédois Johan
Tirén, qui se consacra spécialement à la représen-
tation fidèle de la Laponie et de ses habitants.
Le 11 septembre est mort à Stuttgart, où il
était né le 9 juin 1858, l'architecte et profes-
seur Otto Rieth. Il représenta dans l'architecture
allemande la tendance intermédiaire entre l'art de
Wallot, l'auteur du Parlement de Berlin, qui fut
son maître, et la jeune école actuelle. Parti, comme
Wallot, du culte de la Renaissance, il chercha
les effets de puissance et de grandeur, mais par-
fois en les outrant (par exemple dans le palais
Staudt, à Berlin). Il a donné surtout le meilleur
de lui-même dans des esquisses et fantaisies des-
sinées, riches d'idées et de formes, où s'exprime
ce sens du monumental.
Le 29 septembre est mort également à Stuttgart,
à l'âge de trente-trois ans, le peintre Hans
Brùhïmann. Il était né à Amriswil, en Thur-
govie, le 25 février 1878, avait étudié à Zurich,
puis à Stuttgart, avait ensuite complété sa forma-
tion par un voyage en Italie, puis à Paris, où il
subit l'influence" de la jeune école et de Cézanne.
Il décora de fresques pleines de grandeur et de
dons personnels la salle de musique des Pfullin-
ger Hallen à Stuttgart, la Loggia du nouveau
musée de Zurich, peignit des tableaux de fleurs
et des paysages dont on vanta grandement les
qualités de conception et de technique.