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LA CHRONIQUE DES ARTS
opération soit très élégante et respectueuse, cela
est douteux. Quant à la légitimité des droits ainsi
invoqués et utilisés et de ceux que l'administration
municipale semble vouloir maintenant leur oppo-
ser, ce sont les tribunaux qui apprécieront puis-
qu'il paraît qu'un procès doit être engagé.
« Ce que je voulais établir, c'est que la ville
de Lyon n'avait pas eu à se repentir d'une « com-
plaisance » excessive envers les organisateurs de
l'exposition Chinard, que le3 objets gracieusement
prêtés par elle et tirés de ses collections publiques
avaient repris leur place légitime, et que,pour ce qui
est de la statue funéraire exposée tardivement par
la famille, la seule question qui se pose est celle
du droit que pouvait avoir cette famille d'en dis-
poser à sa guise.
« Croyez, je vous prie, mon cher directeur, à
l'assurance de mes sentiments très cordialement
dévoués.
P. Vitry. »
PETITES EXPOSITIONS
Exposition de la « Société normande
de peinture moderne »
(3, rue Tronchet)
De juvéniles audaces se donnèrent rendez-vous
ici, artistes épris d'une synthèse poursuivie par
quelques-uns dans la richesse et la violence des
contrastes, par d'autres — les plus nombreux, sur
qui plane le souvenir protecteur de Cézanne, —
par une intensité sobre des coloris et une stylisa,
tion qui va jusqu'au « cubisme ». Des figures de M.
Ribemont-Dessaigncs, des paysages vibrants, larges
et lumineux, voisinent avec les notes d'Italie que
M. Girieud a présentées déjà au Salon d'Automne,
et avec un coin de campagne solitaire où M. de Se-
gonzac célèbre, recueilli, la puissante majesté
des grands arbres. M. Alfred Lombard affirme
d'admirables qualités do délicatesse subtile; avec
des moyens, très simples, presque de simples frot-
tis, il divulgue la limpidité transparente d'un lac,
étreint un peu du fugitif spectacle que l'eau garde
entre ses rives. Les paysages de neige de M. Tic-
vert sont vigoureux et inquiets. Le village campa-
gnard que M. J.-H. Marchand gîte parmi la ver-
dure foncée des arbres est riche de plénitude, et
les hautes maisons ensoleillées dont M. L.-M.
Yerdilhan montre la face lépreuse ne manquent
pas d'un certain charme décoratif.
Un torse de femme peint par M. Jean-Louis
Boussingault, sobrement expressif dans le repos
mélancolique de son attitude, est, avec la noble
peinture de M. Albert Moreau,le plus beau nu de
ce Salonnet épris de nouveauté où l'on rencontre
encore quelques figures de M1,e Marie Lauroncin,
d'un maniérisme délicieux, un joli portrait de fil-
lette dû à M. André Mare, de beaux paysages de
MM. Robert Pinchon, Henri de Saint-Delis et Al-
cide Le Beau, une somptueuse nature morte de
M. Lhôte, et des verreries émaillécs par M. Ma-
rinot.
Exposition d'Art appliqué et d'Art précieux
(Galerie Devambez)
Les formes les plus diverses de l'art appliqué
sont un instant groupées ici : meubles de M. P.
Follot, tapisseries de M'"» Maillaud côtoient les
plaquettes de MM. Yencesse et Edouard Monod,
les bijoux de Mra«* Cazin et René-Jean, les den-
telles de M. Mezzara. M11' Germain montre une
fois encore quel est son goût dans le travail du
cuir lamé d'argent ; Mlle de Felice poursuit ses dé-
licates recherches de formes et de colorations ; un
vase do cuivre de M. Jean Dunand, décoré de
branches de buis, appelle le mot de chef-d'œuvre.
Les bijoux de M. Rivaud gardent leur solide et
impeccable technique ; ceux de M. Follot valent
surtout par la beauté des pierres qu'ils enserrent
et ceux de M. Braadt par la sobriété et la logique
de leurs lignes. M. Bastard continue à ciseler la
nacre, MUe Bernouard à revêtir de fleurs sobre-
ment somptueuses la surface des coussins, M. Le
Bourgeois à tailler avec maîtrise dans le buis
l'image de petits animaux, et Mme J. Bardey à tra-
cer avec précision et sûreté les figures de ses
modèles.
Exposition d'Art décoratif
(Galerie Rcitlinger)
Quelques-uns dos artistes cités plus haut ont
aussi des œuvres dans cette nouvelle exposition à
côté des délicates pâtes de verre de M. Dammouse,
de grès de M. Decœur, des broderies de Mme No
et des statuettes nerveuses et souples de M. Henry
Bouchard.
Exposition d'œuvres de quelques artistes
(Galerie Moleux)
Ils sont peu et ils montrent peu de chose. Après
les pittoresques impressions de voyage de M. Mar-
cel Fournier, les notes probes et sincères de
M. Gabriel Roby, que citer? Peut-être les mélan-
coliques clairs de lune de M. Sternberg-Davids et
les jardins de M. Raymond Charmaison, composés,
ordonnés, râtissés, selon toutes les bonnes règles.
« Société artistique de la gravure sur rois »
(Cercle de la Librairie)
On ne peut qu'applaudir au but de cette Société
qui veut rénover la gravure sur bois et provoquer
son emploi plus fréquent dans l'illustration du
livre. Il est regrettable que les œuvres qu'elle
groupe à sa première exposition ne dénotent pas
un choix heureux ni un goût très éclairé. Après
M. Pierre-Marie Vibert, toujours sobre et vigou-
reux dans ses beaux camaïeux, on ne voit guère
quel graveur original on pourrait mentionner.
Parmi les interprètes, M. Auguste Mathieu a eu
le bon esprit de s'essayer à rendre la force con-
centrée des portraits d'Eugène Carrière, M. G-
Lemoine confesse un joli sentiment rustique, M.
Ed. Duplessis suit agréablement les traces de Da-
niel Vierge, et M. Ernest Florian fait montre
d'une véritable maîtrise technique.
Exposition Metiiev
(Galerie Hébrard)
M. Methey est, parmi les potiers contemporains,
le plus coloriste, le plus riche et le plus varié.
S'il a interrogé les céramistes de l'Islam, il ne leur
a demandé conseil que pour le rythme et l'har-
monie de ses décorations et, après s'en être ins-
piré dans la forme et l'ornement de quelques vases,
il n'a bientôt regardé leurs produits qu'avec 1 at-
tendrissement dû aux œuvres de jadis, toujours
belles et émouvantes.
Aux flancs des vases, sur la surface des plats,
M, Methey pose une décoration somptueuse : en-
LA CHRONIQUE DES ARTS
opération soit très élégante et respectueuse, cela
est douteux. Quant à la légitimité des droits ainsi
invoqués et utilisés et de ceux que l'administration
municipale semble vouloir maintenant leur oppo-
ser, ce sont les tribunaux qui apprécieront puis-
qu'il paraît qu'un procès doit être engagé.
« Ce que je voulais établir, c'est que la ville
de Lyon n'avait pas eu à se repentir d'une « com-
plaisance » excessive envers les organisateurs de
l'exposition Chinard, que le3 objets gracieusement
prêtés par elle et tirés de ses collections publiques
avaient repris leur place légitime, et que,pour ce qui
est de la statue funéraire exposée tardivement par
la famille, la seule question qui se pose est celle
du droit que pouvait avoir cette famille d'en dis-
poser à sa guise.
« Croyez, je vous prie, mon cher directeur, à
l'assurance de mes sentiments très cordialement
dévoués.
P. Vitry. »
PETITES EXPOSITIONS
Exposition de la « Société normande
de peinture moderne »
(3, rue Tronchet)
De juvéniles audaces se donnèrent rendez-vous
ici, artistes épris d'une synthèse poursuivie par
quelques-uns dans la richesse et la violence des
contrastes, par d'autres — les plus nombreux, sur
qui plane le souvenir protecteur de Cézanne, —
par une intensité sobre des coloris et une stylisa,
tion qui va jusqu'au « cubisme ». Des figures de M.
Ribemont-Dessaigncs, des paysages vibrants, larges
et lumineux, voisinent avec les notes d'Italie que
M. Girieud a présentées déjà au Salon d'Automne,
et avec un coin de campagne solitaire où M. de Se-
gonzac célèbre, recueilli, la puissante majesté
des grands arbres. M. Alfred Lombard affirme
d'admirables qualités do délicatesse subtile; avec
des moyens, très simples, presque de simples frot-
tis, il divulgue la limpidité transparente d'un lac,
étreint un peu du fugitif spectacle que l'eau garde
entre ses rives. Les paysages de neige de M. Tic-
vert sont vigoureux et inquiets. Le village campa-
gnard que M. J.-H. Marchand gîte parmi la ver-
dure foncée des arbres est riche de plénitude, et
les hautes maisons ensoleillées dont M. L.-M.
Yerdilhan montre la face lépreuse ne manquent
pas d'un certain charme décoratif.
Un torse de femme peint par M. Jean-Louis
Boussingault, sobrement expressif dans le repos
mélancolique de son attitude, est, avec la noble
peinture de M. Albert Moreau,le plus beau nu de
ce Salonnet épris de nouveauté où l'on rencontre
encore quelques figures de M1,e Marie Lauroncin,
d'un maniérisme délicieux, un joli portrait de fil-
lette dû à M. André Mare, de beaux paysages de
MM. Robert Pinchon, Henri de Saint-Delis et Al-
cide Le Beau, une somptueuse nature morte de
M. Lhôte, et des verreries émaillécs par M. Ma-
rinot.
Exposition d'Art appliqué et d'Art précieux
(Galerie Devambez)
Les formes les plus diverses de l'art appliqué
sont un instant groupées ici : meubles de M. P.
Follot, tapisseries de M'"» Maillaud côtoient les
plaquettes de MM. Yencesse et Edouard Monod,
les bijoux de Mra«* Cazin et René-Jean, les den-
telles de M. Mezzara. M11' Germain montre une
fois encore quel est son goût dans le travail du
cuir lamé d'argent ; Mlle de Felice poursuit ses dé-
licates recherches de formes et de colorations ; un
vase do cuivre de M. Jean Dunand, décoré de
branches de buis, appelle le mot de chef-d'œuvre.
Les bijoux de M. Rivaud gardent leur solide et
impeccable technique ; ceux de M. Follot valent
surtout par la beauté des pierres qu'ils enserrent
et ceux de M. Braadt par la sobriété et la logique
de leurs lignes. M. Bastard continue à ciseler la
nacre, MUe Bernouard à revêtir de fleurs sobre-
ment somptueuses la surface des coussins, M. Le
Bourgeois à tailler avec maîtrise dans le buis
l'image de petits animaux, et Mme J. Bardey à tra-
cer avec précision et sûreté les figures de ses
modèles.
Exposition d'Art décoratif
(Galerie Rcitlinger)
Quelques-uns dos artistes cités plus haut ont
aussi des œuvres dans cette nouvelle exposition à
côté des délicates pâtes de verre de M. Dammouse,
de grès de M. Decœur, des broderies de Mme No
et des statuettes nerveuses et souples de M. Henry
Bouchard.
Exposition d'œuvres de quelques artistes
(Galerie Moleux)
Ils sont peu et ils montrent peu de chose. Après
les pittoresques impressions de voyage de M. Mar-
cel Fournier, les notes probes et sincères de
M. Gabriel Roby, que citer? Peut-être les mélan-
coliques clairs de lune de M. Sternberg-Davids et
les jardins de M. Raymond Charmaison, composés,
ordonnés, râtissés, selon toutes les bonnes règles.
« Société artistique de la gravure sur rois »
(Cercle de la Librairie)
On ne peut qu'applaudir au but de cette Société
qui veut rénover la gravure sur bois et provoquer
son emploi plus fréquent dans l'illustration du
livre. Il est regrettable que les œuvres qu'elle
groupe à sa première exposition ne dénotent pas
un choix heureux ni un goût très éclairé. Après
M. Pierre-Marie Vibert, toujours sobre et vigou-
reux dans ses beaux camaïeux, on ne voit guère
quel graveur original on pourrait mentionner.
Parmi les interprètes, M. Auguste Mathieu a eu
le bon esprit de s'essayer à rendre la force con-
centrée des portraits d'Eugène Carrière, M. G-
Lemoine confesse un joli sentiment rustique, M.
Ed. Duplessis suit agréablement les traces de Da-
niel Vierge, et M. Ernest Florian fait montre
d'une véritable maîtrise technique.
Exposition Metiiev
(Galerie Hébrard)
M. Methey est, parmi les potiers contemporains,
le plus coloriste, le plus riche et le plus varié.
S'il a interrogé les céramistes de l'Islam, il ne leur
a demandé conseil que pour le rythme et l'har-
monie de ses décorations et, après s'en être ins-
piré dans la forme et l'ornement de quelques vases,
il n'a bientôt regardé leurs produits qu'avec 1 at-
tendrissement dû aux œuvres de jadis, toujours
belles et émouvantes.
Aux flancs des vases, sur la surface des plats,
M, Methey pose une décoration somptueuse : en-