La chronique des arts et de la curiosité (1911)

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LA CHRONIQUE DES ARTS

académiques, assurément, comme certaines statues
du musée du Louvre, mais avec une fermeté de
contour, une solidité d'écriture, et ce quelque
chose de définitif que présentent les œuvres des
maîtres, même (et je dirais volontiers : surtout)
lorsqu'elles ne sont pas des chefs-d'œuvre su-
blimes.

C'est avec joie que j'ai su la reprise de Proser-
pine. La musique en est charmante, émue, dis-
crète. Elle traduit avec une sensibilité naïve, pure,
juvénile, presque enfantine, ce que je crois être
la vraie nature de M. Saint-Saëns. Il faut le dire
et le redire : c'est une pure merveille que le finale
du second acte, et tout ce second acte est rempli
d'une fraîcheur et d'une sérénité délicieuses.

Et maintenant, quand reprendra-1-on cet Ascanio
si aimé des musiciens, si peu connu du public, et
qui me semble bien, peut-être, le chef-d'œuvre de
M. Saint-Saëns? Mais quand jouera-t-on les Noces
de Figaro et Benvenuto Cellini, et le Roi malgré
lui, et Messidor ?

Charles Kœchlin.
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REVUE DES REVUES

U Le Correspondant (10 novembre). — M. de
Lisle, conservateur du Musée Dobrée à Nantes,
étudie, à propos des vols récents et nombreux
dont nos musées ont été victimes, quel est le côté
défectueux de l'organisation actuelle, et quels se-
raient les meilleurs moyens à employer pour
mettre les objets d'art de nos musées à l'abri des
vols.

(25 novembre). — Suite de l'enquête de M. Max
Doumic sur Nos églises en danger : l'auteur s'oc-
cupe cette fois des églises du Jura et particulière-
ment celles de l'arrondissement de Poligny où
beaucoup, quoique de construction assez récente,
menacent ruine par suite de vices de construction
originels, notamment dans l'édification de la char-
pente des clochers.

V La Grande Revue (15 novembre). — Belles
pages pénétrantes de M. George Desvallières sur
L'Œuvre de Gustave Moreau.

R Les Arts (novembre). — Articles de M. Carie
Dreyfus (pour les sculptures et objets d'art) et de
M. Jean Guiffrey (pour les peintures) sur la collec-
tion, si riche en œuvres d'art de toutes les époques,
de Mm8 Louis Stern (34 reprod.), — de M. Maurice
Hamel sur le Salon d'Automne (9 reprod.), — et
de M. Hippolyte Gautier sur un portrait de Mme de
Monteloux, par L.-M. Vanloo, de sa collection
(reprod.).

BIBLIOGRAPHIE

Michelino da Besozzo, par M. le comte Paul Dur-
rieu. — Paris, Klincksieck, éditeur. In-4°, 29 p.
av. 5 planches.

Les rapports de l'art italien avec l'art français
durant les derniers siècles du Moyen âge ont re-
tenu depuis longtemps l'attention de M. Paul

Durrieu. Il s'est attaché, dans de nombreux tra-
vaux, à déterminer l'origine et la nature de ces
rapports. L'exemple de Michelino da Molinari (né
à Besozzo, près de Varèse) lui a semblé propre à
intervenir utilement dans la question qu'il traite-
C'est à étudier l'artiste et son influence que M.Paul
Durrieu a consacré le présent mémoire; l'intérêt en
est essentiel; les cinq planches qui l'illustrent éta-
blissent par des pièces de comparaison très pro-
bantes l'action exercée par Michelino da Besozzo
sur les maîtres employés par le duc de Berry du-
rant le règne de Charles VI.

Les Leçons de choses du petit coloriste : Pre-
miers Paysages, par M. Maurice Denis. —
Paris, H. Laurens. In-4°, 16 p. de fig.

On sera reconnaissant à M. Henri Laurens de
s'être adressé à l'un des maîtres de l'école moderne
pour inculquer aux enfants les principes initiaux
de l'art. Cet album de M. Maurice Denis, Premiers
Paysages, est à tous égards, remarquable ; il
répond merveilleusement à son double but, qui
est d'éveiller le goût et d'enseigner à comprendre
et à réfléchir en face de la nature. L'exécution est
d'un maître et la composition révèle l'intelligence
avertie d'un éducateur qui sait se mettre à la
portée de l'enfant, qui l'aime, le comprend et cherche
à lui transmettre le secret de son art noble et
simple.

Vieilles chansons pour les cœurs sensibles.

Un volume in-4° cartonné avec illustrations en
couleurs de Pierre Brissaud. — Paris, Plon-
Nourrit, éditeurs.

Le goût moderne, épris des grâces surannées,
aimera ce recueil, et plus d'un y prendra, comme
si Peau d'âne lui était conté, une joie extrême.
La recherche en est d'un agrément raffiné et subtil.
Le cartonnage bleu et rose, aux tons fanés, le
romantisme vieillot des caractères gothiques et des
vignettes, évoquent, dès l'abord, le souvenir de ces
temps lointains dont s'entretiennent les aïeules.
Comme on le prévoit, le plus grand attrait du
cahier lui vient des trente-deux images dont
M. Pierre Brissaud l'a décoré. Les originaux de
cette illustration ont paru à une exposition récente
et on a apprécié tout ce qu'il y a d'imagination
juvénile, de grâce souple, d'humour de bon aloi,
de sensibilité délicate, dans ces compositions d'une
venue riante et facile. La transcription typogra-
phique en couleurs n'a point trahi un aussi intelli-
gent effort. Il reste à souhaiter que l'entreprise se
poursuive et que l'on trouve dans les romances de
Loïsa Puget et de ses contemporains de quoi
satisfaire la curiosité rétrospective et renouveler
notre plaisir.

Traité des armes de Gaya, publié par Charles
Ffoulkes, avec une préface du vicomte Dillon.
— Oxford, Clarendon Press ; Londres, Frowde,
éditeur. Un vol. in-12 cartonné de 172 pages
avec figures.

A toute occasion, lors des Expositions univer-
selles de Paris et de Bruxelles, la Gazette a rendu
justice aux publications et aux reliures sorties de
la Clarendon Press et des ateliers d'Oxford. Uné
nouvelle fois les plus saines traditions se trouvent