LA LEVRETTE DE VIENNE
(Planche 10.)
Le marbre du Musée de Vienne (Isère), de la planche 10 , peut être considéré
comme l’une des plus belles représentations d’animaux que nous ait laissées l’an-
tiquité. Il a été découvert en 1817, à quelques kilomètres au sud de Vienne, au
lieu dit la Grange-Marat, et il est digne d’occuper une place d’honneur parmi les
monuments si nombreux et si remarquables trouvés sur le sol de l’antique Capi-
tale de la Viennoise et de ses environs. Lors de la découverte, la tête était séparée
du corps; la restauration qu’on a faite en plâtre pour la rajuster est plus ou moins
heureuse. Tel qu’il est aujourd’hui, l’animal est couché sur le flanc, les pattes de
devant allongées, la tête redressée et tournée en arrière. Les oreilles manquent,
ainsi que l’extrémité de la patte droite de derrière; la patte droite de devant et les
griffes de la patte gauche de derrière sont légèrement mutilées, La tête effilée, le
museau allongé, les flancs maigres et minces, la taille svelte, le poil ras permettent
de reconnaître, au premier coup d’œil, un lévrier.
M. T. Delorme, dans sa Description du Musée de Vienne (1), a donné un dessin fort
médiocre de cette statue, et c’est ce qui nous a engagé à la publier de nouveau. On
aperçoit sur le flanc de ranimai quelques légères mutilations qui, selon M. Delorme,
seraient des traces d’un objet disparu, vraisemblablement un petit chien que
la levrette caressait de sa langue; mais cette hypothèse, au moins dans l’état de
restitution où se présente la statue, n’est guère admissible. Le mouvement de la
tête, le museau de l’animal qui s’appuie sur la cuisse indique plutôt que le chien se
lèche lui-même.
Les divers fragments d’architecture et les débris de construction qui accompa-
gnaient ce monument lors de la découverte, ont permis de croire qu’il y avait
jadis en ce lieu une de ces riches villas dont les bords du Rhône et de la Durance
étaient couverts. Notre lévrier en était, sans doute, un des ornements. Nous savons
d’ailleurs que les habitations des riches Romains étaient décorées de statues et
d’objets d’art, exécutés souvent par les artistes le plus en renom. II en était de
même dans l’antiquité grecque. Dans l’Odyssée , nous voyons deux magnifiques
chiens d’or et d’argent, œuvre de Vulcain, placés de chaque côté de la porte du
palais d’Alcinoos (2) ; Pline raconte qu’on regardait de son temps, comme une
merveille de l’art, un chien de bronze, léchant sa blessure, qui était placé au
(1) P. 123, n» 1.
| (sf Odyss., Z, 91 et s.
(Planche 10.)
Le marbre du Musée de Vienne (Isère), de la planche 10 , peut être considéré
comme l’une des plus belles représentations d’animaux que nous ait laissées l’an-
tiquité. Il a été découvert en 1817, à quelques kilomètres au sud de Vienne, au
lieu dit la Grange-Marat, et il est digne d’occuper une place d’honneur parmi les
monuments si nombreux et si remarquables trouvés sur le sol de l’antique Capi-
tale de la Viennoise et de ses environs. Lors de la découverte, la tête était séparée
du corps; la restauration qu’on a faite en plâtre pour la rajuster est plus ou moins
heureuse. Tel qu’il est aujourd’hui, l’animal est couché sur le flanc, les pattes de
devant allongées, la tête redressée et tournée en arrière. Les oreilles manquent,
ainsi que l’extrémité de la patte droite de derrière; la patte droite de devant et les
griffes de la patte gauche de derrière sont légèrement mutilées, La tête effilée, le
museau allongé, les flancs maigres et minces, la taille svelte, le poil ras permettent
de reconnaître, au premier coup d’œil, un lévrier.
M. T. Delorme, dans sa Description du Musée de Vienne (1), a donné un dessin fort
médiocre de cette statue, et c’est ce qui nous a engagé à la publier de nouveau. On
aperçoit sur le flanc de ranimai quelques légères mutilations qui, selon M. Delorme,
seraient des traces d’un objet disparu, vraisemblablement un petit chien que
la levrette caressait de sa langue; mais cette hypothèse, au moins dans l’état de
restitution où se présente la statue, n’est guère admissible. Le mouvement de la
tête, le museau de l’animal qui s’appuie sur la cuisse indique plutôt que le chien se
lèche lui-même.
Les divers fragments d’architecture et les débris de construction qui accompa-
gnaient ce monument lors de la découverte, ont permis de croire qu’il y avait
jadis en ce lieu une de ces riches villas dont les bords du Rhône et de la Durance
étaient couverts. Notre lévrier en était, sans doute, un des ornements. Nous savons
d’ailleurs que les habitations des riches Romains étaient décorées de statues et
d’objets d’art, exécutés souvent par les artistes le plus en renom. II en était de
même dans l’antiquité grecque. Dans l’Odyssée , nous voyons deux magnifiques
chiens d’or et d’argent, œuvre de Vulcain, placés de chaque côté de la porte du
palais d’Alcinoos (2) ; Pline raconte qu’on regardait de son temps, comme une
merveille de l’art, un chien de bronze, léchant sa blessure, qui était placé au
(1) P. 123, n» 1.
| (sf Odyss., Z, 91 et s.