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CHAPITEAUX HISTORIÉS DE VIENNE.
(Planches 35 et 36.)
La Gazette archéologique a publié en 1877 (1) des chapiteaux historiés grecs et
romains, et M. de Chanot, en faisant ressortir leur intérêt archéologique, remar-
quait que l’histoire du chapiteau historié, c’est-à-dire du chapiteau où des figures
et des représentations symboliques se substituent au feuillage et aux ornements
purement architectoniques, constitue un chapitre de l’histoire de l’art qui est
encore à écrire. En effet, ces monuments, bien que peu nombreux, formeraient,
s’ils étaient rapprochés et groupés, un ensemble fort intéressant. Nous les trouvons
à toutes les époques de l’art hellénique, depuis le siècle de Périclès, comme le
prouve le chapiteau de San Pietro in Grado (2), jusqu’au milieu du dernier siècle
avant notre ère, ainsi qu’on le constate par les chapiteaux des propylées d’Appius
à Ëleusis, où des panthères cornues et ailées remplacent les volutes et forment la
silhouette des angles (3). Je citerai encore le chapiteau que l’on voit à Saint-
Laurent-hors-les-Murs, à Rome. Au milieu d’une des volutes est une grenouille
étendue sur le dos, tandis que, dans la spirale de l’autre volute, est sculpté un
lézard. On a attribué ces symboles aux architectes-sculpteurs Batrachos et Sauros,
de Sparte , cités par Pline (4), tandis que d’autres savants croient ce chapiteau
d’une date plus récente (S).
Les Romains paraissent avoir eu recours, bien plus fréquemment que les Grecs,
au chapiteau historié, comme motif d’ornement ; nous en citerons plus loin
quelques exemples, à côté des chapiteaux de Pise publiés par M. de Chanot (6), et
des deux chapiteaux en marbre du Musée de Vienne (Isère) reproduits dans nos
planches 33 et 36. Celui de la planche 35 est fort mutilé ; mais on peut encore
facilement reconnaître le sujet représenté sur les deux faces figurées ici. La
première offre, au centre, un trépied autour duquel sont enroulés deux serpents;
(1) P. 57 et 184, pl. 10, 29 et 30.
(2) Gaz. archéol., 1877, p. 58.
(3) F r. Lenormant, Recherches archéol. à Eleusis,
Recueil des Inscriptions, pp. 305 et 400 ; Revue
générale de l'architecture, 1868, p. 102. Les trou-
vailles des fouilles de M. Lenormant, en 1860, ont
confirmé la restitution que Hitlorf avait proposée
pour ce chapiteau à la place de celle des archi-
tectes do la Société dos Dilettanti : Antiquités
inédites de l'Attique, chap. IV, pl. iv, p. 25, notes
1 et 2. Cf. l’art. Capitulum par M. Ch. Chipiez,
dans le Dict. des Antiquités de i\IM. Daremberg et
Saglio.
(4) Plin. Hist. nat., XXXVI, o, 4, 14.
(5) Winckelmann, Mon. inéd., 205, p. 269, et
Histoire de l’art, t. II, p. 589, traduct. de Jansen.
Voyez Raoul Rochette , Questions de l’histoire de
l’art, p. 11 et suiv., Paris, 1846; E. Bruno,
Griechische Künstler, tom. II, p. 343-344.
(6) Gaz. archéol., 1877, pl. 20 et 30.
CHAPITEAUX HISTORIÉS DE VIENNE.
(Planches 35 et 36.)
La Gazette archéologique a publié en 1877 (1) des chapiteaux historiés grecs et
romains, et M. de Chanot, en faisant ressortir leur intérêt archéologique, remar-
quait que l’histoire du chapiteau historié, c’est-à-dire du chapiteau où des figures
et des représentations symboliques se substituent au feuillage et aux ornements
purement architectoniques, constitue un chapitre de l’histoire de l’art qui est
encore à écrire. En effet, ces monuments, bien que peu nombreux, formeraient,
s’ils étaient rapprochés et groupés, un ensemble fort intéressant. Nous les trouvons
à toutes les époques de l’art hellénique, depuis le siècle de Périclès, comme le
prouve le chapiteau de San Pietro in Grado (2), jusqu’au milieu du dernier siècle
avant notre ère, ainsi qu’on le constate par les chapiteaux des propylées d’Appius
à Ëleusis, où des panthères cornues et ailées remplacent les volutes et forment la
silhouette des angles (3). Je citerai encore le chapiteau que l’on voit à Saint-
Laurent-hors-les-Murs, à Rome. Au milieu d’une des volutes est une grenouille
étendue sur le dos, tandis que, dans la spirale de l’autre volute, est sculpté un
lézard. On a attribué ces symboles aux architectes-sculpteurs Batrachos et Sauros,
de Sparte , cités par Pline (4), tandis que d’autres savants croient ce chapiteau
d’une date plus récente (S).
Les Romains paraissent avoir eu recours, bien plus fréquemment que les Grecs,
au chapiteau historié, comme motif d’ornement ; nous en citerons plus loin
quelques exemples, à côté des chapiteaux de Pise publiés par M. de Chanot (6), et
des deux chapiteaux en marbre du Musée de Vienne (Isère) reproduits dans nos
planches 33 et 36. Celui de la planche 35 est fort mutilé ; mais on peut encore
facilement reconnaître le sujet représenté sur les deux faces figurées ici. La
première offre, au centre, un trépied autour duquel sont enroulés deux serpents;
(1) P. 57 et 184, pl. 10, 29 et 30.
(2) Gaz. archéol., 1877, p. 58.
(3) F r. Lenormant, Recherches archéol. à Eleusis,
Recueil des Inscriptions, pp. 305 et 400 ; Revue
générale de l'architecture, 1868, p. 102. Les trou-
vailles des fouilles de M. Lenormant, en 1860, ont
confirmé la restitution que Hitlorf avait proposée
pour ce chapiteau à la place de celle des archi-
tectes do la Société dos Dilettanti : Antiquités
inédites de l'Attique, chap. IV, pl. iv, p. 25, notes
1 et 2. Cf. l’art. Capitulum par M. Ch. Chipiez,
dans le Dict. des Antiquités de i\IM. Daremberg et
Saglio.
(4) Plin. Hist. nat., XXXVI, o, 4, 14.
(5) Winckelmann, Mon. inéd., 205, p. 269, et
Histoire de l’art, t. II, p. 589, traduct. de Jansen.
Voyez Raoul Rochette , Questions de l’histoire de
l’art, p. 11 et suiv., Paris, 1846; E. Bruno,
Griechische Künstler, tom. II, p. 343-344.
(6) Gaz. archéol., 1877, pl. 20 et 30.