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sur le trépied reposait un oiseau dont il ne reste plus que les pattes, la queue et
l’extrémité des ailes : c’était un corbeau, car nous sommes en présence de symboles
qui se rattachent directement au culte d’Apollon, et l’on sait que le corbeau était
particulièrement consacré à ce dieu. Les replis de la queue des dragons formaient
les volutes; la scène est encadrée par de grandes feuilles d’acanthe. La seconde
figure, qui est une autre face du même monument, nous offre un sujet et une
disposition analogues ; seulement, le trépied, au lieu d’être surmonté d’un corbeau,
suppoi’te une tête de Méduse : on constate encore, malgré l’état de mutilation des
sculptures, quelques traits du visage, ainsi que les petits serpents qui, formant la
chevelure, retombent de chaque côté de la tête, et ceux qui sont noués, comme des
tresses, sous le menton. Ce chapiteau a été trouvé à Yienne même, dans l’église
des Jacobins, où il était employé comme ornement ; il a environ 94 centimètres
de hauteur (1).
Le même sujet est figuré sur le chapiteau de la pl. 36. Deux dragons enlacent
de leurs replis les supports du trépied, et leurs queues enroulées en spirale
forment les volutes ; la tête de Méduse a les cheveux épars, mais non terminés
par des serpents ; la partie inférieure est ornée de feuilles d’acanthe. Ce monument
a été, comme le précédent, trouvé à Yienne, mais dans un endroit différent (2).
Si nous les comparons l’un avec l’autre, nous remarquerons qu’ils présentent
une différence artistique qui frappe du premier coup. M. T. Delorme dit que, selon
lui, ces deux chapiteaux ne sont pas du même temps et n’ont probablement pas
appartenu au même monument. Nous croyons, de notre côté, que le second n’est
pas autre chose qu’une restauration lourde et maladroite d’un chapiteau identique à
celui de la planche 35, restauration accomplie à une époque où les productions
artistiques se ressentaient déjà de la décadence générale de l’empire. Le premier
monument dont on peut encore, malgré l’état de dégradation dans lequel il nous
est parvenu, admirer l’élégance, est évidemment du premier siècle de notre ère.
Il faisait partie d’un édifice qui fut construit peut-être entre les règnes d’Auguste
et de Claude, vers le temps où fut bâti, à Yienne, le temple d’Auguste et de Livie.
La période de tranquillité qui échut à la Gaule à cette époque avait porté la vallée
du Rhône à un haut degré de prospérité; Vienne, embellie, était devenue une des
villes les plus florissantes de l’empire, ornalissima colonia (3). II est donc probable
que l’édifice dont faisait partie le chapiteau de la pl. 35 remonte à cette époque.
Peu après, en effet, Yienne fut livrée à la merci des soldats de Yitellius, qui la
ruinèrent et incendièrent ses monuments. La capitale de la Viennoise se releva
(t) T. Delorme, Descript. du Musée de Vienne, (3) Discours de Claude devant le Sénat, l’an 48,
n° 244. gravé sur les Tables de Lyon.
(2) T. Delorme, Ibid., n° 314.
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sur le trépied reposait un oiseau dont il ne reste plus que les pattes, la queue et
l’extrémité des ailes : c’était un corbeau, car nous sommes en présence de symboles
qui se rattachent directement au culte d’Apollon, et l’on sait que le corbeau était
particulièrement consacré à ce dieu. Les replis de la queue des dragons formaient
les volutes; la scène est encadrée par de grandes feuilles d’acanthe. La seconde
figure, qui est une autre face du même monument, nous offre un sujet et une
disposition analogues ; seulement, le trépied, au lieu d’être surmonté d’un corbeau,
suppoi’te une tête de Méduse : on constate encore, malgré l’état de mutilation des
sculptures, quelques traits du visage, ainsi que les petits serpents qui, formant la
chevelure, retombent de chaque côté de la tête, et ceux qui sont noués, comme des
tresses, sous le menton. Ce chapiteau a été trouvé à Yienne même, dans l’église
des Jacobins, où il était employé comme ornement ; il a environ 94 centimètres
de hauteur (1).
Le même sujet est figuré sur le chapiteau de la pl. 36. Deux dragons enlacent
de leurs replis les supports du trépied, et leurs queues enroulées en spirale
forment les volutes ; la tête de Méduse a les cheveux épars, mais non terminés
par des serpents ; la partie inférieure est ornée de feuilles d’acanthe. Ce monument
a été, comme le précédent, trouvé à Yienne, mais dans un endroit différent (2).
Si nous les comparons l’un avec l’autre, nous remarquerons qu’ils présentent
une différence artistique qui frappe du premier coup. M. T. Delorme dit que, selon
lui, ces deux chapiteaux ne sont pas du même temps et n’ont probablement pas
appartenu au même monument. Nous croyons, de notre côté, que le second n’est
pas autre chose qu’une restauration lourde et maladroite d’un chapiteau identique à
celui de la planche 35, restauration accomplie à une époque où les productions
artistiques se ressentaient déjà de la décadence générale de l’empire. Le premier
monument dont on peut encore, malgré l’état de dégradation dans lequel il nous
est parvenu, admirer l’élégance, est évidemment du premier siècle de notre ère.
Il faisait partie d’un édifice qui fut construit peut-être entre les règnes d’Auguste
et de Claude, vers le temps où fut bâti, à Yienne, le temple d’Auguste et de Livie.
La période de tranquillité qui échut à la Gaule à cette époque avait porté la vallée
du Rhône à un haut degré de prospérité; Vienne, embellie, était devenue une des
villes les plus florissantes de l’empire, ornalissima colonia (3). II est donc probable
que l’édifice dont faisait partie le chapiteau de la pl. 35 remonte à cette époque.
Peu après, en effet, Yienne fut livrée à la merci des soldats de Yitellius, qui la
ruinèrent et incendièrent ses monuments. La capitale de la Viennoise se releva
(t) T. Delorme, Descript. du Musée de Vienne, (3) Discours de Claude devant le Sénat, l’an 48,
n° 244. gravé sur les Tables de Lyon.
(2) T. Delorme, Ibid., n° 314.