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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 24.1868

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Viardot, Louis: Vase grec en argent ciselé et carquois scythe en or trouvés dans un tumulus de la crimée
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https://doi.org/10.11588/diglit.19885#0255

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246 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

trouvèrent avec l'enfant des objets précieux, s'en disputèrent la posses-
sion, et vinrent devant Kerkiôn faire juger leur querelle. Ainsi fut décou-
verte la faute d'Alope, que son père fit mettre à mort et que Neptune
changea en fontaine. Mais bien avant l'époque d'Hygin la légende
d'Alope avait fourni le sujet d'une tragédie au poète Karkinos (Carcinus),
contemporain d'Aristophane. Cette tragédie d'Alope est perdue. On sait
toutefois par les scoliastes que Thésée, le héros athénien, y jouait le
rôle principal. C'est lui, dans le drame de Karkinos, qui tue la jeune fille
sa fiancée, et qui fait exposer l'enfant Hippothoon. Le jeune homme
essayant de retenir le bras de Thésée serait Pirithoùs, son fidèle Pylade.
En admettant l'explication, vraisemblable jusqu'à l'évidence, que donne
M. Stéphani du bas-relief en or, on comprend aussitôt comment un
artiste grec pouvait choisir cette dramatique légende d'Alope pour en
faire l'ornement du goryt d'un roi de Scythie.

La description écrite, toujours incomplète, est aidée ici, fort heureu-
sement, parla description gravée. C'est presque la vue des objets. Toute-
fois, et sans incriminer aucunement ni les dessinateurs et graveurs de
Saint-Pétersbourg, qui ont fait du vase et de ses ornements des images
atteignant presque la grandeur naturelle, ni moins encore les dessinateurs
et graveurs de Paris, qui ont reproduit ces images originales en les rédui-
sant au format de la Gazette, il me reste à faire remarquer que les uns
et les autres se trouvaient, dans leur difficile travail, en face d'une insur-
montable difficulté. Le vase est rond, et la frise principale en occupe la
pente arrondie entre la panse et le col. Les objets se présentent donc à
l'œil en fuyant de deux façons, par les côtés et par le bord supérieur de
la frise; il eût donc fallu absolument, pour en bien rendre l'aspect et les
formes, s'aider de la lumière et des ombres, faire des raccourcis au
moyen du clair-obscur. Or les gravures, originales ou copiées, sont au
simple trait. Elles manquent ainsi du seul moyen possible de perfection
et même d'exactitude. De la sorte, en effet, les chevaux semblent un peu
courts, trapus, massifs, tandis qu'ils ont, au contraire, toute la finesse,
toute l'élégance de leur race, sœur germaine de la race arabe, et sem-
blable à celle des chevaux assyriens que nous montrent les tables en
albâtre de Nimroud et de Khorsabad. Les figures d'hommes aussi, avec
les mêmes qualités, pèchent par le même défaut, qui était inévitable. Le
lecteur averti saura bien le corriger en imagination et reconstituer toutes
ces figures avec la merveilleuse beauté que leur a donnée le sculpteur
grec, dont nous avons le regret de ne pouvoir ajouter le nom à l'œuvre
qui l'eut illustré deux mille ans après sa mort.

LOUIS V I A R DOT.
 
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