INGRES
SA VIE ET SES OUVRAGES
(suite1.)
LV.
es relations d'Ingres avec le duc de
Luynes ont donné lieu tout récemment
à des attaques très-inconsidérées et
très-vives contre le peintre. On l'a
représenté dans quelques journaux
comme un homme qui avait usé et
abusé d'une hospitalité seigneuriale,
qui avait prolongé à plaisir son séjour
dans un lieu de délices, et qui avait
reçu de M. le duc cent mille francs
pour un travail mené avec lenteur et
laissé à l'état d'ébauche. Ces reproches sont injustes; ces dires sont
inexacts. Ingres était un homme extrêmement modeste dans ses goûts,
insoucieux du luxe et très-ignorant de tout ce que signifie le mot con-
fortable. Il n'était avide que de louanges, et pour ce qui est de l'argent,
il l'estimait sans doute parce qu'il le regardait comme une condition
d'indépendance; mais, pour toutes les richesses du monde, jamais on
ne lui aurait arraché une concession de nature à entamer sa dignité
ou les droits de son art.
On peut soutenir que le fait d'abandonner les peintures de Dam-
pierre, sans même en finir une, constituait un préjudice considérable
1. Voir dans les tomes XXII et XXIII de la Gazette des Beaux-Aria les livrai-
sons de juin, juillet, septembre et novembre 1867, janvier et avril 1868.
xxiv. 67
SA VIE ET SES OUVRAGES
(suite1.)
LV.
es relations d'Ingres avec le duc de
Luynes ont donné lieu tout récemment
à des attaques très-inconsidérées et
très-vives contre le peintre. On l'a
représenté dans quelques journaux
comme un homme qui avait usé et
abusé d'une hospitalité seigneuriale,
qui avait prolongé à plaisir son séjour
dans un lieu de délices, et qui avait
reçu de M. le duc cent mille francs
pour un travail mené avec lenteur et
laissé à l'état d'ébauche. Ces reproches sont injustes; ces dires sont
inexacts. Ingres était un homme extrêmement modeste dans ses goûts,
insoucieux du luxe et très-ignorant de tout ce que signifie le mot con-
fortable. Il n'était avide que de louanges, et pour ce qui est de l'argent,
il l'estimait sans doute parce qu'il le regardait comme une condition
d'indépendance; mais, pour toutes les richesses du monde, jamais on
ne lui aurait arraché une concession de nature à entamer sa dignité
ou les droits de son art.
On peut soutenir que le fait d'abandonner les peintures de Dam-
pierre, sans même en finir une, constituait un préjudice considérable
1. Voir dans les tomes XXII et XXIII de la Gazette des Beaux-Aria les livrai-
sons de juin, juillet, septembre et novembre 1867, janvier et avril 1868.
xxiv. 67