DOI Artikel:
Galichon, Émile; Beaumont, Édouard de: Collection de M. le Cte de Nieuwerkerke
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19885#0423
/,10 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
fabriquée au xve siècle à Nuremberg, donne la note dominante du cabinet
de M. le comte de Mieuwerkerke; et en effet, quel que soit le côté où le
visiteur porte ses regards, il aperçoit des épées, des dagues, des chan-
freins, des rondaches, des arbalètes, des armes à feu accrochées aux mu-
railles et des casques : salades, armets ou bourguignottes, placés sui-
des tablettes disposées autour de la salle. Cependant les armes ne
sont pas les seuls objets qu'on ait à admirer dans cette riche collec-
tion. Des vitrines, dressées entre les trophées et dans les embrasures
des fenêtres, contiennent nombre de morceaux de premier ordre se
rattachant aux diverses branches de la haute curiosité. Près de su-
perbes majoliques sorties des fours de Faenza, de Gubbio et de Chaf-
fagiolo se trouvent des verreries de Murano remarquables par l'élé-
gance de leurs formes; et, non loin de splendides émaux dus aux
plus célèbres artistes limousins, on examine curieusement de précieux
bijoux façonnés clans les ateliers renommés où Albert Durer et Ghirlan-
dajo apprirent à devenir des artistes souverains. Chez un sculpteur, on
doit s'attendre à rencontrer des œuvres plastiques; aussi personne ne sera
étonné d'apprendre que dans ce cabinet la statuaire occupe une place
importante et y est représentée sous les formes les plus variées. Ici, nous
revoyons XHercule en ivoire payé 16,400 francs à la vente Pourtalès1. Là,
un second Hercule en buis, non moins admirable que le premier, lève sa
terrible massue, prêt à écraser un ennemi invisible. A côté, nous consi-
dérons les effigies de grandes dames et de nobles gentilshommes français,
façonnées avec des cires colorées. Tout auprès sont des médaillons tail-
lés dans le buis avec un art infini par des artistes allemands. Un maître
italien, initié à l'art antique, a pu seul pétrir l'argile qui représente un
fier condottiere dans le costume et la pose d'un empereur romain; et c'est
également à des sculpteurs florentins qu'il faut attribuer la superbe tête
du Dante, — que M. Gaillard grave pour la Gazette, — ainsi que la plu-
part des statuettes en bronze, auxquelles leur dimension restreinte ferme
l'entrée du Louvre, bien que par l'ampleur du style et la liberté de l'exé-
cution elles accusent une illustre origine.
Tous ces objets, qui forment comme un abrégé des principaux groupes
de la curiosité au xvie siècle, suffiraient pour classer le cabinet de M. le
comte de Nieuwerkerke au rang des plus renommés, alors même que les
armes ne s'y trouveraient point en quantité et qualité suffisantes pour lui
donner un caractère plus particulier. Des armes! M. le comte de Nieu-
werkerke en possède assez pour enrichir un musée. Dans sa collection on
'I. Cet ivoire a été gravé dans la Gazelle, t. XVff, p. 385.
fabriquée au xve siècle à Nuremberg, donne la note dominante du cabinet
de M. le comte de Mieuwerkerke; et en effet, quel que soit le côté où le
visiteur porte ses regards, il aperçoit des épées, des dagues, des chan-
freins, des rondaches, des arbalètes, des armes à feu accrochées aux mu-
railles et des casques : salades, armets ou bourguignottes, placés sui-
des tablettes disposées autour de la salle. Cependant les armes ne
sont pas les seuls objets qu'on ait à admirer dans cette riche collec-
tion. Des vitrines, dressées entre les trophées et dans les embrasures
des fenêtres, contiennent nombre de morceaux de premier ordre se
rattachant aux diverses branches de la haute curiosité. Près de su-
perbes majoliques sorties des fours de Faenza, de Gubbio et de Chaf-
fagiolo se trouvent des verreries de Murano remarquables par l'élé-
gance de leurs formes; et, non loin de splendides émaux dus aux
plus célèbres artistes limousins, on examine curieusement de précieux
bijoux façonnés clans les ateliers renommés où Albert Durer et Ghirlan-
dajo apprirent à devenir des artistes souverains. Chez un sculpteur, on
doit s'attendre à rencontrer des œuvres plastiques; aussi personne ne sera
étonné d'apprendre que dans ce cabinet la statuaire occupe une place
importante et y est représentée sous les formes les plus variées. Ici, nous
revoyons XHercule en ivoire payé 16,400 francs à la vente Pourtalès1. Là,
un second Hercule en buis, non moins admirable que le premier, lève sa
terrible massue, prêt à écraser un ennemi invisible. A côté, nous consi-
dérons les effigies de grandes dames et de nobles gentilshommes français,
façonnées avec des cires colorées. Tout auprès sont des médaillons tail-
lés dans le buis avec un art infini par des artistes allemands. Un maître
italien, initié à l'art antique, a pu seul pétrir l'argile qui représente un
fier condottiere dans le costume et la pose d'un empereur romain; et c'est
également à des sculpteurs florentins qu'il faut attribuer la superbe tête
du Dante, — que M. Gaillard grave pour la Gazette, — ainsi que la plu-
part des statuettes en bronze, auxquelles leur dimension restreinte ferme
l'entrée du Louvre, bien que par l'ampleur du style et la liberté de l'exé-
cution elles accusent une illustre origine.
Tous ces objets, qui forment comme un abrégé des principaux groupes
de la curiosité au xvie siècle, suffiraient pour classer le cabinet de M. le
comte de Nieuwerkerke au rang des plus renommés, alors même que les
armes ne s'y trouveraient point en quantité et qualité suffisantes pour lui
donner un caractère plus particulier. Des armes! M. le comte de Nieu-
werkerke en possède assez pour enrichir un musée. Dans sa collection on
'I. Cet ivoire a été gravé dans la Gazelle, t. XVff, p. 385.