Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 16.1877)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

court, ni Paul Mantz, ni Renouvier, ni Duplessis, ni moi-même, à savoir
que Greuze avait été très-lié avec la famille Demidoff, qu’il fit le portrait
de Paul Nicolawitch Demidoff en costume hollandais, et celui d’Alexandra
Demidoff, lesquels se trouvent ici de sa plus belle main, c’est-à-dire
peints dans une manière libre et généreuse, mais attentive; que Greuze
leur donna son portrait, et que ses plus belles têtes et quelques-unes
des plus célèbres lui furent directement achetées par Nicolas-Demidoff,
notamment celles qui figuraient, en 1870, dans la vente de San-Donato;
qu’il reste encore dans ce palais, sans parler des portraits que je viens
d’indiquer, huit peintures de Greuze, qui sont des variantes de la
Volupté} de la Rêveuse; de YÉcouteuse aux portes5 de la Jeune Femme
espagnole, de la Jeune Fille à la cage, peintures d’inégale valeur sans
doute, mais qui, depuis cent ans qu’elles furent exécutées, n’étaient pas
sorties de la maison pour laquelle Greuze les fit.

J’ai retrouvé aussi à San-Donato, après les avoir cherchés dans les
collections publiques ou privées de France, la Bataille de la Moskowa,
par Hippolyte Bellangé, grand morceau plein de mouvement et de verve,
dont les plus hautes figures, celles des cuirassiers chargeant, n’ont
guère plus de trente centimètres, des tableaux de Steuben et d’Horace
Vernet que la gravure avait rendus populaires, et qui seront compris un
jour, il faut l’espérer, dans une description détaillée et complète de tant
d’objets d’art. Telle chambre de cette résidence vraiment princière
contient un Tiepolo, un Luca Giordano, un Bronzino et un Titien, le por-
trait du pape Paul III, qui ne peut être en tout cas qu’un ouvrage de
la vieillesse du peintre. Telle autre chambre renferme des miniatures
d’Isabey, de Mme de Mirbel, d’Augustin, de Saint, d’Aubry, c’est-à-
dire des plus célèbres miniaturistes de ce siècle. Telle autre est ornée de
portraits à l’aquarelle par Raffet, qui a, du reste, laissé deux ou trois
cents ouvrages de sa main à San-Donato; telle autre est remplie
de ces riens délicieux qui, tantôt par la beauté de la matière, tantôt par
la finesse du travail, sont autant de petites merveilles enfantées par
l’industrie des artistes en collaboration avec la nature.

Nous sommes en ce moment, après avoir repassé par le grand salon
sous la coupole, dans un petit boudoir vert où sont rassemblées toutes
les délicatesses de la curiosité, toutes les friandises du goût, toutes les
galanteries de l’art. Il y enapour des heures à regarder l’un après l’autre
ces menus trésors et à les manier, et il faudrait beaucoup d’écriture pour
les décrire. Ce sont des tabatières en or, en écaille, en Sèvres, en coco,