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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 3
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Darcel, Alfred: Exposition rétrospective de Lyon, [2], Exposition d'Angoulême
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0291

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EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE LYON.

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ceux exposés. C’est de l’Orient que nous sont venus dès l’établissement de l’empire à
Byzance les soieries et les broderies. L’introduction des premières, surtout, ne s’est
guère arrêtée qu’au xiv* siècle, où les fabriques passant de Sicile en Italie, y acquirent
une grande importance, sans parler de celles qui existaient certainement à Paris dans
le siècle précédent. Mais si l’introduction se ralentit, l’influence subsista et l’on ren-
contre dans les inventaires, et plus rarement on trouve dans les églises, des vêtements
sacerdotaux où des désignations de choses orientales, et ces choses elles-mêmes, se
trouvent combinées avec des détails d’Occident, armoiries ou inscriptions. La tapisserie
reproduite plus haut rappelle le système général de la décoration des soieries orien-
tales. Le dessin en est sinon très-simple, du moins très-lisible, parce que peu de cou-
leurs entrent dans sa composition. Il est généralement formé d'animaux disposés avec
une certaine symétrie qu’augmentent encore les figures géométriques ou les lacis de
végétaux au milieu desquels ils sont distribués. Tel est un satin bleu-cendré orné de
léopards et d’aigles blancs, et de lions d’or dont une inscription arabe affirme l’origine.
Tel est encore un lampas bleu auquel le temps a donné un ton cendré, qui est broché
en or de fleurs et d’animaux cpie nous croyons être des loups.

Mais parmi les tissus français du xive siècle, nous noterons le velours broché d’une
chasuble malheureusement retaillée. Le fond est rouge; le broché dessine, en or, des
lignes de zigzags formés de courroies reliées par des nœuds d’où pendent des glands,
et, en soie bleue, des jarretières avec leur boucle et leur ferret, sur lesquelles s’enlève
en blanc le mot espérance en lettres carrées gothiques. Ce tissu est déjà d’une fabrica-
tion compliquée, puisque le velours s’y combine avec le satin de deux couleurs et l’or.
Mais la complication augmente lorsque le velours est de deux épaisseurs sur la même
pièce, pour former ce qu’à Lyon on appelle un velours contre-taillé, et se combine
avec l’or travaillé de deux façons : couché et bouclé, comme celui dans lequel une
chappe a été coupée au xve siècle. Elle est d’une autre nature lorsque, comme le
velours vert d’une seconde chappe décorée d’orfrois datés de 1497. La soie est bouclée
par places, coupée par d’autres, de façon à former ce qu’on appelle un velours ciselé.

Nous avons voulu nous rendre compte de la fabrication de ces tissus de luxe dans
les ateliers où MM. Tassinari et Chatel font des choses nouvelles à l’aide des modèles
anciens que nous venons de citer parmi une foule d’autres. Mais les métiers de ces
ateliers étaient dégarnis ou au repos. C’est dans l’école de tissage créée et entretenue
par la Chambre de commerce de Lyon que nous avons pu seulement étudier toutes les
opérations qu’exige leur exécution. Des jeunes gens qui se destinent à diriger un jour
des établissements, y apprennent leur métier en tissant sur des métiers mus tantôt par
eux-mêmes, tantôt par la vapeur, suivant le cas, des étoffes qu’ils ont d’abord étudiées,.,
décomposées à la loupe, le crayon ou le pinceau en main, puis traduits en un langage
graphique spécial à leur industrie, et enfin « lues» sur le métier qui perce les cartons.
Ces cartons, assemblés sur le métier imaginé par Jacquart, reproduiront le modèle original.

Nous y avons pu voir en œuvre les soieries de tout genre, depuis les taffetas, les
satins, les sergés, les dentelles et les velours unis, jusqu’aux plus compliquées où tous
les genres se trouvent réunis et combinés. Mais il est un effet du tissage que l’on a été
jusqu’ici impuissant à reproduire, c’est l’or bouclé. Et penser que les ouvriers qui, au
xive ou au xvc siècle, produisaient ces tissus si parfaits, n’avaient à leur service que
des instruments rudimentaires et grossiers, et qu’ils étaient obligés de suppléer par
leur intelligence et leur main à la précision des moyens mécaniques d’aujourd’hui!

C’est au xiv8 siècle, croyons-nous, que les tissus commencent à s’affranchir peu à
 
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