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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 3
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Darcel, Alfred: Exposition rétrospective de Lyon, [2], Exposition d'Angoulême
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0292

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278

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

peu de l’imitation orientale en introduisant plus de variété et de fantaisie dans l’ancien
thème, et en y faisant intervenir de plus en plus l’élément végétal : tiges, feuillages et
fleurs. Mais on le transforme, et déplus en plus, à mesure qu’on s’avance dans le xve siècle.
Au lieu de le simplifier, on l’altère en le compliquant, si bien que l’élément type devient
fort difficile à reconnaître dans ces beaux velours lamés d’or et d’argent, comme celui
qui sert de fond à la lettre initiale de cet article, comme dans ces étoffes splendides
dont les anciens maîtres flamands revêtent leurs personnages.

La Renaissance semble avoir ramené un peu de symétrie en introduisant un autre
goût dans la composition des ornements quelque peu bizarres et aigus de l’époque
précédente, Les mêmes principes dominent au xvne siècle, avec des formes plus mas-
sives et des couleurs plus abondantes, ce nous semble. Parmi une foule de tissus dont
le dessin très-ample et très-écrit est d’une analyse facile, nous citerons ce que l’on
appelle les velours à parterre, qui, contre-taillés et ciselés, dessinent des fleurons de
deux ou trois couleurs, s’enlevant en vigueur sur un fond de satin clair. Au xvme siècle,
la majesté de ces tissus qui s’accordait avec l’ampleur de l’architecture et des meubles
ne serait plus de mise. 11 faut quelque chose de plus coquet et de moins large pour
s’harmoniser avec la rocaille des lambris et de l’ameublement. L’ornement se chan-
tourne, se complique, se divise, et n’est souvent ramené à l'unité que par les rayures,
liais on y fabrique des merveilles d’exécution, plutôt que de goût, qui sont légendaires
dans les ateliers lyonnais. Telle est une tenture de salin blanc, dont le broché de soie
et de chenille dessine des roseaux et des branches de rosier alternées dont le réseau
encadre quatre motifs différents, le tout imaginé par Philippe de Lassalle, le plus émi-
nent des artistes qui ont guidé l’industrie des tissus à la fin du xvme siècle. Cette ten-
ture qui passe pour un chef-d’œuvre de tissage, qui présentait toutes les difficultés
imaginables à l’ouvrier qui l’a exécutée sans avoir à sa disposition cependant toutes
les ressources de la technique moderne, n’exigerait pas moins aujourd’hui que la quan-
tité énorme de 180,000 cartons pour être reproduite sur le métier Jacquart.

Broderies. — Une tenture de satin bleu clair brodée de soie et d’or, avec appli-
cation de tulle et de paillettes, exposée par MM. Lamy et Girault, fait pendant à celle
de M. Tassinari et Châtel, spécimen de la lutte qui s’était établie entre les tisserands
et les brodeuses à l’époque de Louis XVI, lutte plus funeste que féconde à notre avis.

Nous préférons le système qui fut adopté pendant le moyen âge et la Renaissance,
d’après lequel le tisserand et le brodeur, ayant chacun son rôle, combinaient leur action
pour un but spécial et bien défini. On sait dans leurs œuvres ce qui est tissu et ce
qui est broderie. L’une sert d’ornement à l’autre comme dans un devant d’autel du
xvie siècle appartenant à M. Aynard, et qui provient de l’église de Saint-Antoine de
Padoue. La Prédication de saint Jean, le Baptême et la Décollation, brodés sur fil
d’or avec les carnations en point de satin, forment trois médaillons appliqués sur un
velours vert brodé lui-même de cuirs et de vases nattés d’or et de soie, dans Je style
de Frans Floris. A propos de l’exposition de Lille nous avons indiqué à quel degré de
perfection et à quelle richesse d’effet le ouvriers du xvic siècle étaient arrivés par une
simple couchure de points parallèles sur une chaîne de fils d’or. Un corporalier appar-
tenant au musée de la ville en est un nouvel exemple. L’Ecce homo y est figuré entre
saint Jean et saint François par une broderie sur fond d’or que son auteur a eu soin
de signer ainsi : f. pierre vicier, 1621. Un autre Ecce homo, appartenant au Musée
d’art et d’industrie, est encore un modèle d’exécution très-fine, mais sans interven-
 
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