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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 3
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Havard, Henry: Carel Fabritius: l'état civil des maîtres hollandais
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0297

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CAREL FABRITIUS.

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poudre à Delft en 1654 » el en note il ajoutait : « C’est je crois Weyerman qui le
premier a avancé qu’on trouvait dans les archives de Delft la preuve que Fabritius
avait péri dans le désastre de 1854. La bonne autorité que Weyerman ! »

Cela était dit avec une telle conviction, et la sincérité de Blirger nous était si
connue, sa bonne foi, sa franchise étaient tellement au-dessus de toute espèce de
soupçon, que les meilleurs esprits se laissèrent convaincre. Pour un peu plus on aurait
nié l’explosion du magasin de poudre. Malheureusement, ou plutôt heureusement, nous
avions de ce triste événement trop de preuves contemporaines : d’abord le récit de
Bleyswyck et celui d’Arnold Bon; en outre tous les incidents de ce sombre drame,
pieusement recueillis par des témoins oculaires, avaient été rassemblés en une curieuse
brochure qui est parvenue jusqu’à nous 1 ; enfin un fougueux pasteur nommé Petrus de
Whitte, maugréant contre la perversité de son siècle, n’avait pas hésité à reconnaître
dans cette horrible catastrophe la main vengeresse du Seigneur, et sa bouillante
harangue, qu’il intitula lui-même le Coup de tonnerre de Delft (Delfschen donder-
slagh), nous a été conservée.

Ajoutez à ces preuves irréfutables quelques gravures (trois, je crois), un tableau,
deux dessins et jusqu’à une assiette de faïence qui représentent différentes phases de
l’événement et vous accorderez que l’incrédulité n’est pas permise.

Donc l’explosion a eu lieu, reste à savoir si elle a tué Carel Fabritius. Sur cet
autre point, le doute avait si bien pénétré les esprits les plus libres et les plus réfléchis,
que récemment, ici même1 2, M. Clément de Ris nous déclarait, à propos du musée
de Stockholm, qu’à ses yeux « l’existence d’un Carel Fabritius, que l’on dit avoir été
tué par l’explosion du magasin à poudre de Delft en 1654, est très-problématique ».
Et il ajoutait : « C’est aux savants hollandais à nous en apprendre plus long sur cet
artiste. »

Je ne suis pas Hollandais et je n’ai aucune prétention au titre de savant, mais je
crois pouvoir établir dès aujourd’hui qu’on doit cesser de regarder Carel Fabritius
comme un être de raison ; et, si nous ne connaissons pas sa vie aussi complètement
qu’il serait souhaitable/du moins pouvons-nous affirmer qu’il a vécu à Delft, qu’il
y a peint et qu’il y est mort. Et comme c’est cette mort qui doit être le point de
départ de nos recherches, c’est par elle que nous allons commencer cette revendication
d’état.

Le récit de Bleyswyck, qui nous fournit notre premier jalon, est très-précis. 11 nous
raconte qu’au moment où l’explosion eut lieu, Carel travaillait dans son atelier, qu’il
était occupé à faire le portrait du sacristain de la vieille église, lequel sacristain se
nommait Simon Decker, et qu’avec eux se trouvaient la belle-mère du peintre et un
élève de celui-ci nommé Mathias Spoors. Tous furent lancés en l’air et tués sur le coup,
à l’exception de Fabritius, qui expira quelques heures après qu’on eut retrouvé son
corps. Yoilà qui est très-net. Mais si le récit de Bleyswyck n’est point une fiction, le
décès de ces quatre personnes doit avoir laissé quelque trace dans l’état civil de Delft.
C’est donc sur ce terrain qu’avant toute controverse les recherches auraient dû se porter.
Or, en parcourant les registres d’enterrement de l’Église réformée, je trouve sur le
registre 116, à la date du 14 octobre 1654, c’est-à-dire deux jours après l’explosion, et

1. Ilistorisch Verliâel van het Wonilerlik en Schrickelick opspringen van'l magasynhuys, L654.— Cet ouvrage
consacre quelques lignes à Fabritius.

2. Gazelle des Beaux-arts, 2e périodo, tome X, p. 4Ô8.
 
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