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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 16.1877

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Nr. 4
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Chantelou, Paul Fréart de: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21845#0386

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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANGE. 371

faute qui se trouve au Louvre de ce qu’il n’est pas à angle droit, et que les
portes ne se fassent pas tout à fait vis-à-vis Tune de l’autre. Comme la con-
versation ne finissait point, le Cavalier m’a témoigné que M. le Nonce l’in-
commodait, lui prenant le temps de la promenade et de dire son office.

Le vingt-huit, au matin, j’ai trouvé le Cavalier travaillant au bas-relief du
petit Christ, et aussitôt est arrivé M. le marquis de Bellefonds qui a considéré
le buste et l’a trouvé fort avancé. Le Cavalier l’a prié de dire au Roi que, dans
huit jours, il irait à Saint-Germain. M. de Bellefonds lui a demandé s’il avait
pris les alignements du Louvre. Il lui a répondu qu’il avait déjà commencé et
qu’il ne trouvait pas qu’il fût à l’équerre. Je lui ai reparti que le Roi le savait
bien. M. de la Garde1 était avec lui. Ils se sont mis ensemble à considérer le
buste. M. de la Garde l’a trouvé bien ressemblant. Je lui ai dit que l’impor-
tance était qu’il ressemblât dans le noble et dans le grand. Ils s’en sont allés,
le Cavalier répétant à M. de Bellefonds qu’il irait tout le plus tôt qu’il pour-
rait. Quand ils ont été partis, il m’a demandé qui était ce gentilhomme (je lui
ai dit que c’était l’enseigne des gardes du corps de la Reine-Mère), et ce qu’il
lui avait semblé du buste. Je lui ai dit qu’ils l’avaient trouvé bien ressemblant,
lui ai répété ce que je leur avais dit de la ressemblance dans le noble et dans
le grand, pour ce que nous avions Varin à Paris qui pour la ressemblance la
donnait à ses portraits ; que l’importance était d’y mêler la noblesse et la
grandeur. « C’est cela, m’a-t-il dit. Il n’y a que vous qui note ces choses, et
qui puisse les faire remarquer. »

Je lui ai dit que la Reine-Mère se portait mal, qu’elle avait une fièvre con-
tinue ; que M. le commandeur de Souvré me l’avait dit; que c’était celui qui
lui voulait donner à dîner et demandait son avis sur ce qu’il désire faire faire
au Temple. Il m’a répondu qu’il ne voulait plus aller nulle part; que l’on lui
demandait son avis pour lui faire le déplaisir de ne pas le suivre, par exemple
l’autel du Val-de-Gràce et l’escalier de l’hôtel d’Aumont; qu’il était comme
assuré qu’il ne s’exécuterait pas. Je lui ai dit qu’il n’en était pas de même de
M. le commandeur. Il a reparti qu’il ne savait pas assurément si cet escalier
s’exécuterait ou non, mais qu’il se doutait que la cabale des architectes en
empêcherait. Je lui ai dit,aurespect de l’autel du Val-de-Grâce, que c’était la
mauvaise santé de la Reine et le peu d’espérance qu’elle lui laisse de jamais
voir fini un ouvrage de si longue haleine qui empêchait qu’on ne l'entreprît.
Je l’ai, après cela, accompagné chez lui où il est retourné. Là, je lui ai dit que
mon frère de Chambrey viendrait le voir l’après-dînée, qu’il n’y était pas
venu plus tôt pour des respects et des mesures que j’étais bien aise de garder.
Le soir, mon frère a été le voir pour la première fois. Il lui a fait grand
accueil et en riant lui a dit qu’il avait envie d’acheter de ses livres2 au même
prix que son fils et le seigneur Mathie avaient fait : c’est qu’il les leur avait

delta prelatura, con impieghi onorevoli, e di un canonicato di S. Maria Maggiore con varie
ecclesiastiche rendite » (p. 54).—On verra plus loin, à la date du 7 septembre, ce que le
Cavalier pensait de lui.

1. Dans YÉtal de la France de 1661, il est désigné sous le titre de baron de la Garde,
lieutenant des gardes de la Reine

2. Roland Frcart, sieu de Chambray, a public, entre autres : Parallèle de larchitectur
 
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