LA PERSPECTIVE DANS L'ANTIQUITÉ. 39
sition des étages supérieurs des habitations romaines... Nous n'avons
d'ailleurs point ici, comme dans beaucoup de peintures campaniennes,
une architecture toute de fantaisie, où sont changées toutes les relations
et proportions ordinaires, où tous les membres sont détournés de leur
emploi naturel et engagés clans des combinaisons qu'il serait impossible
de réaliser. Le peintre nous a représenté de son mieux, on a tout lieu de
le croire, une de ces hautes maisons dont parlent Juvénal et Martial. »
III.
Parmi les détracteurs des anciens, Claude Perrault mérite d'occuper
la première place. Dans ses Parallèles des anciens et (les modernes, le
célèbre auteur de la colonnade du Louvre et traducteur de Vitruve
s'avança jusqu'à refuser à Apelles et à Parrhasius la connaissance de la
perspective ainsi que l'art de graduer les effets d'éloignement.
Plus tard M. de Pauw, auquel on doit d'intéressantes Recherches phi-
losophiques sur les Grecs, trouva surprenant que les modernes se fussent
livrés à tant de conjectures et qu'ils s'engageassent encore dans des
contestations aussi opiniâtres touchant les connaissances des anciens
concernant la perspective, puisque les Grecs eux-mêmes ont avoué que
ces connaissances leur manquaient absolument : « car, dit-il, jamais
aucun d'entre eux n'osa s'essayer dans le paysage, ou si quelque le tenta,
l'oubli complet où son nom tomba, démontre assez l'inutilité de ses
efforts. »
Il est difficile de ne point partager l'opinion de ces deux auteurs dans
le sens rigoureux du mot; cependant on reconnaîtra qu'à l'exemple de
leurs adversaires, ils dépassent le but l'un et l'autre, en n'admettant
pas même chez les anciens l'existence d'une perspective idéale. Le der-
nier argument de M. de Pauw est d'ailleurs complètement faux. Non-
seulement, en effet, les peintres de l'antiquité possédaient les premiers
éléments de la perspective et savaient traiter tous les genres : histoire,
mythologie, paysages, marines, animaux, fruits, fleurs et jusqu'à la cari-
cature, comme le prouvent les nombreuses fresques d'Herculanum et de
Pornpeï, mais ils ont aussi laissé de grands sujets embrassant de vastes
compositions, telles que des vues architectoniques et des batailles, où se
remarquent une belle ordonnance, une heureuse disposition de groupes,
des plans divers, des raccourcis, du clair-obscur, le mouvement, l'ac-
tion, l'expression enfin du geste et du visage. On peut citer, en ce genre,
l'admirable mosaïque trouvée à Pompeï, clans la maison dite du Faune.
sition des étages supérieurs des habitations romaines... Nous n'avons
d'ailleurs point ici, comme dans beaucoup de peintures campaniennes,
une architecture toute de fantaisie, où sont changées toutes les relations
et proportions ordinaires, où tous les membres sont détournés de leur
emploi naturel et engagés clans des combinaisons qu'il serait impossible
de réaliser. Le peintre nous a représenté de son mieux, on a tout lieu de
le croire, une de ces hautes maisons dont parlent Juvénal et Martial. »
III.
Parmi les détracteurs des anciens, Claude Perrault mérite d'occuper
la première place. Dans ses Parallèles des anciens et (les modernes, le
célèbre auteur de la colonnade du Louvre et traducteur de Vitruve
s'avança jusqu'à refuser à Apelles et à Parrhasius la connaissance de la
perspective ainsi que l'art de graduer les effets d'éloignement.
Plus tard M. de Pauw, auquel on doit d'intéressantes Recherches phi-
losophiques sur les Grecs, trouva surprenant que les modernes se fussent
livrés à tant de conjectures et qu'ils s'engageassent encore dans des
contestations aussi opiniâtres touchant les connaissances des anciens
concernant la perspective, puisque les Grecs eux-mêmes ont avoué que
ces connaissances leur manquaient absolument : « car, dit-il, jamais
aucun d'entre eux n'osa s'essayer dans le paysage, ou si quelque le tenta,
l'oubli complet où son nom tomba, démontre assez l'inutilité de ses
efforts. »
Il est difficile de ne point partager l'opinion de ces deux auteurs dans
le sens rigoureux du mot; cependant on reconnaîtra qu'à l'exemple de
leurs adversaires, ils dépassent le but l'un et l'autre, en n'admettant
pas même chez les anciens l'existence d'une perspective idéale. Le der-
nier argument de M. de Pauw est d'ailleurs complètement faux. Non-
seulement, en effet, les peintres de l'antiquité possédaient les premiers
éléments de la perspective et savaient traiter tous les genres : histoire,
mythologie, paysages, marines, animaux, fruits, fleurs et jusqu'à la cari-
cature, comme le prouvent les nombreuses fresques d'Herculanum et de
Pornpeï, mais ils ont aussi laissé de grands sujets embrassant de vastes
compositions, telles que des vues architectoniques et des batailles, où se
remarquent une belle ordonnance, une heureuse disposition de groupes,
des plans divers, des raccourcis, du clair-obscur, le mouvement, l'ac-
tion, l'expression enfin du geste et du visage. On peut citer, en ce genre,
l'admirable mosaïque trouvée à Pompeï, clans la maison dite du Faune.