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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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Nr. 2
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Lemonnier, Camille: Alfred Stevens, [1]: les artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0176

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262 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pas, la vision est significative ; la fille d'Eve, parée des vêtements
de la fille de Ko-lli, vous présente sur le seuil la coupe d'or de sa
beauté.

Aussi n'ai-je pas commencé sans motif cette étude par le merveilleux
cabinet; d'autres se font des portiques de pierre et de marbre; mais
ici, le cabinet japonais semble l'antichambre naturelle de l'atelier du
peintre. Le Japon est comme la clef d'or laissée sur la porte et qui donne
accès aux surprises de cet art si moderne.

Alfred Stevens est né à Bruxelles, le 11 mai 1828 : ce peintre de la
grâce parisienne devait naître dans la patrie des matrones flamandes.

Il était le second cle trois enfants. Joseph, l'aîné, devait être plus
tard ce beau peintre d'animaux que chanta Baudelaire dans ses Curio-
sités esthétiques; au cadet, Arthur, était réservé l'honneur cle combattre
le bon combat pour l'art des Millet, des Rousseau, des Corot, et d'être,
par la plume et la parole, un des plus ardents champions de la vérité en
peinture. Mais tandis qu'Arthur rêvait aux significations mystérieuses de
la couleur, les deux autres frères s'armaient de la brosse et du crayon.
Chose charmante et rare ! la fraternité cle ces trois hommes, com-
mencée avec le sang, s'est étendue petit à petit à l'esprit; la main
dans la main, ils ont marché par le monde, portant au front le même
idéal.

Or, M. Léopold Stevens le père, qui avait servi dans l'armée (il
avait même suivi à Waterloo le prince d'Orange en qualité d'officier
d'ordonnance), avait un rêve cpii n'était pas celui d'un soldat : il rêvait
d'avoir un artiste parmi ses fils. Il en espérait un, il en eut trois. Joseph
était bien jeune encore quand il lui fit peindre un jour, d'après Roque-
plan, un Clair de lune. L'imitation fut complète. M. Stevens montra la
copie à un de ses amis, marchand de tableaux.

a Voici vingt francs, mon garçon, dit l'ami à Joseph. » Et il emporta
le Joseph-Roqueplan, enchanté du peintre et de la copie.

M. Stevens aimait les arts avec passion; sa maison était remplie cle
Delaroche, cle Deveria, de Chariot, de Gudin, de Roqueplan, de Johan-
not, de Robert-Fleury. Madou avait là son premier tableau et Wappers
son Bourgmestre de Leyde; mais les sympathies de M. Stevens allaient
de préférence aux œuvres rucles d'un jeune homme qui s'appelait Dela-
croix. Alors que les yeux étaient fermés encore à cette grande lumière,
son instinct avait pressenti la gloire d'un maître; il montrait avec or-
gueil des aquarelles où le hardi pinceau de Delacroix avait zébré d'un
jaune feu des panthères et des lionnes; il admirait cette traduction
 
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