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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 17.1878

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https://doi.org/10.11588/diglit.22837#0414

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384 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et par écoles, contrairement à ce qui se fait pour l'étude de l'art de la peinture à
partir de sa renaissance en Italie.

Mais, considérés au point de vue « documentaire», comme on dit aujourd'hui àl'École
des Chartes, les Mémoires que le R. P. Cahier a réédités en les rajeunissant, surtout
par des notes qui ont souvent plus d'importance que le texte, abondent en faits intéres-
sants rassemblés à l'aide d'une vaste érudition, et à la suite de formidables lectures.

Comme il est sans cesse préoccupé de venger le moyen âge et les moines de l'accu-
sation d'avoir méprisé et honni l'antiquité, il cite un curieux passage d'un auteur du
ixe siècle. Saint Théodore Studite écrivant à des religieuses les engage à « fixer leurs
regards sur les grands exemples laissés par les saints, de môme que l'artiste s'impose
d'étudier le bel antique. »

Au ixe siècle, en effet, l'art est tout imprégné de l'antique, traduit par des bar-
bares, si l'on veut; et, plus tard, lorsque l'art, sous des mains françaises, prit ce
caractère particulier auquel on donne le nom de gothique, c'est lui que l'on prétendait
encore imiter. Certaines statues de la cathédrale de Reims en font foi, ainsi que
quelques bas-reliefs de la cathédrale d'Auxerre : Villard de Honnecourt, dans son
Album, nous donne quelques croquis qu'il dit expressément avoir faits d'après des
œuvres païennes, bien qu'elles y ressemblent fort peu, car le sentiment du fac-similé
est un sentiment tout moderne.

Il y aurait, dans cette voie, une intéressante étude à faire pour qui aurait le goût de
comparer, un fidèle crayon à sa disposition, le loisir de voyager et du temps à perdre.

Si le fil conducteur, parmi les divisions d'un livre fait de mémoires rapportés, il
faut bien le dire, est cette préoccupation de retrouver pendant tout le moyen âge
l'étude constante de l'Antiquité, il n'en faut pas conclure que le R. P. Charles Cahier
soit, non pas un païen, mais simplement un classique.

Voici ce qu'il dit en effet à propos des arts du moyen âge et de l'Antiquité, et c'est
par cette citation que nous terminerons cette étude superficielle d'un livre dans lequel
il y a énormément à apprendre, livre que termine un mémoire très-intéressant, à la
science duquel s'ajoute le mérite d'une composition bien ordonnée, sur les « Biblio-
thèques espagnoles du haut moyen âge », par le R. P. Jules Tailhan.

« Au moyen âge, chez nos aïeux, dit le W. P. Ch. Cahier, le défaut de dessin et de
tout ce qui est technique est compensé par le sentiment. II y avait manque d'expé-
rience et d'études; mais quelque chose y vivait, de l'héritage légué par l'art chrétien
primitif. Dans la réaction contre le paganisme, peu importait le matériel ; l'idéal était
tout, d'autant plus que l'autre partie avait été puissamment étreinte par l'Antiquité
idolâtre qui se l'était comme appropriée. Et puisque l'art païen avait tout donné à
l'extérieur, à la forme, l'art du christianisme voulut tout donner à l'âme, au mysti-
cisme. L'un et l'autre étaient incomplets sans doute; mais encore une fois là où ces
deux vies ne s'embrasseront pas sans que l'une des deux soit étouffée par l'autre, l'art
le plus honorable à l'homme et celui qui l'éleva le plus est celui qui, dans l'enfance
des moyens, a trouvé la plus grande hauteur des sentiments. »

Mieux vaudrait assurément le mens sana in corpore sano, ou si l'on aime mieux
l'alliance de l'idéalisme et de la forme. Quelques artistes l'ont réalisée au xvie siècle et
de nos jours; mais lorsque l'alliance ne se rencontre pas, bien que nous soyons doué
d'une certaine dose d'éclectisme, nous partageons en art le sentiment du savant jésuite.

ALFRED DARCEL.

Le Rédacteur en chef, gérant : LOUIS GONSE.
PARIS. — Impr. J. CLAYE. — A. Qr/ANTIN et C\ rue SaintxBenoît. — [429j
 
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