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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 1
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Montaiglon, Anatole de: Jean Goujon et la vérité sur la date et le lieu de sa mort, 2: d'apres un document découvert par M. Sandonnini
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0012

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

G

de l'architecte est du 3 août 1540, et il resta le constructeur du
bâtiment neuf du Louvre jusqu’à sa mort, sous Henri III, en 1578.
Ce fut évidemment Lescot qui amena Goujon avec lui.

Où se sont-ils liés ? Lescot l’a-t-il fait venir de Rouen, ou ne l’a-t-il
connu qu’à Paris sur le chantier du Pupitre de Saint-Germain?
Toujours est-il que dès lors ils ne font qu’un. La Fontaine des
Innocents est la preuve de cette intime et complète collaboration,
basée sur une communauté profonde de sentiment et de goût. La
sculpture et l'architecture, là comme au Louvre, sont si indisso-
lublement unies qu’elles paraissent conçues ensemble et nées en
même temps. Il semble que l un aurait pu penser pour l’autre, et il
n'y a guère d’exemple d’une collaboration et d’un travail en commun
aussi homogènes. C’est tellement vrai que celles des sculptures du
Louvre qui doivent être postérieures à Jean Goujon peuvent encore
passer pour être de lui et avoir été sculptées d’après ses patrons, tant
elles sont dans son esprit. Il est impossible que, dès le premier jour,
il n’ait pas arrêté et dessiné les sujets et les formes qui devaient
habiller la façade tout entière.

Le plus ancien ouvrage de Goujon au Louvre est en même temps
le plus important et le plus beau, et ce n’est pas un bas-relief, mais
une ordonnance de statues. Corrozet a dit que François Ier fit com-
mencer, « par devant son trépas, une grand’salle à la mode des
Antiques ». C’est pour elle, à l’opposé du Tribunal, adossé au midi,
que Goujon fît la tribune des musiciens, portée par une ligne de
statues de femmes qui restent l’honneur du règne de Henri IL Comme
Sauvai a connu le marché, passé le 5 septembre 1550, de ces quatre
cariatides, qui devaient être en pierre de Trossy, des carrières de
Saint-Leu, nous savons qu’elles montaient à 737 livres tournois,
46 livres pour un modèle en plâtre et 80 écus soleil pour chaque figure.

Goujon avait déjà dessiné des cariatides féminines et masculines
pour l’illustration du texte de Yitruve. Quand il dut en faire lui-même,
il leur coupa les bras pour insister sur leur destination architecturale
et ne pas rompre par un geste la rectitude et la stabilité de la colonne
dont elles jouent le rôle. Dans leur calme et leur immobilité, c’est la
beauté même. Alors que la plupart des cariatides ne sont que des
statues déguisées et pénibles à voir pour être injustement condamnées
au supplice de porter une charge pour laquelle elles ne sont pas faites,
les plus pures et les plus belles cariatides qui existent sont certai-
nement, avec celles du temple d’Erechtée à Athènes, celles de Jean
Goujon, qui ne connaissait pas la Grèce, — les antiques plus grandioses
 
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