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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 1
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Garnier, Édouard: La céramique et la verrerie modernes: 8e exposition de l'Union Centrale des Arts Décoratifs
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0043

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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originalité de forme et d’ornementation qui les distingue absolument
de tout ce qui a été fait jusqu’à présent en céramique et qui témoigne
d’un sentiment décoratif très particulier. M. Jouneau a su adjoindre
à ce procédé celui des pâtes blanches auxquelles il est arrivé, par une
extrême délicatesse et une grande habileté de facture, à donner de
la transparence malgré l’opacité de l’argile, et, dans l’association de
ces deux modes de décoration, il a su trouver des effets nouveaux,
d’un art distingué, et qui promettent des résultats remarquables
quand ils seront appliqués à des œuvres plus importantes que celles
qui figuraient dans la modeste vitrine du jeune céramiste.

La verrerie nous réservait avec M. Rousseau la surprise d’un art
presque inconnu, celui des verres doublés ou verres à deux couches. Bien
qu’il ait été pratiqué par les habiles verriers d’Alexandrie, et peut-
être aussi par ceux de l’Italie méridionale, vers le 11e et le m° siècle de
notre ère, cet art dont il ne nous reste que quelques rarissimes et
merveilleux spécimens, —le vase dit de Porlland au British Muséum,
la coupe du musée de Naples, les fragments du Louvre et ceux de la
riche collection de M. Julien Gréau, — avait été si complètement perdu
et oublié en Europe que l’on peut regarder sa résurrection comme
une nouveauté. Ce ne sont pas cependant les produits de la verrerie
antique qui semblent jusqu’à présent avoir guidé M. Rousseau dans
ses recherches, mais bien plutôt ceux de l’extrême Orient où l’industrie
des verres à plusieurs couches était connue, mais où on l’a réservée
exclusivement à la confection de très petits objets, entre autres de
ces fioles plates, désignées dans le commerce sous le nom de tabatières,
et qui imitent avec une si grande perfection les jades, les sardoines
et les pierres les plus précieuses qu’il faut souvent les examiner avec
la plus grande attention pour se rendre un compte exact de la matière
que l’on a sous les jeux.

M. Rousseau, qui, sans être fabricant dans le sens réel du mot, est
cependant lui-même son propre artisan, est arrivé à un résultat qui
ne nous laisse plus rien à envier à l’Orient sous ce rapport. Il a
trouvé pour la couche supérieure de ses verres, pour l’enveloppe, des
colorations d’une intensité et d’une vigueur étonnantes, et que fait
d’autant mieux valoir la transparence limpide du dessous, découvert
et mis à nu au moyen de la gravure à la roue, par des motifs décoratifs
d’un arrangement et d’un goût parfaits dans leur sobriété.

Sachant tirer parti avec une habileté extrême des ressources
infinies que présentent la fabrication et la décoration du verre, profi-
tant même des accidents et des coulures qui se produisent souvent au
 
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