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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Rubens, 12
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0133

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124

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

projets. Rubens prit alors une attitude qui, demeurant courtoise et
prudente, marqua de sa part une certaine audace. Il alla trouver
Charles Ier : sans lui dire que les paroles royales avaient des ailes, il
lui fit comprendre que l’écriture est moins fuyante et le pria de fixer
sur le papier les excellentes promesses qu’il avait bien voulu lui faire
dans leur dernière entrevue. Charles Ier, un peu étonné d’abord,
acquiesça à cette demande hardie. Et, en effet, le 13 juillet, une note
signée du grand trésorier fut remise à Rubens. Cette feuille de papier
avait de l’intérêt : elle disait que l’Angleterre était disposée à conclure
une paix inviolable, à la condition, toutefois, que Philippe IV s’enga-
gerait à remettre les villes du Palatinat qui étaient en son pouvoir et
à intervenir auprès de l’empereur et du duc de Bavière pour que
satisfaction fût donnée aux parents du roi d’Angleterre, c’est-à-dire
à sa sœur Elisabeth et à son beau-frère Frédéric V, comte palatin
du Rhin. Il était, en outre, stipulé que S. M. Espagnole enverrait
un ambassadeur à Londres; Charles Ier promettait enfin, sur sa foi
royale, de ne faire avec la France aucune ligue au préjudice de l’Es-
pagne. En remettant cette note à Rubens, Charles Ier lui dit qu’il se
confiait à sa loyauté aussi bien qu’à celle du comte d’Olivarès, et
qu’il n’aurait pas agi aussi franchement avec Richelieu, qui, une fois
en possession d’un écrit, avait coutume d’en tirer avantage dans ses
manœuvres contre son adversaire.

Il semble vraiment que, vis-à-vis de Rubens, Charles Ier garda en
tout ceci l’attitude d’un gentleman très authentique. De son côté,
Rubens resta fidèle à ses habitudes de correction et tout le monde lui
en tint compte. Le 10 juillet, lord Richard Weston écrivait à Olivarès
que l’intelligence et la franchise du peintre flamand lui avaient mérité
l’estime des grands personnages delà cour. Le langage de Cottington
n’était guère moins aimable, et partout, en effet, l’artiste recevait un
accueil plein de sourires. Nul honneur ne paraissait trop haut pour
lui. Le 23 septembre, Rubens fut, en même temps que son beau-frère
Henry Brant, fêté par l’université de Cambridge, qui lui conféra,
avec une grande dépense de rhétorique latine, le titre de magister in
artibus L Des consolations se mêlaient donc à ses ennuis.

A Madrid, Olivarès n’avait pas manqué de communiquer à la
junte d’Etat les principales dépêches de Rubens. Ces lettres furent
approuvées dans la séance du 20 août, et il fut décidé que des
remerciements seraient adressés à l’habile négociateur. Peu de jours

1. Sainsbury, Paper s relating to Bubens, p. 4 38.
 
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