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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Rubens, 12
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0143

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134

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

esquisses existent encore : elles ont reparu, en 1857, à l’Exposition
de Manchester où elles avaient été envoyées par les héritiers de
M. J. Smith Barry, et où nous les avons admirées. Les unes sont de
simples grisailles; les autres mêlent à leur pâleur blonde quelques
rehauts de couleur. Burger a très bien dit quelle liberté de pinceau
brille dans ces esquisses qui sont le triomphe de l’esprit1.

Rubens ayant fait d’autres travaux pour Charles Ier, on s’est
demandé s’il 11e convenait pas d’en placer l’exécution au moment du
voyage de 1629-1630. La question se pose, notamment, à propos d’une
œuvre d’orfèvrerie qui nous est connue par l’eau-forte de Jacques
Neefs. C’est une aiguière avec son bassin, dont le maître donna le
modèle et qu’on sait avoir été exécutée en argent. Avec le nom du
graveur et de l’éditeur, la planche, dont on trouvera le fac-similé
dans le livre de M. Hymans, porte deux inscriptions curieuses :
P. P. Bubens pinxÀt pro Carolo I magnæ Britaniæ Francise et Hiberniæ
Bege, et, au-dessous, Theodorus Bogiers celavit argento. Sur la panse
du vase, dont la forme pseudo-italienne rappelle de loin les inven-
tions de Polydore de Caravage, se déroule une frise où l’on voit le
Jugement cle Paris, avec les trois déesses dépouillant leurs vêtements
devant le berger, Mercure tenant la pomme et, aux deux extrémités,
des figures accessoires. Le bassin est plus compliqué : sur la bordure,
où l’ornementation devait accuser de vigoureux reliefs, sont des
nymphes chevauchant des dauphins, des amours jouant avec des
hippocampes, une rivière et un fleuve accoudés parmi les roseaux sur
une urne ruisselante. La partie centrale du plateau représente un
triomphe de Vénus, avec le cortège des divinités marines et des tritons
soufflant dans leur conque.

Le modèle — c’est vraisemblablement une grisaille — fut, ainsi
que nous l’avons dit, exécuté en argent par Théodore Rogiers. On
est tenté d’abord de voir dans l’aiguière de Charles Ier un travail

1. Nous n’avons pas la certitude que les cartons de l’Histoire d’Achille aient été
exécutés en tapisserie par les ouvriers de la fabrique de Mortlake. Le silence de
M- Eugène Müntz à cet égard semblerait indiquer que F. Crâne, qui mourut d’ailleurs
en 1636, n’eut pas le temps d’utiliser les modèles de Rubens. (La Tapisserie en
Angleterre. Gazette, 1er août -1884.) Les exemplaires qu’on en rencontre pro-
viennent des manufactures de Bruxelles. D’après M. Alphonse Wauters, la tenture
se compose de huit pièces; car des sujets nouveaux paraissent avoir augmenté la
série. Toutes ces tapisseries seraient en outre fort postérieures au voyage de
Rubens à Londres. Voij. A. Wauters, les Tapisseries bruxelloises, 1878, p. 236
et 436.
 
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