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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 2
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Gonse, Louis: L' art de batir chez les Byzantins
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0192

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GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

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Dans une introduction qui est à lire avec le soin le plus attentif,
l’auteur définit avec une netteté parfaite le but et les limites de ses
recherches : d’abord les attaches lointaines de l’art byzantin avec
l’art romain, ses origines orientales, puis son développement dans
l’empire grec jusqu’à l’édification de Sainte-Sophie de Constantinople.
Quant aux documents mis en œuvre par M. Choisy, ils ne pouvaient
être autres, pour un esprit aussi pratique, que les monuments eux-
mêmes avec les traditions locales qui s’y rattachent. Chargé d’une
mission officielle, c’est sur les lieux où subsistent encore les restes
caractéristiques de l’art byzantin, dans tout le bassin de l’Archi-
pel, en Grèce, à Constantinople et en Asie Mineure, que celui-ci a
recueilli les matériaux de son travail. Mais il n’a point essayé
d’embrasser l’art byzantin dans son ensemble et de le décrire dans
toute la variété de ses applications ; il a restreint la question en
l’abordant par les côtés techniques et en faisant abstraction des
formes décoratives pour considérer spécialement la structure. Bâtir
a été, aux yeux des Byzantins, le rôle essentiel de l’architecte. Les
artistes qui ont élevé la citerne des Mille-et-une-Colonnes, à Cons-
tantinople, la mosquée de Damas, le temple de Spalatro, les églises
de Sainte-Sophie à Salonique et à Constantinople étaient avant tout
de grands constructeurs.

En réalité l’art byzantin doit peu à l’art romain. L’église grecque
ne doit rien ou presque rien à la basilique latine. La mer Adriatique
semble être la ligne naturelle de partage entre les deux arts. « En
deçà, dans les contrées de langue latine, remarque M. Choisy, règne
un système de construction issu de toutes pièces du génie organisateur
de Rome ; au delà, la civilisation et l’art prennent peu à peu les
couleurs de l’Orient : là commence un monde demi-grec, demi-
asiatique, parlant la langue grecque, et dont l’architecture reproduit
les types helléniques modifiés par un rayonnement de l’Asie. » La
conquête de l’Occident par Rome fut complète, ce fut comme la révé-
lation d’un principe civilisateur, une véritable absorption. Tout autre
fut l’effet de la domination romaine en Orient. Ici, fait observer
avec une rare justesse M. Choisy, les rôles se renversent; c’est
l’Asie qui domine l’intruse et lui impose ses mœurs, ses traditions.
L’art grec tel que l’avait créé l’école d’Alexandrie se défend contre
l’invasion des idées latines ; il maintient ses éléments fondamentaux
et se retrouve presque intact le jour où l’Orient redevient un empire
à part avec Constantinople pour capitale. Rome détruite, le courant
oriental reprend sa marche naturelle. « Rome, dit M. Choisy, avait
 
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