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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 3
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Guiffrey, Jules: Correspondance inédite de Maurice Quentin de la Tour, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0216

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204

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Je n’ai pas l’intention de reprendre une par une et de contrôler
ici toutes les assertions des historiens ; la place et les preuves me
feraient également défaut. Je me propose seulement de rectifier, en
m’appuyant sur des documents inédits ou peu connus, certaines cir-
constances de la vie de La Tour. Je laisserai aux historiens de l’avenir
le soin de rattacher ces éléments nouveaux aux faits bien établis et
aux résultats de leurs propres investigations.

I.

L’exact Mariette affirme que, pour se soustraire aux volontés d’un
père assez mal disposé pour les arts et les artistes, La Tour n’aurait
pas hésité à se sauver de Saint-Quentin et à se réfugier à Paris vers
l’âge de quinze ans. Et tous les biographes de copier à l’envi l’anecdote.

Or une aventure de jeunesse, dont on doit la connaissance à
M. Ch. Desmaze, expliquerait d’une tout autre manière cette fuite et
cette arrivée à Paris. Comme l’aventure ne faisait pas beaucoup
d’honneur à son héros, on s’explique facilement qu’il ait cherché plus
tard à en dissimuler le souvenir et à donner le change à ses contem-
porains.

Voici les faits tels qu’ils ressortent de la pièce découverte par
M. Desmaze L

La Tour avait une cousine un peu plus âgée que lui, nommée Anne
Bougier, fille de Philippe Bougier, chantre en l’église métropolitaine
de Sens, et d’Anne La Tour. La pauvre fil le vivait dans une situation
fort modeste, n’ayant, dit l’acte en question, d’autre métier que de
tricoter des bas. Elle était née à La Fère, mais sa famille tirait son
origine de Laon, son aïeul paternel, Jean de La Tour, ayant exercé
dans cette ville la profession de maître-maçon. Ce Jean de La Tour
est le grand-père du pastelliste qui, bien que né à Saint-Quentin, se
rattache directement, on le voit, par l’origine de sa famille, à la ville
de Laon.

Anne Bougier, pour son malheur, vint avec sa mère s’établir à
Saint-Quentin. C’est là qu’elle connut, dans le courant de l’année 1722,
son cousin Maurice Quentin de La Tour. Le jeune homme vif, aimable,
séduisant, fit naturellement à sa jeune parente une cour assidue. La

1. Voyez Nouvelles archives de l’art français, 1874-3, p. 303-4, et le Musée De
La Tour, à Saint-Quentin, par M. Ch Desmaze, 1877, in-fol.
 
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