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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 3
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Courajod, Louis: Une statue de Philippe VI au Musée du Louvre et l'influence de l'art flamand sur la sculpture française à la fin du XIVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0231

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218

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

au xvne siècle, et, dès le xvie, elle avait été gravée d’après le dessin
de Rabel pour être insérée dans les Antiquités et singularités de Paris
de Gilles CorrozetL Le continuateur de Gilles Corrozet, Nicolas
Bonfons, s’est exprimé ainsi sur le compte de la statue de Phi-
lippe VI. « Au monastère des Jacobins, il se voit une sépulture de
marbre noir et l’effigie d’albastre, où furent mises les entrailles de
Philippe de Valois, surnommé par les prélats de France le vray
catholique. En ce lieu est escrit ce qui en suit : « Les entrailles du
roi Philippe le vray catholique qui régna vingt et deux ans et
trépassa le vingt et huictiesme jour d’aoust l’an mil trois cens cin-
quante. La susdite sépulture de laquelle voyez la figure a este faicte
à la diligence de la royne Blanche son épouse; son portraict est
différent à celui qui se void au monastère Sainct-Denys en France,
d’autant que cestuy représente son jeune aage, l’autre de Sainct-Denys
représente l’aage plus ancien où il est mort. » On verra tout à l’heure
que la distinction à établir entre les deux statues qui représentaient
Philippe VI, bien constatée dès le xvie siècle, n’est pas sans impor-
tance.

Quand j’étudiai pour la première fois cette sculpture avant d’en
solliciter le transfert au Musée du Louvre, j’ai été frappé du caractère
extrêmement réaliste ou naturaliste de l’œuvre, et j’avoue que je fus
quelque temps avant de me décider à y reconnaître le travail d’un
artiste qui aurait appartenu au milieu du xive siècle français. Cette
figure contraste, en effet, avec ce que nous savons de la statuaire de
la première moitié du xive siècle, époque pendant laquelle se conti-
nuent les traditions du grand siècle de notre sculpture nationale 2.
Ce qui caractérise les œuvres du xive siècle, c’est la recherche de

1. Édition donnée par Nicolas Bonfons, '1588, livre II, f° 88 verso.

2. Pour nous convaincre que le style traditionnel de l’école française du siècle
précédent était encore en vigueur à Paris vers 1350, il suffit de signaler les
sculptures exécutées par Jehan Ravy et Jehan Le Bouteillier sur le mur du
pourtour extérieur du chœur de Notre-Dame de Paris, ouvrage terminé en 1351
dont le succès fut très grand, et la statue de Pierre du Fayet, aujourd’hui au
Louvre n° 77. Le chanoine Pierre du Fayet, mort dès 1303, avait contribué de ses
deniers à l'embellissement du chœur de la cathédrale de Paris. Conférez également
la Vierge de marbre venant de Maisoncelles (Louvre) ainsi que les nombreuses
Vierges de marbre datant indiscutablement de la première moitié du xiv® siècle et
notamment la statue en marbre dite de Notre-Dame la Blanche donnée en 1340 par la
reine Jeanne d’Évreux à l’église de Saint-Denis, aujourd’hui conservée dans l’église
de Saint-Germain des Prés à Paris. Comparez aussi la statue de femme provenant
de la chapelle de Beauvais, posée actuellement sur le prétendu tombeau d’IIéloïse
et d’Abélard, et enfin tous les tombeaux de Saint-Denis antérieurs à 1350.
 
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