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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 3
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Phillips, Claude: Exposition d'oeuvres de maîtres anciens à la Royal-Academy: correspondance d'angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0290

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276

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

authentique et admirable, les Chasseurs, envoyé par la reine de Buckingham
Palace : il est signé et daté 1651.

L’école anglaise brille d’un vif éclat à l’exposition actuelle. L’Académie s’est fait
un point d’honneur, en réunissant un choix des plus beaux Gainsborougli, de
lutter avec l’exposition spéciale de la Grosvenor. Cette rivalité a eu un résultat on
ne peut plus heureux : celui de compléter une série sans pareille des œuvres de
cet incomparable artiste. Voici un superbe portrait du Marquis de Lansdowne
(à M. Mansel Lewis), poudré et vêtu d’un habit rouge avec gilet bleu galonné d’or.
Voici aussi la délicieuse Lady Mulgrave (à M. Price), échantillon tout à fait carac-
téristique de la manière vaporeuse de Gainsborough ; et puis un portrait, plus
réussi encore et d’un coloris surprenant, de MM. Hibbert (à M. llibbert) ; et finale-
ment le grand portrait en pied, Squire Milliard et son épouse (à sir N. M. de
Rothschild), qui nous montre deux tout jeunes mariés se donnant le bras. C’est
une œuvre capitale de cette même manière vive et élégante du maître.

Reynolds est représenté par une série nombreuse de toiles qui ne sont ni les
plus séduisantes ni les mieux conservées que nous connaissions de lui. Il faut
cependant faire exception en faveur de la célèbre Miss Penelope Boothby
(à M. Thwaites), un Reynolds de la plus belle eau : c’est une ravissante petite fille,
vue de face, vêtue de mousseline blanche, avec des mitaines noires. Peu de toiles
du peintre ont aussi complètement conservé leur transparence admirable de coloris,
et en la contemplant on regrette plus amèrement les ravages que le temps a exercés
sur la plupart de ses œuvres. Il faut encore citer de lui une très belle ébauche de
Mrs Fazakerley (à Mlles Vernon), d’une fermeté rare et surtout intéressante parce
qu’elle nous laisse surprendre les procédés d’exécution du maître, et un portrait en
pied d’un jeune gentleman campagnard, en habit marron, John Musters Esqre
(à M. Musters), dont la tête est une merveille : le reste du tableau paraît avoir été
peint par un des nombreux aides de Reynolds.

L’espace me manque pour énumérer les Hogarth, les Morland, les Constable,
les Ward, les Wilkie, qui représentent fort dignement l’école anglaise. Il faut
cependant signaler plusieurs Turner importants, entre autres le Pont du diable
(Saint-Gothard), peint en 1815, qui se distingue par la grandeur des lignes
générales et le remarquable modelé des rochers, et l’Incendie du palais du Parle-
ment en 1834, peint en 1835 (à M. Holbrook Gaskell). Dans cette toile, le peintre a
voulu rendre un effet étrange, — le conflit entre la lumière naissante d’une nuit
qui touche à sa fin et les lueurs d’un immense incendie. Signalons encore une
marine de Boninglon : Un marché au poisson a Boulogne.

La place d’honneur de la première salle est occupée par une grande étude d’un
lion mort, intitulée : le Monarque tombé, par sir Edwin Landsecr (à M. Agnew).
L’animal est d’un dessin assez juste, mais la couleur est terne et désagréable, la
touche sans solidité. Il est aujourd’hui bien difficile de comprendre la très grande
vogue dont a joui ce peintre et qu'il conserve encore en Angleterre auprès de
beaucoup de gens, si Ton ne se souvient que toute une société, frivole et souvent
ignorante des choses d’art, mais fort intéressée aux questions de sport et de chasse,
s’est passionnée pour Landsecr et en a fait son idole. C’était un fort habile
portraitiste d’animaux, — de chiens et de chevaux surtout, — et il se distinguait
par un genre de sentimentalité très goûté à un certain moment. La postérité ne
ratifiera certainement pas le jugement des contemporains.

CLAUDE PHILLIPS.
 
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