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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 4
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Michel, André: L' exposition d'Eugène Delacroix à l'École des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0309

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L’EXPOSITION D'EUGÈNE DELACROIX.

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d’hui un lieu commun fut entrevue par le romantisme : « Il y a autant
de beautés que de manières habituelles de chercher le bonheur »,
disait Stendahl; toutes les formes d’art sont légitimes qui expriment
une façon de comprendre ou de rêver la vie. « Cette fameuse beauté
suprême, écrivait Delacroix, est au dire de tout le monde le but des
arts; si c’est là l’unique but, que deviennent les gens comme Rubens,
comme Rembrandt?... » Et il ajoutait : « Nos maîtres, pour donner
do l'idéal à une tète d’Egyptien, la rapprochent du protil d’Antinous...

Les tètes de Girodet sont un exemple divertissant de ce principe :
ces diables de nez crochus, de nez retroussés que fabrique la nature,
le mettent au désespoir. » Il aimait à citer ce vers de la Fontaine :

Comme me voilà fait ! — Comme doit être un ours.

Qui t’a dit qu’une forme est plus belle qu’une autre?

On était las, à la fin, de copier le profil d’Antinous; on commençait
à s’apercevoir que la contemplation d’un tableau de Girodet était
décidément stérile.

Mais ce ne fut là qu’une des causes du mouvement romantique. Au
fond, il fut suscité par les sentiments nouveaux qui, après la Révolu-
tion et les guerres de l’Empire, après Austerlitz, Waterloo et Sainte-
Hélène, bouillonnèrent dans tous les jeunes cœurs. Les âmes, profon-
dément remuées par les événements prodigieux qui venaient de
transformer le monde, renouvelées par l’apport alors tout nouveau
 
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