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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 4
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Comte, Jules: Exposition des dessins, aquarelles et estampes de Gustave Doré
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0385

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368

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pour bien laisser à cet hommage tout son caractère et toute sa portée, c’est dans
les salons mêmes du Cercle de la librairie qu’ils ont installé l’exposition.

Avec quel soin et quel goût, on le devine, si on sait que c’est M. Plon qui a
présidé à tous les détails. Le regard s’arrête, tout d’abord, en haut de l’escalier,
sur le portrait de Gustave Doré; il est signé Carolus Duran, ainsi que cet autre,
plus grand, que nous allons retrouver au centre du panneau du fond, et où le
maître a peint son ami perché au sommet d’une échelle, dans l’intimité simple et
vivante de l’atelier; tout autour du palier, nous reconnaissons les dessins de la
Marseillaise et du Chant du départ, puis les reproductions de quelques-unes des
sculptures et des principaux tableaux de Doré ; de même les murs des salons dis-
paraissent sous les cadres des aquarelles et des dessins choisis par les organisateurs;
enfin sur une vaste table sont amoncelés plus de cinquante volumes, la plupart in-
folio-; c’est là que stationne plus volontiers la foule des visiteurs; c’est là qu’est
vraiment tout l’artiste!

Un guide nous serait bien nécessaire, pour préciser certaines dates et mettre
un peu d’ordre dans nos souvenirs; nous l’avons là, tout prêt, sous la
forme d’un catalogue rédigé par M. Georges Duplessis, qui lui a donné comme
préface une notice biographique des plus complètes. Nous ouvrons le volume: c’est
un véritable travail de bénédictin auquel a dû se livrer l’auteur pour arriver à
reconstituer ainsi la liste de toutes les publications auxquelles Doré a collaboré.
M. Duplessis y a compris jusqu’aux recueils périodiques; il y a joint l’énumération
de tous les ouvrages envoyés par Doré aux expositions; nous n’avons plus qu’à
nous laisser conduire, nous sommes certain de ne pas nous égarer.

Et tout d’abord, nous allons où va la foule, aux livres : bien entendu, nous ne
feuilletons que les plus importants et les plus connus.

La vie de Doré n’est-elle pas tout entière entre ces pages où il a mis le meil-
leur de son imagination, où il a dépensé sans compter le résultat de plus de trente
années d’un labeur ininterrompu? On nous parle de soixante-quinze mille dessins
qu’il aurait exécutés : le chiffre est colossal; s’il honore le travailleur, il pourra
bien aussi excuser certaines faiblesses, expliquer d’inévitables défaillances.

Doré était né à Strasbourg, le 6 janvier 1832; il avait dix ans, quand son père,
ingénieur des ponts et chaussées, fut envoyé à Bourg. Ces premières années sont
importantes à noter; les châteaux démantelés des bords du Rhin et les gnomes de
la cathédrale laissèrent dans l’esprit de l'enfant un souvenir ineffaçable dont nous
retrouverons partout la trace; l’Alsacien restera aussi un ardent patriote. Les
excursions qu’il va faire avec son père au travers des sites grandioses de la Bresse
achèveront de compléter sa personnalité qui s’ignore encore, en lui inspirant le goût
des paysages accidentés et des larges horizons.

Le dessinateur, en lui, fut aussi précoce que spontané. Entré au collège de
Bourg, c’est par le crayon qu’il notait ce qui l’avait frappé, qu’il résumait toutes
ses impressions, qu’au sortir du théâtre où on l’avait conduit il s’essayait à repro-
duire dans leur ensemble les scènes qui l’avaient le plus vivement frappé. On com-
prend que l’analyse n’ait jamais été son fait; dès le début il fut un « synthétiste ».
Si forte, si évidente cependant que fût sa vocation, il lui fallait un point de départ
pour se manifester et s’ouvrir une voie : l’occasion se présenta dans une suite de
numéros du Journal pour rire qui tombèrent sous scs yeux; il ne manqua pas de la
 
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