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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 5
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Molinier, Émile: La collection Albert Goupil, 1, L'art occidental
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0405

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LA COLLECTION ALBERT GOUPIL.

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réduction en cire peinte et dorée de la figure si connue de M. Antonin
Mercié, le David vainqueur de Goliath, auquel l’adjonction de paillons
et de verroteries multicolores donne un aspect tout à fait original;
enfin le buste de M. Gérome par Carpeaux, œuvre extrêmement
vivante et où se retrouvent toutes les qualités géniales de l’auteur
du groupe de l’Opéra.

Nous ne nous arrêterons pas à quelques tableaux anciens, parmi
lesquels un portrait de femme, donné au Bronzino, un charmant
petit portrait d’homme à la gouache, attribué aventureusement à
Holbein, le portrait d’Ingres jeune attribué à David ou quelques
tableaux modernes, cadeaux offerts par des artistes contemporains à
leur ami Albert Goupil : ce ne sont pas là à proprement parler des
objets composant la collection; ils 11e peuvent, malgré la valeur très
réelle de plusieurs d’entre eux, nous donner une idée du goût per-
sonnel de leur possesseur. Arrivons tout de suite à la série des
dessins d’Ingres, en tête desquels il convient toutefois de placer un
tableau du même maitre, un portrait de jeune femme, vue en buste,
vêtue d’une robe décolletée et d'un châle rouge. Cetableau date évidem-
ment de la jeunesse d’Ingres et de son séjour à Rome ; la couleur en est
d’une fraîcheur toute particulière, l’exécution d’une grande fermeté.
La figure est plutôt laide que jolie, la bouche souriante laisse
apercevoir l’émail des dents ; le nez est petit et un peu écrasé, les
yeux sont noirs et vifs; les cheveux, à la mode du temps, sont
ramenés en boucles, sortes d’accroche-cœur collés à plat sur le front
et sur les tempes. Ce portrait, d’une conservation parfaite, peut à coup
sûr compter parmi les œuvres les plus intéressantes de la jeunesse
du maître.

Ingres, dont la carrière artistique fut une lutte continuelle, une
réaction contre le goût qu’il avait trouvé à la mode au commencement
de sa vie, fut par cela même un génie bien personnel; cependant 011
peut se demander si l’éducation qu’il reçut dès son tout jeune âge
n’influa pas beaucoup sur son caractère. Son père, simple professeur
de dessin à Montauban, ne jouit jamais que d’une célébrité provin-
ciale; partagé entre la musique et la peinture, astreint à un labeur
journalier pour élever sa famille, il 11e put jamais aimer l’art pour
lui-même et dut toujours le considérer comme un gagne-pain. Ce fut
cependant un artiste d’infiniment de talent. Un petit médaillon de la
collection Goupil, un portrait d’homme de profil, fini comme une
miniature, est un des spécimens — fort rares, croyons-nous—-deson
 
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