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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 5
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Michel, André: Le salon de 1885, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0414

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396

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

avec une bonne foi et une assurance égales? « En France, disait
Chamfort, il n’y a plus de public ni de nation, par la raison pue de
la charpie n’est pas du linge. » Quand on prête l’oreille aux théories
discordantes prêchées de tous côtés, qu’on veut seulement essayer de
s’entendre sur une définition de l’art, on en vient à se demander si
l’érudition et le dilettantisme n’ont pas à jamais tari la sève créatrice,
et si, du moins pour les arts plastiques, l’évolution n’est pas achevée.
Aussi voit-on certains esprits, et non parmi les moindres, frappés
surtout de l’inutilité de nos discussions et du désarroi où nous
piétinons bruyamment, se désintéresser peu à peu de la lutte moderne
où tous les combattants leur semblent des deux côtés également
médiocres. A ceux-là, les Musées suffisent ; ils y trouvent, de Giotto
à Vinci, à Michel-Ange et à Rembrandt, de quoi satisfaire à tous
leurs besoins profonds, à toutes leurs aspirations intimes, et si quelque
chose y manquait par hasard, ils le demanderaient plutôt à la musique
moderne...

Cependant, nous voyons chaque année lestoiles fraîchementpeintes
arriver au printemps aussi nombreuses que les feuilles vertes. Si
tant de gens prennent la parole, c’est qu’il doit y avoir quelque chose
à dire. Essayons de le chercher pendant que nous pouvons encore
nous promener dans l’avenue des Champs-Elysées et causer à loisir
en attendant l’ouverture des portes.

II.

Ce n’est pas en mettant le nez sur un tableau qu’on le voit bien ;
« la peinture sent mauvais », a dit Rembrandt. De même, ce n’est pas
en s’abandonnant au milieu d’une cohue agitée qu’on pourrait dire
dans quelle direction elle marche. Il faut se tenir en dehors, à portée
utile, mais un peu haut, pour prendre des points de repère et de
comparaison. Justement, nous avons pu récemment en relever deux
de la plus grande importance et d’une signification particulièrement
caractéristique : les expositions de Delacroix et de Bastien-Lepage
ont été, par leur coïncidence et leur juxtaposition, comme une double
préface au Salon de 1885.

Delacroix nous a montré comment nos pères s’étaient affranchis
d’un joug pesant et d’un dogme stérile. Bastien-Lepage nous indique
l’usage que l’école moderne, au moins dans sa partie jeune et vivante,
 
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