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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 5
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Magne, Lucien: Le vitrail, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0436

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418

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

fication dans l’art du vitrail. Les colorations neutres des étoffes sont
définitivement abandonnées et les personnages se détachent en vigueur
sur des fonds clairs. Le jaune, le vert et le violet foncé sont les tons
dominants des étoffes ; les harmonies du xne et du xm° siècle sont
inversées.

Les verrières de Troyes, si belles qu’elles soient, n’ont pas la
simplicité des œuvres primitives. Les tons foncés des draperies
forment à distance des taches de couleur qui nuisent à l’effet de
l’ensemble ; les attaches des médaillons sont d’une forme indécise.

Les décorations architecturales s’introduisaient aussi dans les
verrières, non plus interprétées comme au xme siècle, mais faites à
l’imitation des détails de la pierre. Les bas-côtés de la nef à la cathé-
drale de Troyes et les bas-côtés du chœur à la cathédrale de Beauvais
sont des exemples de ces décorations illogiques. A Troyes, l’archi-
tecture a une coloration jaune orangé d’un aspect désagréable.

La découverte du jaune d’argent favorisa encore le développement
excessif de l’architecture sur les vitraux. Le jaune était obtenu par
une application à la face extérieure du verre de sulfure ou de chlorure
d’argent, mélangé sans doute, comme aujourd’hui, avec un medium
tel que l’ocre ou l’oxyde rouge de fer. La coloration, qui se produit
au feu, est d’autant plus intense que le verre est plus dur.

Les touches jaunes pouvant être placées sans interposition de
plombs, la nécessité des assemblages ne pouvait plus modérer le goût
de l’artiste pour les contreforts, les pinacles, les arcatures et les
gables chargés de crochets. En même temps le trait s’amincit ; les
bordures s’amaigrissent ; la multiplicité des meneaux réduit tellement
l’espace à décorer qu’on peut à peine y trouver la place d’une figure.
Le trait de grisaille remplace parfois la mise en plomb aux dépens
de la solidité de l’œuvre et de la clarté du dessin.

On trouve encore quelques panneaux intéressants à la cathédrale
de Troyes, et notamment une sainte Vierge exécutée sur fond damassé
blanc dans le bas-côté sud. A l’église Saint-Gengoult de Toul, on
remarque de jolies grisailles, garnies de rinceaux et de figures
fantastiques, et quelques vitraux légendaires. Mais la décadence est
rapide et une transformation complète se prépare.

Jusque-là l’étude de la nature n’avait point modifié les procédés
mêmes d’exécution. Les ombres étaient toujours faites au moyen de
traits opaques, destinés à empêcher la décomposition des formes par
la lumière. Si l’étude du corps humain avait modifié le geste et
l’expression des figures, l’artiste n’avait point encore cherché dans
 
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