LE VITRAIL.
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Les verrières de la nef, à la cathédrale de Troyes, sont de beaux
exemples de cette disposition. Elles furent exécutées de 1498 à 1501
par des peintres verriers dont les noms sont conservés dans les
comptes de l’œuvre de l’égdise de Troyes K 11 y a lieu de citer parmi
les plus remarquables les verrières de l’Enfant prodigue et de l’Arbre
de Jessé au sud, les verrières de Saint Sébastien et de la Sainte Croix
au nord. Le vitrail de Jessé est l’œuvre de Lyévin Tarin ou Toirin.
Les donateurs « François de marisy et damoyselle guillemette
phelippe sa femme » sont représentés avec leurs armoiries au bas
de la verrière. Les figures s’enlèvent sur fond rouge. Le vitrail de
l’Enfant prodigue est dû à Pierre le Terrier. Telle fut la satisfaction
des proviseurs de l’œuvre que la femme de chaque peintre verrier
reçut « ung escu d’or pour un g chapperon ».
Les colorations redeviennent franches et brillantes et l’art
retrouve pour quelques années sa splendeur primitive. Les traditions
anciennes sont encore manifestes dans la mosaïque des tympans,
formée d’entrelacs de ton vert pâle et d’un semis de fleurettes jaunes
et blanches. Bien que la décoration soit l’expression d’idées nouvelles,
elle s’harmonise parfaitement avec les œuvres exécutées deux siècles
auparavant dans les fenêtres absidales. La surface translucide est
occupée tout entière par une ou plusieurs rangées de figures, disposées
sur des fonds unis ou damassés. Le caractère du dessin est changé;
mais les lois invariables de la décoration subsistent encore.
Les verrières de bas-côté dans les églises de Troyes ont toutes la
disposition des vitraux légendaires anciens. Les scènes sont encadrées
par des ornements qui forment avec les figures un ensemble décoratif
du plus brillant effet. Le modelé des figures est très simple : les
demi-teintes ne sont point multipliées et l’artiste évite la décompo-
sition de la surface en laissant les grandes ombres assez transparentes
pour ne jamais arrêter le passage de la lumière.
L’imitation de la nature, qui semble être désormais le but
principal de l’art, provoque les recherches des verriers sur les
colorations dont les nuances doivent varier à l’infini. Le procédé de
placage, réservé au verre rouge jusqu’à la fin du xive siècle, s’était
étendu successivement pendant le xve siècle à tous les verres colorés.
Le jaune lui-même était plaqué. Dans certains verres violets on
compte jusqu’à cinq ou six couches blanches, bleues et rouges
superposées. Il est aisé de comprendre que toutes les nuances pou-
i. Annales archéologiques, t. XVIII, p. 133 et suivantes.
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Les verrières de la nef, à la cathédrale de Troyes, sont de beaux
exemples de cette disposition. Elles furent exécutées de 1498 à 1501
par des peintres verriers dont les noms sont conservés dans les
comptes de l’œuvre de l’égdise de Troyes K 11 y a lieu de citer parmi
les plus remarquables les verrières de l’Enfant prodigue et de l’Arbre
de Jessé au sud, les verrières de Saint Sébastien et de la Sainte Croix
au nord. Le vitrail de Jessé est l’œuvre de Lyévin Tarin ou Toirin.
Les donateurs « François de marisy et damoyselle guillemette
phelippe sa femme » sont représentés avec leurs armoiries au bas
de la verrière. Les figures s’enlèvent sur fond rouge. Le vitrail de
l’Enfant prodigue est dû à Pierre le Terrier. Telle fut la satisfaction
des proviseurs de l’œuvre que la femme de chaque peintre verrier
reçut « ung escu d’or pour un g chapperon ».
Les colorations redeviennent franches et brillantes et l’art
retrouve pour quelques années sa splendeur primitive. Les traditions
anciennes sont encore manifestes dans la mosaïque des tympans,
formée d’entrelacs de ton vert pâle et d’un semis de fleurettes jaunes
et blanches. Bien que la décoration soit l’expression d’idées nouvelles,
elle s’harmonise parfaitement avec les œuvres exécutées deux siècles
auparavant dans les fenêtres absidales. La surface translucide est
occupée tout entière par une ou plusieurs rangées de figures, disposées
sur des fonds unis ou damassés. Le caractère du dessin est changé;
mais les lois invariables de la décoration subsistent encore.
Les verrières de bas-côté dans les églises de Troyes ont toutes la
disposition des vitraux légendaires anciens. Les scènes sont encadrées
par des ornements qui forment avec les figures un ensemble décoratif
du plus brillant effet. Le modelé des figures est très simple : les
demi-teintes ne sont point multipliées et l’artiste évite la décompo-
sition de la surface en laissant les grandes ombres assez transparentes
pour ne jamais arrêter le passage de la lumière.
L’imitation de la nature, qui semble être désormais le but
principal de l’art, provoque les recherches des verriers sur les
colorations dont les nuances doivent varier à l’infini. Le procédé de
placage, réservé au verre rouge jusqu’à la fin du xive siècle, s’était
étendu successivement pendant le xve siècle à tous les verres colorés.
Le jaune lui-même était plaqué. Dans certains verres violets on
compte jusqu’à cinq ou six couches blanches, bleues et rouges
superposées. Il est aisé de comprendre que toutes les nuances pou-
i. Annales archéologiques, t. XVIII, p. 133 et suivantes.