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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 5
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Lemonnier, Camille: Xavier Mellery: les artistes belges
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0445

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426

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

manié s’anime à la longue d’une électricité sourde ; l’usure d’un
meuble sous les frottements de la vie prend petit à petit des airs de
vieillesse pensive; et c’est encore faire le portrait de quelqu’un que
de peindre le monde dans lequel évolue sa personnalité physique
et morale.

Une large part du talent de Xavier Mellery réside dans l’appli-
cation de ce principe d’art. Il ne détache pas la créature vivante de
son atmosphère matérielle et avec une rare pénétration s’efforce, au
contraire, de marquer l’accord qui existe entre l’individu et le cadre.
Presque toujours le secret des habitudes familières se reconstitue
dans ses dessins et ses tableaux par l’extrême scrupule qu’il apporte
à établir les particularités du milieu. Il n’y a pas longtemps, une
petite toile se voyait chez lui : avec des tendresses caressantes, il y
avait représenté un coin de son atelier; les sièges, les potiches aux
murs et, sur un grand bahut, un buste de sa mère modelé par lui-même
y baignaient dans une clarté tranquille. Le peintre visiblement avait
exprimé là l’émotion d’un endroit plein de souvenirs ; les moindres
détails de l’ameublement y revêtaient une gravité sacrée de relique
et, bien qu’aucune figure ne se montrât, on n’avait pas de peine à
conjecturer la présence et la coutume d’un esprit honnête, réfléchi,
amoureux de l’ordre et de fa symétrie. Chaque objet y ressemblait à
une idée, et il ne manquait vraiment que les brusques mouvements
d’un homme de quarante ans environ, les yeux clairs et dardés, la
barbe longue, les pommettes saillantes dans un profil évidé de jeune
ascète, pour que le portrait de la maison se complétât par le portrait
de l’hôte.

Xavier Mellery commença par étudier à l’Académie de Bruxelles,
concourut pour le prix de Rome, fut proclamé lauréat. C’est, aux
détails près, l’institution qui fonctionne en France : le vainqueur
reçoit pendant quatre ans une pension de l’Etat, séjourne en Italie
et, la plupart du temps, rentre dépaysé chez lui. Quelquefois une
nature mieux trempée échappe à la démoralisation. Alors il reste
dans l’esprit la vision d’une civilisation d’art inégalée : le génie des
maîtres constamment approchés revêt d’une splendeur la pensée, et
par-dessus la méditation s’immobilise comme la sensation permanente
d’une apothéose spirituelle. Notre jeune artiste s’absorba surtout dans
la contemplation des précurseurs : il leur trouvait une grandeur
austère et quasi hiératique qui le touchait comme la majesté lente
d’une mélopée. Véronèse avec ses flambaisons de coloris et son idéal
de pompe aristocratique l’émouvait moins que Gentile Bellini, Masaccio
 
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