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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 5
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Portalis, Roger: Exposition des pastellistes français à la rue de Sèze
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0457

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438

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

poque de la Régence et du beau temps de Mmo de Pompadour, dont il
flattait les piquants minois et idéalisait la beauté, traité, d’ailleurs,
par des maîtres qui ne seront pas surpassés, le pastel était tombé
depuis dans un discrédit profond et semblait n’avoir trouvé de refuge
qu’au fond des pensionnats de jeunes filles. Toutefois, le dessin mêlé
de crayons de couleur ne fut jamais abandonné par les maîtres mo-
dernes. Decamps l’employait volontiers pour rehausser ses dessins ;
Delacroix appréciait aussi la fraîcheur et la rapidité de ce mode
d’information, notant au pastel, dans nombre de ses études, les tons
et les nuances, en les complétant souvent d’indications manuscrites.
Nos grands paysagistes, Théodore Rousseau, Diaz, Marilhat, Troyon,
ont aimé souvent à traduire leurs sensations le crayon de couleur à
la main. Mais c'est Millet, dans d’admirables pages, qui a tiré le
parti le plus heureux de ces notes tendres ou sévères, et cela avec
une simplicité de moyens qui n’enlève rien à l’impression profonde
qu’elles produisent.

L’exposition actuelle comprend deux parties distinctes : la partie
rétrospective, qui s’arrête àPrud’hon, et la partie moderne, qui com-
mence avec Millet, dont on nous montre un choix d’œuvres. On se
demande avec stupeur comment un artiste de cette valeur a pu un
moment être méconnu. Que cet homme voyait grand ! Quelle com-
préhension de la nature et quelle poésie !

Et cette poésie, le maître l’obtient et la communique avec les sujets
les plus terre à terre : le Semeur et son geste d’une simplicité
grandiose, s’enlevant sur le fond terne des labours et du ciel ; le
Coucher de soleil, la Cour de ferme, les Corbeaux, la Neige, et les
saisissants effets d’hiver sur les plaines de Beauce, enfin cet étonnant
Vigneron harassé, qui s’est assis un moment au soleil, et dont Bas-
tien-Lepage a dû s’inspirer, autant de chefs-d’œuvre qui laissent une
impression profonde et sont obtenus avec quelques pauvres coups de
crayon noir mélangé de traits de pastel. Mais est-ce bien le pastel,
dira-t-on, qu’emploie Millet? Eh! qu’importe le moyen devant la
grandeur du résultat ! D’ailleurs, nous laisserons à de plus habiles le
soin de dire où finit le dessin et où commence le pastel.

Celui-ci fleurit, en revanche, avec toute sa franchise et sa délica-
tesse dans les œuvres de J. de Nittis. L’art du pastel a fait une
grande perte le jour où l’artiste napolitain, devenu si français, a
disparu. C’est le virtuose du genre, et nul mieux que lui n’a su mettre
en œuvre toutes les ressources du procédé. D’une modernité raffinée,
il a rendu les mille détails de la parure féminine aux divers moments
 
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