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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 5
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Portalis, Roger: Exposition des pastellistes français à la rue de Sèze
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0460

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

s’est fait, en revanche, le peintre attitré des boulevards excentriques
et des faubourgs perdus. Son modèle de prédilection, c’est le prolé-
taire, au pastel comme à l’aquarelle et à l'huile ; seulement il ne le
consulte sans doute pas sur le choix du moyen qui, chez lui, est som-
maire et original; c’est le dernier cri de l’art moderne, et non des
moins perçants.

Parmi les paysagistes, distinguons surtout M. Duez, un des
meilleurs représentants de la jeune école, qui s’est fait une spécia-
lité d’un coin de Normandie dont il comprend et rend si délicatement
l'aspect changeant et mouvementé : le ton verdâtre de la mer hou-
leuse à l’embouchure de la Seine, les brumes du soir et les verts
coteaux normands. Pastels fins imprégnés de poésie.

Quelques autres artistes figurent encore à l’exposition, mais at-
tendons celle de l’an prochain pour avoir l’expression complète de ce
dont nos pastellistes sont capables et pouvoir les juger dans leur
ensemble, et voyons ce qu’ont produit leurs prédécesseurs. Un remar-
quable choix de leurs œuvres fait en ce moment la joie des yeux,
dans son éclat légèrement amorti.

Ce serait une erreur de croire que l’on doit à la Rosalba, nous ne
dirons pas l’introduction, mais la vulgarisation en France du portrait
au pastel. C’est bien elle, pourtant, par ses agréables ouvrages et sa
manière de le comprendre, qui l’a fait goûter de la société de la
Régence; mais depuis longtemps la France possédait des pastellistes
de premier mérite. Qu’étaient-ils donc, ces illustres dessinateurs du
xvi° siècle sinon des pastellistes? Daniel Dumonstier, le plus excel-
lent crayonneur de l’Europe, suivant l’expression d’un contemporain,
dans ses effigies d’un contour si pur, dans ses portraits si lumineux,
n’a-t-il pas fait œuvre de pastelliste en arrêtant les traits de toute la
noblesse du temps de Henri IV et de Louis XIII? Lagneau, dans ses
rudes mais vigoureux dessins aux modèles pris dans la petite bour-
geoisie, nous enseigne également l’art d’unir la pierre noire aux
crayons de couleur. Puis on arrive aux portraits que Robert Nan-
teuil exécutait ad vivum, avec une sûreté magistrale, pour les gra-
ver ensuite avec la fermeté et l’intensité de vie que l’on sait. Le
roi, Colbert, Mazarin, Lamoignon, toute la cour défilèrent devant
lui, et l’on peut voir au Louvre, dans le portrait de Turenne, un bon
spécimen de sa manière de comprendre le pastel.

Charles Lebrun ne dédaigna pas non plus de laisser un instant ses
grands travaux décoratifs ou ses portraits d’apparat pour crayonner
 
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