EXPOSITION DES PASTELLISTES FRANÇAIS.
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son père lui donnait dans son enfance la permission de peindre
au pastel et qu’il la laissait barbouiller toute la journée avec ses
crayons. Que de charmants ouvrages elle a faits depuis, soit à
l’huile, soit au pastel ! Le meilleur des portraits exposés est celui
de ce jeune homme à la physionomie intelligente qu’elle a peint à
regard perdu et dont l’éclat nacré rappelle la Rosalba.
Terminons, enfin, cette rapide et incomplète revue des pastel-
listes français par un mot pour Prud’hon, ce charmeur pour qui la
peinture au pastel semble avoir été inventée. Ses poétiques dessins à
deux tons noir et blanc, sur papier bleu, d’un modelé si personnel et
d’une expression si profonde, peuvent à bon droit revendiquer une
place parmi les pastels. D’ailleurs, il a fait de vrais portraits pas-
tellés, et la poétique étude de femme du Louvre, dans sa morbidesse,
semble détachée de quelque fresque du Corrège.
Notre jeune école de pastellistes, on le voit, ne manque pas
d’ancêtres de qui se réclamer. Qu'elle médite et comprenne les
œuvres brillantes ou solides qu’ils nous sont léguées. Elle ne manque
ni d’esprit, ni d’observation, ni d’audace. Qu’elle fouille l’âme de ses
modèles, comme le plus illustre d’entre eux; qu’elle ne craigne pas
d’écraser ses crayons en hachures, à la manière d’un Chardin, et
nous verrons refleurir les belles œuvres comme au temps des La Tour
et des Perronneau.
BARON ROGER PORTALIS.
XXXI.
2e PÉRIODE.
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son père lui donnait dans son enfance la permission de peindre
au pastel et qu’il la laissait barbouiller toute la journée avec ses
crayons. Que de charmants ouvrages elle a faits depuis, soit à
l’huile, soit au pastel ! Le meilleur des portraits exposés est celui
de ce jeune homme à la physionomie intelligente qu’elle a peint à
regard perdu et dont l’éclat nacré rappelle la Rosalba.
Terminons, enfin, cette rapide et incomplète revue des pastel-
listes français par un mot pour Prud’hon, ce charmeur pour qui la
peinture au pastel semble avoir été inventée. Ses poétiques dessins à
deux tons noir et blanc, sur papier bleu, d’un modelé si personnel et
d’une expression si profonde, peuvent à bon droit revendiquer une
place parmi les pastels. D’ailleurs, il a fait de vrais portraits pas-
tellés, et la poétique étude de femme du Louvre, dans sa morbidesse,
semble détachée de quelque fresque du Corrège.
Notre jeune école de pastellistes, on le voit, ne manque pas
d’ancêtres de qui se réclamer. Qu'elle médite et comprenne les
œuvres brillantes ou solides qu’ils nous sont léguées. Elle ne manque
ni d’esprit, ni d’observation, ni d’audace. Qu’elle fouille l’âme de ses
modèles, comme le plus illustre d’entre eux; qu’elle ne craigne pas
d’écraser ses crayons en hachures, à la manière d’un Chardin, et
nous verrons refleurir les belles œuvres comme au temps des La Tour
et des Perronneau.
BARON ROGER PORTALIS.
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2e PÉRIODE.
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