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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 5
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Peintures murales du Xe et du XIe siècle à l'ancienne Abbaye de Reichenau (île du lac de Constance)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0475

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PEINTURES MURALES D’OBERZELL.

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la même source sans l’épuiser, on se demande si, avec notre préjugé moderne de
prétendue originalité, c’est-à-dire de sujets de composition purement individuels,
personnels et sans cesse renouvelés, notre art arrivera à susciter des émotions
collectives profondes et durables, comme fit l'art de nos devanciers.

La décoration monumentale de l’église Saint-Georges comprend deux séries
indépendantes. À l’intérieur de la grande nef, une frise qui vient à peine d’être
dépouillée du badigeon qui la recouvrait et, sur un mur extérieur, une peinture
connue depuis longtemps : le Jugement dernier et la Crucifixion.

L’église Saint-Georges d’Oberzell appartenait à une célèbre abbaye de bénédictins
fondée au vin0 siècle dans l’ile de Reichenau, située sur cette partie du lac de
Constance nommée Untersee. A cette époque, les populations alemanes et souabes
qui occupaient ces régions étaient encore païennes et barbares. Elles eurent pour
premier apôtre Pirminius, le missionnaire fondateur du couvent de Reichenau.
Le couvent ne tarda pas à devenir un centre religieux considérable. Sa situation
insulaire lui procura une sécurité relative et, après avoir échappé à la destruction
totale pendant les invasions hongroises, il prospéra sous la protection des empereurs
de la maison de Saxe. Il eut une école renommée de moines artistes. Le célèbre
évangéliaire de Trêves a été enluminé vers 793 par deux moines de Reichenau et,
au commencement du xie siècle, c’est encore à des moines de Reichenau qu’avait
recours l’abbé de Saint-Gall pour orner de peintures son église.

Nous n’avons pas à nous occuper ici de l’ensemble des monuments élevés par
les bénédictins de Reichenau. Bornons-nous à l’église d’Oberzell où se voient nos
peintures. Cette église fut fondée en 888 par l’abbé Hatto III, nommé peu après
archevêque de Mayence. Quand le pape Formose eut fait don au nouveau sanctuaire
d’une relique de saint Georges, la « chapelle d’IIatto » prit le nom du saint et l’a
toujours gardé. L’abbé Wiligowo, de 985 à 997, déploya une extrême activité dans
les travaux d’architecture. Une partie de l’église Saint-Georges date sans doute de
ce temps. Elle a subi de fâcheux remaniements modernes; néanmoins la partie
orientale de la construction première d’Hatto III (fin du ixe siècle) subsiste; ce
sont : le chœur, la crypte, la croisée et les bras de la croix. Cette église n’avait
qu’une nef. La nef actuelle, triple et voûtée en plein cintre, fut construite un siècle
environ après l’autre. Divers détails d’architecture, et notamment des chapiteaux
de style byzantin, nous reportent, en effet, à la fin du xe siècle, ou au plus près au
commencement du xie. L’église se termine du côté de l’occident par une seconde
abside opposée à l’abside orientale, celle du chœur. Cette singularité, qui nous
paraît propre à l’Allemagne, s’observe dans plusieurs églises du moyen âge d’outre-
Rhin, et entre autres à Bamberg. A l’extérieur de l’abside occidentale, et en partie
masqué par un portail, se voit le tableau du Jugement dernier.

Les peintures intérieures de la nef centrale, dont nous allons donner une simple
et brève énumération, sont un peu antérieures au Jugement. Jusqu’à ce jour, il
n’existait pas d’autre reproduction de ces ouvrages qu’une esquisse coloriée par Adler
(Berlin, 1870); mais le gouvernement badois a fait entreprendre une grande publi-
cation maintenant achevée qui comprend des dessins de tous les tableaux d’Oberzell.

C’est au prêtre administrateur de Saint-Georges qu’appartient l’honneur d’avoir
rendu la frise peinte au monde de la science et de l’art. Le curé entrevit des
figures dans les parties où le badigeon était écaillé, et il s’appliqua lui-même, avec
autant de soin que de patience, à continuer de détacher l’enduit; il reconnut
 
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