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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 6
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Mantz, Paul: Les portraits du siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0518

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498

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’une femme du xvme siècle : rien ne lui dit son nom et le mystère
devient bientôt une si vive souffrance qu’il baptise son inconnue.
Si la belle a la mine éveillée et le sourire en fleur, il en fait une
comédienne ou une « demoiselle du monde ». Le nombre des
Gnimard et des Duthé qu’on rencontre dans les cabinets parisiens
est véritablement incalculable, et, comme on sait qu’elles ont changé
d’amoureux, on se persuade qu’elles ont su aussi changer de visage,
et en effet, elles sont toujours différentes les unes des autres. Quant
aux jeunes garçons dont le costume se rapproche de la période révolu-
tionnaire, ils reçoivent a priori un baptême collectif. Ce sont tous
des Louis X4UI et il ne manque pas de bonnes âmes qui les trouvent
ressemblants. Ces dénominations chimériques, il faut, quand on
organise une exposition d’anciennes peintures, les accepter les yeux
fermés et les consigner au catalogue. Dire à un amateur qu’il se
trompe sur le nom du personnage dont il possède l’effigie, ce serait
lui porter un coup mortel et, entre gens bien élevés, ces choses-là ne
se font pas.

Il est donc prudent de se munir d’un brin de scepticisme lorsqu’on
visite les galeries provisoires qu’on ouvre à la curiosité du passant,
bien moins pour l’instruire que pour augmenter les ressources d’une
œuvre de charité. Le pavillon couvre ici la marchandise; en présence
du but généreux qu’on se propose, les réserves de la critique ne
seraient pas de très bon goût. Il faut d*ailleurs les étudier avec soin,
ces expositions à base historique, parce qu’elles réunissent pour une
courte période des peintures empruntées à des cabinets dont la
porte n’est pas toujours ouverte. Si mélangées qu’elles soient, elles
peuvent nous mettre face à face avec l’inconnu, car s’imaginer que
nous savons l’histoire de l’art, c’est obéir aux présomptions les plus
folles : elles peuvent aussi nous permettre de retrouver des amis
oubliés ou perdus.

Et c’est précisément ce qui arrive pour la seconde exposition des
« portraits du siècle », prolongement naturel de la fête qui eut tant
de succès en 1883. Le programme est à peu près le même. Comme
jadis il s’agit de faire repasser sous nos yeux les cent dernières
années de notre histoire. C’est là un très beau cadre. En effet, le
caractère des physionomies, la qualité du sourire, l’idéal du peintre,
la grâce ou la maussaderie du costume, tout est là. Rien n’est plus
intéressant que ce colloque de trépassés causant avec les figures
vivantes. Il faudrait prendre en pitié ceux qui, ayant une aussi belle
occasion de s’instruire, négligeraient de la mettre à profit,
 
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