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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 6
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Gonse, Louis: Exposition d'Adolphe Menzel à Paris, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0537

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

11 y avait un intérêt de l’ordre le plus élevé à faire connaître à Paris
l’artiste le plus considérable d’outre-Rhin. C’est dans le libre échange
intellectuel qu’un peuple viril peut trouver des armes pour la lutte
internationale qui grandit chaque jour avec la concurrence ; ce n’est
pas en se cachant la tête derrière une pierre, comme l’autruche. On a,
du reste, fait remarquer que les Allemands eux-mêmes nous ont
donné l’exemple de la tolérance en exposant à Berlin, dans un bâtiment
municipal, une des scènes militaires de ce pauvre Neuville qui vient
de mourir.

N’insistons pas davantage, et entrons à l’exposition du pavillon
des Tuileries; elle mérite à tous égards un loyal et sérieux examen.
Aussi bien la Gazette manquerait à son devoir si elle passait sous
silence une manifestation de cette importance; elle 11e doit pas
oublier que, la première en France, elle a rendu hommage au talent
d’Adolphe Menzel h

La franchise m’oblige à reconnaître que l’aspect d’ensemble de
cette exposition n’est pas de nature à satisfaire un public habitué à
des exhibitions brillantes; le local, une simple baraque en planches,
est mal situé, triste, froid, la lumière grise et insuffisante, et, ce qui
est plus grave, le choix des œuvres 11’est pas au-dessus de tout reproche.
11 fallait faire des efforts pour y mettre plus de peintures et de plus
marquantes; le talent de Al. Alenzel ne nous apparaît que sous une ou
deux de ses faces. M. Dumas pourra répondre qu’il est facile de donner
des conseils et que d’autres à sa place eussent été aussi embarrassés
devant le refus du gouvernement prussien de laisser exposer aucune
toile ayant trait à l’histoire de l’Allemagne et surtout à l’histoire
contemporaine. Ce refus, dont l’intention courtoise était de ménager
nos susceptibilités nationales, nous a privés des œuvres que leur haute
portée philosophique, leur forme expressive et humoristique, —
comme la T cible ronde à Sans-Souci, et le Concert de flûte, — ou que leur
grandeur épique, — comme la Nuit de Hochkirch et le Couronnement à
Kœnigsberg, — rendaient plus propres à frapper les imaginations fran-
çaises. Les mêmes motifs ont empêché l’envoi de cette étonnante suite
de portraits et d’études à l’aquarelle pour le Couronnement que possède
le cabinet des Estampes de la Galerie nationale de Berlin. C’est dans
ces œuvres que le génie de Al. Alenzel a donné sa plus forte et sa plus
personnelle affirmation. Il faut regretter aussi l’absence de certains

1. Duranty, les Écoles étrangères à l’Exposition universelle de 1878 (Gazette des
beaux-arts, 2° période, t. XVIII, p. 59). 1
 
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