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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 6
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Nolhac, Pierre de: L' exposition du bois sculpté à Rome: correspondance d'Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0563

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CORRESPONDANCE D’ITALIE,

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semaines un Musée unique, composé de tous les objets de premier ordre dispersés
dans les collections romaines.

L’exposition n’est que la première d’une série où sera représentée chacune des
industries artistiques : on a commencé par le bois sculpté parce que nos collections
sont particulièrement riches en oeuvres de ce genre, et aussi en souvenir de
l’importance extrême de cet art dans l’histoire de l'Italie.

Il faut lire dans Vasari le début de la vie de Baccio d’Agnolo pour voir à quel
point la sculpture en bois et l’ornementation pure étaient estimées de son temps
et quels illustres artistes s’y sont appliqués. Les noms de Brunellesco, de Donatello,
des Majano, des San-Gallo, indiquent assez que les maîtres du bronze et du
marbre ne dédaignaient point cet art plus modeste. Le rôle du bois sculpté était
considérable en Italie dès la fin du moyen âge : le chœur de la cathédrale d’Orvieto
nous le prouve. Le groupe d’artistes siennois qui eurent l’honneur de ce beau
travail et qui, à leur retour dans leur pays, firent aussi le chœur de la cathédrale
de Sienne, donnèrent naissance à une école locale, la plus illustre des écoles
italiennes, et dont les traditions se sont continuées jusqu’à nos jours. Avec
Emmanuel de Sienne et son fils Parri, avec Riccio de Montepulciano, s’ouvre une
série d’artistes de grande valeur, dont les œuvres sont disséminées un peu partout,
et dont le plus illustre est Giovanni Barili, le meilleur tailleur de bois du
xvie siècle. Il est l’auteur des candélabres qu’on admire à la galerie des beaux-arts
de Sienne, de l’orgue du Dôme, des stalles de San-Quirico d’Orcia; on lui attribue
aussi le beau coffret de la ville de Sienne, que celle-ci a gracieusement envoyé à
l’exposition de Rome, et qui fut fait pour contenir, avec les clefs et les statuts de
la ville, les pièces des grands procès criminels; il est surmonté de la louve et des
jumeaux et sa richesse de forme et d’ornementation est telle qu’on y sent le point
précis de l’art après lequel il n’y a plus que décadence.

La marqueterie est un art fait de patience; il n’y a pas lieu de s’étonner que
les moines y aient excellé. Deux grandes écoles se sont développées, chez les
Olivétains et chez les Dominicains; les uns avec fra Sebastiano Schiavone de
Rovigno, fra Giovanni de Vérone, l’auteur des belles portes sculptés de Montoliveto-
Maggiore, fra Vincenzo delle Vacche et fra Raffaele de Brescia; les autres avec
fra Damiano de Bergame, qui l’emporta sur tous ses contemporains nel magistero
délia tarsia. M. Erculei, à qui j’emprunte ces renseignements sur les écoles
monastiques, rappelle qu’aux Dominicains appartient aussi fra Antonio de Viterbe,
à qui Eugène IV ordonna de sculpter pour la basilique vaticane les portes qui
furent détruites sous Paul III, et fra Antonio de Lunigiane, qui fit un chœur à
Lucques et la librairie du couvent de la Quercia près de Viterbe.

Le jour où les chanoines cessèrent de s’asseoir sur les sièges de pierre disposés
en demi-cercle dans l’abside des basiliques, comme on le voit encore à Saint-
Clément, et préférèrent des sièges plus commodes et mieux décorés, a été un
grand jour pour les arts du bois. Les stalles en sculpture ou marqueterie
apparurent dans toute l’Italie et devinrent l’ornement obligé des principales églises.
Qu’il suffise de rappeler, outre les chœurs d’Orvieto et de Sienne, ceux de San-Giorgio
et des Frari à Venise, de Santa-Maria-in-Organo à Vérone, de San-Pietro et de San-
Agostino à Pérouse, de San-Domenico à Bologne, des abbayes de Montoliveto
et de Montecassino, etc. On ne pouvait trouver à l’exposition romaine beaucoup
de spécimens d’œuvres de ce genre, les plus importantes du bois travaillé. Mais les
 
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