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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 31.1885

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Nr. 6
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Nolhac, Pierre de: L' exposition du bois sculpté à Rome: correspondance d'Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24592#0566

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544

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lecteurs de la Gazette jugeront eux-mêmes si les armures ne sont pas d’un caractère
un peu plus ancien. Cette importante pièce provient de la vallée d’Aoste et a fait
partie de la collection Gamba, de Turin. M. d’Épinay expose en face une délicieuse
tête de femme de la Renaissance française; au-dessous le propriétaire a inscrit le
nom de Jean Goujon et personne ne voudra y contredire.

Les coffres italiens forment une des parties les plus intéressantes de l’exposition.
C’est en Italie surtout que se développa l’usage d’enfermer le trousseau des jeunes
épouses dans un coffre richement décoré, qui comptait alors parmi les meubles les
plus précieux de la famille : un des plus jolis qui soient ici appartient à
M. Richards et porte encore l’inscription : qve nvpta ad carvm tvlit maritvm.
Dans la vie du sculpteur florentin Dello, Yasari a laissé un curieux passage sur
l’importance que ces casse ou cassoni avaient prise dans l’ameublement de la
Renaissance. 11 y en a ici de tous les styles et de toutes les époques. En dehors des
collections dont j’ai eu occasion de parler déjà, on en trouve de MM. Corvisieri,
Ojetti, Basetti. M. Saturnino Innocenti a un devant de ces coffres, de travail
vénitien, orné d’un bas-relief doré dont les figures en couleur représentent le
jugement de Salomon avec costumes du xve siècle. De chaque côté du sujet
principal sont les jeunes mariés; à droite, l’époux vêtu d’un manteau à manches
brodées, où se lit la devise con fede avec les lettres P. G. ; à gauche, l’épouse
portant une grande coiffure et un manteau à queue sur lequel est écrit inclita virtus.

M. Simonetti a exposé trois bahuts du xive siècle. L’un a sa date, et, une
signature française : 1333 gvillavme alovs. Les deux autres sont des plus curieux,
bien que d’un art assez grossier; ils viennent du royaume de Naples et, par une
coïncidence à laquelle il faut se garder d’attacher une importance excessive,
l’un d’eux porte les armes de Charles d’Anjou, le lion et les fleurs de lis, dispersés
dans l’ornementation; on peut même y reconnaître une couronne fleurdelisée;
l’autre bahut a également des lis.

Parmi les coffrets, outre celui de Barili dont j’ai parlé et un autre du même
style qui appartient à M. Capobianchi, je dois signaler celui de M. Richards : sur
le couvercle de cet élégant objet sont gravées les armes de France et de Savoie;
tout porte à croire qu’il a été fait pour l’aimable sœur de Henri II, Marguerite de
France, duchesse de Savoie. Je ne puis mentionner tous les meubles intéressants;
on doit pourtant un souvenir spécial au riche berceau doré de M. Simonetti, où
s’épanouit en liberté le baroque napolitain; aux cabinets italiens ou espagnols
exposés par MM. Palmaroli et Vannutelli et par le Musée artistique industriel1.

Une salle de l’exposition du bois sculpté a été réservée aux œuvres modernes;
il en est venu de Rome, Florence, Venise, etc.; les ateliers siennois particu-
lièrement ont montré qu’ils tiennent à conserver la tradition glorieuse de leur
cité. On a remarqué les animaux grandeur nature de M. Bernardo Gozzoli de
Rome, et surtout les fins ornements de plantes et d’oiseaux de M. le professeur
Frullini. Mais cette salle est d’un attrait fort médiocre à côté de l’exposition d’art
ancien, dont nous avons tenu à conserver le Souvenir.

PIERRE DE NO LH AC.

1. Expi’i.nerons-nous une critique générale? L’intérêt serait bien plus grand pour le visiteur si les
objets avaient été classés chronologiquement et s’il était facile d’embi'asser d’un coup d’œil les divers morceaux
do chaque époque. On a sacrifié au contraire le groupement historique au groupement pittoresque; il a
fallu aussi compter avec les amateurs, qui peuvent être assez généreux pour se dépouiller de leurs collections,
mais veulent du moins les éparpiller le moins possible et les présenter dans un ensemble qui leur fasse honneur.
 
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