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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 3
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Lafenestre, Georges: Ernest Hébert, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0197

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ERNEST HÉBERT

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parmi les plus fécondes et les plus actives de la renaissance roman-
tique. Lejeune homme, cultivé et mondain, bon musicien, enthou-
siaste pour toutes les formes de la pensée, avait pris part, comme
tous ses contemporains, aux luttes engagées, dans l’art et dans la
littérature, entre les tenants de l’ancienne et de la nouvelle école
et qui passionnaient même les plus indifférents. Les quatre Salons
qu’il avait pu étudier lui avaient été, tous les quatre, d’un enseigne-
ment à la fois inattendu et troublant. Au Salon de 1836, où le jury
de l’Académie avait été si dur pour quelques œuvres des novateurs
(on avait refusé YHamlet, de Delacroix, le Crépuscule de Marilhat,
plusieurs paysages de Paul Huet et de Théodore Rousseau, etc.),
on se montrait avec d’autant plus d'enthousiasme le Saint Sébastien
de Delacroix (aujourd’hui dans l’église de Nantua), Y Épisode de la
campagne de Russie par Charlet (Musée de Lyon), le Portrait de
Fourier par Gigoux (Musée du Luxembourg), le Départ de la Garde
nationale, par Léon Cogniet (Musée du Louvre) et une quantité
d’œuvres où les jeunes artistes s’efforçaient d’introduire, dans les
sujets historiques ou réels, plus de liberté, de naturel, de familia-
rité, de vie et de couleur. On s’arrêtait surtout avec mélancolie devant
la dernière toile de Léopold Robert, Les Pêcheurs de l1Adriatique,
devant laquelle, par désespoir d’amour ou désespoir d’artiste, le
peintre s’était tué, l’année précédente, dans son atelier de Venise.
En 1837, c’était encore Delacroix qui s’affirmait plus énergiquement
par la Bataille de Taillebourg, tandis que Paul Delaroche défen-
dait l’éclectisme par ses meilleures compositions, le Strafford et le
Charles Ier ; en 1838, Delacroix triomphait de nouveau avec sa Médée,
et, en 1839, avec YHamlet, enfin accueilli, tandis que Decamps,
dans une suite de onze tableaux, bibliques, orientaux, rustiques,
satiriques, s’amusait à déployer la variété de son observation, faisant
la conquête de tous les publics, grands et petits, par l’ingéniosité
prudente de son esprit et les agréables saveurs de son exécution
pittoresque. Il y avait de quoi échauffer et inquiéter l’âme des jeunes
artistes ! Pour ceux qui lisaient, l’angoisse devenait plus vive encore.
C’était par tous les poètes et par tous les romanciers que leur était
inoculée cette maladie des enfants du siècle dont Alfred de Musset
venait d’écrire la Confession, le goût des songeries romanesques et
l’enivrement du dilettantisme mélancolique : Chatterton, Jocelyn,
Les Nuits, Mauprat, La Comédie de la Mort, Ray Blas, La Chartreuse
de Parme, Colomba se succédaient à brève échéance pour enchanter
et troubler leur imagination. Parmi ses compagnons de victoire en
 
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