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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Fidière, Octave: Alexandre Roslin, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0064

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ALEXANDRE ROSLIN

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une œuvre décorative importante. Elle représente le roi, après sa
maladie et son retour de Metz, reçu à l’Hôtel de ville de Paris par
M. le gouverneur, M. le prévôt et MM. les échevins. Ce tableau qui,
jusqu’en 1871, décorait une des salles de l’Hôtel de ville, périt dans
l'incendie qui détruisit ce monument. Je n’en puis juger que par
une assez médiocre gravure de Malapeau ; il fut mal accueilli par les
critiques du temps, et semble mériter cette sévérité. Rosi in était avant
tout un peintre de portraits ; rien d étonnant à ce qu’il ait échoué
dans une aussi vaste entreprise.

Diderot, qui avait fort malmené notre peintre à propos de ce
tableau, n’avait guère été plus indulgent pour un portrait qu'il
venait de faire de M. de Marigny. Celui-ci est représenté dans un
fauteuil de damas vert, devant un bureau chargé de dessins et de
livres. Sur une table, à portée de sa main, sont le plan du Louvre
et quelques livres, dont l’un est le poème sur la peinture de Watelet,
l'un des familiers du directeur général. 11 porte un riche habit de
velours rouge, que traverse le ruban bleu du Saint-Esprit, et une
culotte de la même étoffe. L’attitude que le peintre a donnée à son
modèle est quelque peu apprêtée ; il a l’air rogue et suffisant, et
l’œuvre est exécutée avec une certaine sécheresse. Ce n’est cepen-
dant pas une mauvaise peinture et on peut la regarder avec plaisir,
même après le délicieux portrait que Tocqué a fait du même person-
nage. 11 est vrai que Tocqué a eu la partie plus belle que son con-
frère. Quand il eut à peindre le frère deMme de Pompadour, celui-ci
n’avait que vingt-huit ans, et sa beauté, d’une délicatesse toute
féminine, faisait dire justement à Mmc du Hausset « qu’il était aussi
beau que sa sœur était belle ». Lorsque Roslin, dix ans plus tard,
fit à son tour le portrait du marquis de Vandières, devenu le marquis
de Marigny, ce n’était plus le même homme : un embonpoint pré-
maturé avait alourdi son corps et vulgarisé ses traits ; en même
temps, une certaine susceptibilité, qui tenait peut-être à la douteuse
origine de sa fortune, avait rendu son humeur sombre et difficile 1.
Cet aspect un tant soit peu roide et gourmé, que lui a prêté Roslin,
n’est donc pas aussi déplacé que le prétendait Diderot ; il témoi-
gnerait au contraire, chez l’artiste, d’une acuité d’observation
psychologique trop rare chez les brillants, mais un peu superficiels
portraitistes de son temps.

Puisque nous sommes à Versailles, prolitons-en pour examiner

1. Voir, au sujet de Marigny, ce qu’a dit de lui, dans ses Mémoires, Marmontel,
qui fut quelque temps son secrétaire.
 
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