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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 1
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Fidière, Octave: Alexandre Roslin, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0070

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ALEXANDRE ROSLIN

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sa servante, en robe gorge de pigeon, lui présente des fleurs et des
panaches dont elle va orner sa coiffure. A droite, M. Martineau, en
habit et culotte bleus, gilet brodé, décoré delà croix de Saint-Louis,
lit un livre à couverture rouge. À gauche, un enfant en costume de
soie changeante, qui est, paraît-il, le fils du peintre Lagrenée. C'est
un charmant tableau de genre où l’artiste, par la minutie précieuse
de l’exécution, comme par l'éclat un peu dur du coloris, fait songer
à Boilly. Chez le même collectionneur, on peut voir un autre tableau
de Roslin, qui n’est pas sans analogie avec le précédent, et dont
nous donnons la reproduction L

Le portrait de Mme Martineau et de sa famille est de 1785, celui
qui représente la reine entourée de ses enfants, bien que non daté,
a dû être exécuté vers la même époque, alors que le chevalier Roslin,
à l'apogée de sa réputation, était un des peintres favoris de la cour.
Il nous faut donc, si nous voulons suivre méthodiquement les étapes
de cette heureuse carrière, revenir en arrière d’une quinzaine d'an-
nées et voir ce que Roslin eut à souffrir du rude assaut que venait de
lui livrer Diderot.

En somme, malgré les cuisantes épigrammes du critique, Ros-
lin n’avait pas à se plaindre. En 1769, il avait été signalé au roi de
Danemark, de passage à Paris, et celui-ci lui avait demandé trois
portraits de sa royale personne1 2; deux ans plus tard, le prince hé-
ritier de Suède visitait à son tour son atelier. Il en résulta plusieurs
portraits, dont le plus important, au point de vue des dimensions
tout au moins, fut exposé au Salon de 1771. Il représente le prince,
entouré de ses deux frères, les ducs de Sudermanie et d’Ostrogothie,
qui discutent un plan de campagne. Le futur roi est assis à gauche,
le prince Charles à droite, marquant d’un compas une carte que tient
le prince Frédéric, debout entre les deux frères3.

1. Ce tableau a figuré, il y a quelques années, à l'Exposition de Marie-Antoi-
nette, à la galerie Sedelmeyer, sous cette désignation : La Famille royale. Nous
ne croyons pas devoir accepter cette attribution de personnages, dont la ressem-
blance n’est pas suffisamment caractérisée; de plus, nous trouvons auprès du
couple royal trois enfants, dont deux fillettes; or, on sait que Marie-Antoinette
n’eut qu’une fille, Marie-Thérèse, depuis duchesse d’Angoulême.

2. De ces trois portraits, l’un en pied, de grandeur demi-nalure, était des-
tiné au marquis de Marigny; le second, de grandeur naturelle jusqu’aux genoux,
à M. le président Ogier, et le troisième à l’Académie française. Ils furent payés
à l’artiste, ensemble, 6.000 livres. (Archives de Danemark.)

3. V. Gazette des Beaux-Arts, 2e pér., t. X, p. 222 (Musée national de Stockholm,
par le comte Clément de Ris).
 
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