L’ANCIENNE ÉCOLE DE PEINTURE DE LA BOURGOGNE 139
En outre, les comptes mentionnent de nombreux paiements faits
à Broederlam pour ses gages ou à titre de gratification. En 1398, le
duc lui accorda soixante francs d'or, « en considération de ses bons
et agréables services et pour lui aider à supporter les frais et mis-
sions qu’il lui a naguère convenu faire et certaines réparations qu’il
a fait faire en une maison qu’il a audit lieu d’Ypres ».
L’œuvre la plus connue qui soit restée de Mclchior Broederlam,
et celle qui suffit à établir sa réfutation, est la peinture des volets
extérieurs d’un retable destiné à la Chartreuse de Dijon, dont la face
intérieure est due à Jacques de Baerze de Terremonde. Philippe de
Bourgogne avait commandé, en 1393, à son peintre, quatre volets
pour protéger deux retables monumentaux, occupés par des figures
de ronde bosse, qui, étant ouverts, représentaient, l’un : Y Adoration
des Mages, le Calvaire, Y Ensevelissement, et le second : la Décolla-
tion de saint Jectn-Bapiisle, des Scènes de martyre et la Tentation
de saint Antoine. Chacun des nombreux personnages de ces sujets
était doré et encadré d’ornements d’architecture ajourés. Ils ont été
recueillis par le Musée de Dijon et ont une hauteur de lm62 et une
largeur de 2m60 ou de 5m20 lorsqu’ils sont ouverts. Ces dimensions
sont identiques à celles des tableaux du Louvre et montrent que la
largeur des autels de la Chartreuse était uniformément la même. Un
seul des retables de Dijon a conservé ses volets peints par Broeder-
lam, qui représentent Y Annonciation, la Présentation au Temple, la
Visitation et la Fuite en Egypte. Les volets du second retable sont
aujourd’hui perdus. Broederlam avait passé marché, à Paris, pour ce
travail, le dernier jour de février 1392 ; mais les retables n’arrivèrent
qu’en août 1399 à Dijon, où ils furent examinés et acceptés par Amy
Arnault, Jossct de Hall, Claux Sluter, Jehan Malouel, Hcnncquin de
Haacht, orfèvre, et Guillaume, neveu de Jean de Bcaumcz, défunt.
En 1401, Broederlam touchait encore une somme de iic francs d’or
pour ces peintures; c’est la dernière mention do lui que contiennent
les volumes de comptes conservés aux archives de Dijon.
Les peintures du retable de Champmol rappellent le style de
Jean de Beaumez et de Malouel, avec plus d’élégance dans le des-
sin, plus de vérité dans la couleur et plus de science dans la
composition. Ce ne sont encore que des miniatures de manuscrits,
agrandies et évidemment inspirées par les œuvres de l’école ita-
lienne; mais, dans certains sujets, et notamment dans Y Annonciation,
l’Eternel est représenté en buste, au milieu d’archanges, envoyant
son souffle créateur sous la forme d’un jet que suit la colombe du
En outre, les comptes mentionnent de nombreux paiements faits
à Broederlam pour ses gages ou à titre de gratification. En 1398, le
duc lui accorda soixante francs d'or, « en considération de ses bons
et agréables services et pour lui aider à supporter les frais et mis-
sions qu’il lui a naguère convenu faire et certaines réparations qu’il
a fait faire en une maison qu’il a audit lieu d’Ypres ».
L’œuvre la plus connue qui soit restée de Mclchior Broederlam,
et celle qui suffit à établir sa réfutation, est la peinture des volets
extérieurs d’un retable destiné à la Chartreuse de Dijon, dont la face
intérieure est due à Jacques de Baerze de Terremonde. Philippe de
Bourgogne avait commandé, en 1393, à son peintre, quatre volets
pour protéger deux retables monumentaux, occupés par des figures
de ronde bosse, qui, étant ouverts, représentaient, l’un : Y Adoration
des Mages, le Calvaire, Y Ensevelissement, et le second : la Décolla-
tion de saint Jectn-Bapiisle, des Scènes de martyre et la Tentation
de saint Antoine. Chacun des nombreux personnages de ces sujets
était doré et encadré d’ornements d’architecture ajourés. Ils ont été
recueillis par le Musée de Dijon et ont une hauteur de lm62 et une
largeur de 2m60 ou de 5m20 lorsqu’ils sont ouverts. Ces dimensions
sont identiques à celles des tableaux du Louvre et montrent que la
largeur des autels de la Chartreuse était uniformément la même. Un
seul des retables de Dijon a conservé ses volets peints par Broeder-
lam, qui représentent Y Annonciation, la Présentation au Temple, la
Visitation et la Fuite en Egypte. Les volets du second retable sont
aujourd’hui perdus. Broederlam avait passé marché, à Paris, pour ce
travail, le dernier jour de février 1392 ; mais les retables n’arrivèrent
qu’en août 1399 à Dijon, où ils furent examinés et acceptés par Amy
Arnault, Jossct de Hall, Claux Sluter, Jehan Malouel, Hcnncquin de
Haacht, orfèvre, et Guillaume, neveu de Jean de Bcaumcz, défunt.
En 1401, Broederlam touchait encore une somme de iic francs d’or
pour ces peintures; c’est la dernière mention do lui que contiennent
les volumes de comptes conservés aux archives de Dijon.
Les peintures du retable de Champmol rappellent le style de
Jean de Beaumez et de Malouel, avec plus d’élégance dans le des-
sin, plus de vérité dans la couleur et plus de science dans la
composition. Ce ne sont encore que des miniatures de manuscrits,
agrandies et évidemment inspirées par les œuvres de l’école ita-
lienne; mais, dans certains sujets, et notamment dans Y Annonciation,
l’Eternel est représenté en buste, au milieu d’archanges, envoyant
son souffle créateur sous la forme d’un jet que suit la colombe du