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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les influences classiques et le renouvellement de l'art dans les Flandres au XVe siècle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0310

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

fleurs, qui n’admettait pas d’escamotage, qui n'entendait sacrifier
aucun détail. Plus tard seulement, lorsque la passion pour les raf-
finements du clair-obscur ou pour les hardis empâtements aura
triomphé, le rendu deviendra de l’à-peu-près. Jusque-là, vous pourrez
examiner, presque palper les moindres accessoires : ils ont leur
relief et leur réalité même en dehors de l’ensemble du tableau.

Enfin, si nous considérons l’action exercée au dehors par les
deux écoles, la Flandre s’enorgueillit d’une clientèle pour le moins
égale à celle de l’Italie. La France, l’Allemagne, l’Espagne, sont ses
tributaires ; elle pousse même les incursions jusqu’en plein territoire
ennemi : que de fois les Vénitiens n’ont-ils pas passé sous son joug!

III

Si nous essayons de découvrir d’où est parti le signal de la révo-
lution qui a transformé l'art des deux pays, nous découvrons une loi
capitale : en Italie, la grande initiatrice du xve siècle a été l’architec-
ture; sous l’impulsion de Brunellesco, elle a discipliné et comme em-
brigadé toutes les autres branches, imprimant à l’ensemble de leurs
productions un caractère rare d’unité et de logique. Dans les Flandres,
au contraire, les sculpteurs ont inauguré les premiers le principe
nouveau : l’imitation de la nature: Il en est résulté, par une consé-
quence fatale, que les Italiens, partis de l’art qui a pour mission
d’encadrer les autres, sont devenus essentiellement encyclopédistes,
tandis que les Flamands sont restés essentiellement spécialistes.

Tout a été dit, depuis le marquis de Laborde jusqu’à Louis
Courajod, sur l’expansion de la sculpture flamande au xive siècle.

Les vaillants ymagiers de Tournai et de Dijon ont eu sur leurs
émules italiens l’avantage de s’affranchir sans consulter les modèles
classiques. Ces représentants par excellence de l’art septentrional ont
atteint au même but, grâce à je ne sais quelles audaces géniales. Si
l’antiquité avait inspiré, au xm° et même au xive siècle, un certain
nombre de sculpteurs français ou allemands (statues des cathé-
drales de Reims, de Chartres, de Bamberg) ; si, en Italie, ces mêmes
influences avaient déterminé plus ou moins directement l’essor de
Nicolas de Pise,de Jean de Pise, peut-être même de Giotto, les sculp-
teurs flamands qui prirent, au xive siècle, la tête du mouvement, ne
volèrent, eux, que de leurs propres ailes. Ces sculpteurs, ne l’ou-
blions pas, précédèrent leurs confrères les peintres. D’humbles tail-
leurs de pierres gothiques réussirent à infuser un sang chaud dans
les veines de leurs saints, à leur donner le mouvement, avant que
 
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