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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les influences classiques et le renouvellement de l'art dans les Flandres au XVe siècle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0314

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LES INFLUENCES CLASSIQUES DANS LES FLANDRES 297

Circoncision. Quant au paysage, composé de rochers dénudés, c’est
l’enfance de l’art.

Dans cette tentative pour découvrir des devanciers aux deux
immortels fondateurs de l’école flamande, la critique contemporaine
n’a eu garde d’omettre les miniaturistes.

Elle a été presque unanime à mettre en avant le brave André
Beauneveu de Valenciennes, sculpteur et peintre attitré des rois
de France. Que de bruit autour de son nom, jusqu’au jour où
M. de Lasteyrie a montré1 que les deux miniatures principales du
missel de la Bibliothèque de Bruxelles, enluminé pour le duc de
Berry, sont l’œuvre de Jacquemart de Idesdin et non de Beauneveu !
Nulle analogie d’ailleurs entre ces miniatures et les tableaux des
van Eyck.

Nous possédons cependant une œuvre authentique de Beauneveu.
Je veux parler des miniatures du psautier de la Bibliothèque Natio-
nale (fonds français, n° 13091). Mais les Prophètes et les Apôtres que
ce maître a placés au début du volume appartiennent à un tout
autre art que celui des van Eyck : ils sont agités, tourmentés, et
résument en eux toutes les conventions, toutes les excentricités du
style gothique expirant. Pour un artiste ne possédant pas l’ensemble
de la machine humaine, rien n’était plus facile que de prêter à ses
créations les apparences de la vie et du mouvement; il n’avait qu’à
mettre en évidence hune ou l'autre partie au détriment du tout. Rien,
au contraire, de plus pondéré, rien de plus calme, que les figures
des van Eyck : ils se soucient, en premier lieu, de donner à leurs
création la vraisemblance ; que dis-je? la vie; après seulement, ils
songeront à l’expression. Au fond, à peine si ce côté — essentielle-
ment littéraire — de leur art les intéresse : ils estiment que qui peut

i. Mélanges Piot, t. III, p. 85 et suiv. Le mémoire cle M. de Lasteyrie n'apporte
pas seulement les résultats les plus considérables, c’est aussi un modèle de cri-
tique véritablement scientifique. L’éminent professeur de l’Ecole des Chartes a
montré comme il faut se défier des rapprochements dont abuse certaine école
moderne : il ne suffit pas que deux boucles de cheveux, deux plis de draperies,
deux gestes, se ressemblent, pour qu’il soit permis d’inscrire sur les deux ouvrages
le nom du même artiste et de prodiguer ces attributions, ces baptêmes, don
l’école en question est si prodigue. La paternité artistique s’affirme par bien
d’autres traits encore, moins excentriques, tenant davantage à l’esprit et au carac-
tère de l’auteur. Ainsi qu’il arrive en des époques troublées, telles que la nôtre,
l’accessoire a fait perdre de vue le principal. Nous devons à l’obligeance de M. Le-
roux, éditeur, de pouvoir placer sous les yeux de nos lecteurs des gravures qu
accompagnent le travail de M. de Lasteyrie.

xix. — 3“ PÉRIODE
 
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