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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 6
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Müntz, Eugène: Les influences classiques et le renouvellement de l'art dans les Flandres au XVe siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0503

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LES INFLUENCES CLASSIQUES DANS LES FLANDRES 477

Aussi l’importance historique de Rogier (en qui je me plais.,
d’ailleurs^ à reconnaître un coloriste de tout premier ordre), consiste-
t-elle essentiellement, comme l’a fort bien dit Fromentin1, « à avoir
tenté à Bruxelles ce qui s’accomplissait merveilleusement à Gand et
à Bruges; à avoir passé plus tard en Italie, à y avoir popularisé les
procédés et l’esprit flamands, et surlout à avoir laissé un chef-d'œuvre
unique, c’est-à-dire un élève qui s’appelait Memling ». Ce qui prouve
clairement que nous n'avons pas affaire à un génie de la taille des
van Eyck, c’est qu’aucun de ses tableaux n’a pour lui une possession
d’état absolument incontestée. Chez les van Eycly, au contraire, on
sent partout la griffe du lion. Nulle trace, chez ce champion du
réalisme, de réminiscence classique : il a traversé l'Italie, en 1449-
1450, sans daigner faire un emprunt aux chefs-d’œuvre de l’anti-
quité ou aux chefs-d’œuvre de la Renaissance. Tout au plus a-t-il
donné un bon point à Gentile da FabrianO; pour ses fresques de la
basilique du Latran.

Plus encore que Rogier, le farouche Thierry Bouts, le chef de
l’école de Louvain, s’est plu à accuser le caractère, pour ne pas dire
la laideur. Mais, dans l’intervalle, les temps avaient marché. Cet
ennemi né., ce contempteur juré de tout ce qui s’appelle beauté, a été
sollicité par les modèles d’un art nouveau que le commerce répandait
dans les Flandres. Dans sa Sainte Cène du musée de Bruxelles,
tableau noirâtre, d’une qualité inférieure, il s’est ingénié, de propos
délibéré, à imiter la Renaissance : aux rinceaux à moitié gothiques
de la cheminée, qui occupe le fond de la composition, font pendants
deux cariatides^ des figures d’hommes nus; puis deux anges, égale-
ment nus, debout au-dessus de la cheminée. Voilà une imitation
palpable, flagrante, comme l’on en jugera par notre gravure.

L’auteur d’une Résurrection du Christ, conservée au Louvre
(n° 699); nous offre, de son côté; un édifice à la tournure classique;
rappelant l’église romaine de Saint-Etienne-le-Rond. Ici encore on
découvre des putti nus tenant des festons.

Les sujets antiques, à leur tour, tentèrent quelques pinceaux :
Gérard van der Meire, admis à la gildc des peintres gantois en
1452, peignait une Lucrèce, peut-être identique à celle qui se trouve
au musée de Pesth, sous le nom de Jacob Cornelis2.

1. Les Maîtres d'autrefois, p. 424.

2. Van Mander, Le Livre des Peintres, éd. Ilymans, t. I, p. 62.
 
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