18
La Chine
Illustrée
unes jusques au bout,comme les autres,
ne peut pas embrouiller les esprits des
curieux, ainsi nous.avons creu que le
Le&eur soroit plus en estat de trouver
luy mesme les cara&eres qu'il desire de
trouver. Par exemple, si quelqu'un pa£
sione d apprendre comment il faut pro-
noncer cette lettre Ju qui est sans
nombre dans la 18. colomne, il
commencera au haut de la mesme co
lomnequiestla 18, & suivra toutes les
chifres qui y sont, jusques à ce qu'il soit
arrivé au caractère qu'il cherche, qu'il
trouvera estre le 9. en rang. Pourlors il
ira chercher le 19 nombre de la Table
18 qui suit, & il verra que la prononcia-
tion de ce qu'il desire est (Ta) & que la
signification ou qui est dans la 1 inter-
prétation, & ' dans la colomne 18 au
nombre 9. ed(mflituit.) Que s'il se ren-
contre que deux cara&heres soient mar-
qués par le mesme nombre dans la mes-
me table, le Lecteur sera adverti que ce
sont deux termes sinonimes, & dont
la signification est la mesme, & sora per-
siiadé qu'on ne se sort de ces deux mots,
que pour donner plus d'amphaseau di-
scours, &plus d'emplification & d'ex-
presïïon au siijet.
Il reste maintenant à manifester & à
déclarer, ou pour mieux dire à donner
une vray e explication de tous les accents
& des voyelles qu'on met sur les parol-
les Chinoisos. Vous sçaurés donc que
le langage de cette Nation est fort limi-
té. Et qu'il est vray de dire qu'il n'y a
point de Peuple au Monde, qui aye tant
de lettres que celuy-cy, & qui aye si peu
de mots pour s'énoncer qu'il en a ; Car
pour en venir à la supputation, & à la
preuve je dis qu'ils n'ont pas plus de
1600 mots enusage, lesquels so termi-
nent tous par des voyelles, excepté quel-
ques uns qui finisient par m. & par «.
En quoy leur langue est très difficille:
parcequ'elle est toute pleine d'équivo-
ques ; de telle façon que bien souvent,
l'on prent ïe nom pour le verbe, & le
verbe pour le nom. Ce ne sora donc plus
sans sujet que l'on s'estonnera de voir
qu'un idiome somblable à celuy-cy, qui
asoixante mille caractères (sélon qu'on
le voit dans leur Haipien, qui est leur 0*
nomaftique j ou grande mer des mots) n'a
que si peu de parolles pour son usage,
lesquelles (comme je vous ay désia dit)
sont au nombre de 1600 seulement &
dont en voy-cy quelques unes. Ca, eau,
can. Ce,cbe,cbi)Cbim. Ci,co, chu, Fe^sôjfî,
&c. Comme je les ay trouvées dans leur
di&ionaire. Il reste maintenant à dire,
que comme chasque mot de cette lan-
gue a plusieurs significations,on ne sçau-
roit les comprendre, qu'à la faveur des
accens divers qu'on leur donne ; & qu'a-
insi l'intelligence de ces mesînes accens
sont absol ument necessaires à ceux qui
prétendent eserire, qui veulent parler,
ou qui aspirent à entendre ce que l'on
dit. Nos Pères ayant reconnu que pour
pouvoir parvenir à la connoisiance de
ce langage,il falloit de necessîté, sçavoir
parfaitement les accens, ont trouvé
cette invention pour en facilliter l'usà-
ge, que de raporter les afcendens & les
deseendens des accens Chinois aux cinq
Tons de la Musique ut, re, mi, fa^ sol, la ;
En voy-cy un exemple. Comme ce
mot Ta , eserit en lettres latines, &di-
stingué par les cinq notes & les cinq
tons que nous venons de dire , donnent
des diversos lignisications à ce mot : auP
si le peut on prononcer en diversos fa-
çons , & luy donner plusieurs lignifi-
cations en Chinois, si on luy donne
des accens & des tons de voix differens
& distints, comme ils ont accoustume.
Les voyelles dont ils se servent sont les
mesmes que celles qui suivent.
A — U \ / O.
La première note a respond à l'ut de
la Musique. Et la prononciation Chi-
noise& l'accent de voix, avec lequel ils
prononcent cette voyelle (qu'ils appel-
ant Qho sini) marque la mesme choso
que
La Chine
Illustrée
unes jusques au bout,comme les autres,
ne peut pas embrouiller les esprits des
curieux, ainsi nous.avons creu que le
Le&eur soroit plus en estat de trouver
luy mesme les cara&eres qu'il desire de
trouver. Par exemple, si quelqu'un pa£
sione d apprendre comment il faut pro-
noncer cette lettre Ju qui est sans
nombre dans la 18. colomne, il
commencera au haut de la mesme co
lomnequiestla 18, & suivra toutes les
chifres qui y sont, jusques à ce qu'il soit
arrivé au caractère qu'il cherche, qu'il
trouvera estre le 9. en rang. Pourlors il
ira chercher le 19 nombre de la Table
18 qui suit, & il verra que la prononcia-
tion de ce qu'il desire est (Ta) & que la
signification ou qui est dans la 1 inter-
prétation, & ' dans la colomne 18 au
nombre 9. ed(mflituit.) Que s'il se ren-
contre que deux cara&heres soient mar-
qués par le mesme nombre dans la mes-
me table, le Lecteur sera adverti que ce
sont deux termes sinonimes, & dont
la signification est la mesme, & sora per-
siiadé qu'on ne se sort de ces deux mots,
que pour donner plus d'amphaseau di-
scours, &plus d'emplification & d'ex-
presïïon au siijet.
Il reste maintenant à manifester & à
déclarer, ou pour mieux dire à donner
une vray e explication de tous les accents
& des voyelles qu'on met sur les parol-
les Chinoisos. Vous sçaurés donc que
le langage de cette Nation est fort limi-
té. Et qu'il est vray de dire qu'il n'y a
point de Peuple au Monde, qui aye tant
de lettres que celuy-cy, & qui aye si peu
de mots pour s'énoncer qu'il en a ; Car
pour en venir à la supputation, & à la
preuve je dis qu'ils n'ont pas plus de
1600 mots enusage, lesquels so termi-
nent tous par des voyelles, excepté quel-
ques uns qui finisient par m. & par «.
En quoy leur langue est très difficille:
parcequ'elle est toute pleine d'équivo-
ques ; de telle façon que bien souvent,
l'on prent ïe nom pour le verbe, & le
verbe pour le nom. Ce ne sora donc plus
sans sujet que l'on s'estonnera de voir
qu'un idiome somblable à celuy-cy, qui
asoixante mille caractères (sélon qu'on
le voit dans leur Haipien, qui est leur 0*
nomaftique j ou grande mer des mots) n'a
que si peu de parolles pour son usage,
lesquelles (comme je vous ay désia dit)
sont au nombre de 1600 seulement &
dont en voy-cy quelques unes. Ca, eau,
can. Ce,cbe,cbi)Cbim. Ci,co, chu, Fe^sôjfî,
&c. Comme je les ay trouvées dans leur
di&ionaire. Il reste maintenant à dire,
que comme chasque mot de cette lan-
gue a plusieurs significations,on ne sçau-
roit les comprendre, qu'à la faveur des
accens divers qu'on leur donne ; & qu'a-
insi l'intelligence de ces mesînes accens
sont absol ument necessaires à ceux qui
prétendent eserire, qui veulent parler,
ou qui aspirent à entendre ce que l'on
dit. Nos Pères ayant reconnu que pour
pouvoir parvenir à la connoisiance de
ce langage,il falloit de necessîté, sçavoir
parfaitement les accens, ont trouvé
cette invention pour en facilliter l'usà-
ge, que de raporter les afcendens & les
deseendens des accens Chinois aux cinq
Tons de la Musique ut, re, mi, fa^ sol, la ;
En voy-cy un exemple. Comme ce
mot Ta , eserit en lettres latines, &di-
stingué par les cinq notes & les cinq
tons que nous venons de dire , donnent
des diversos lignisications à ce mot : auP
si le peut on prononcer en diversos fa-
çons , & luy donner plusieurs lignifi-
cations en Chinois, si on luy donne
des accens & des tons de voix differens
& distints, comme ils ont accoustume.
Les voyelles dont ils se servent sont les
mesmes que celles qui suivent.
A — U \ / O.
La première note a respond à l'ut de
la Musique. Et la prononciation Chi-
noise& l'accent de voix, avec lequel ils
prononcent cette voyelle (qu'ils appel-
ant Qho sini) marque la mesme choso
que